Absence de transparence et informations contradictoires
On ne peut se départir de l'impression que les leçons de la
catastrophe de Tchernobyl n'ont pas été entièrement intégrées par
les opérateurs des centrales nucléaires et les autorités en matière
de communication. Jour après jour, des informations très
partielles, souvent contradictoires et qui généralement minimisent
l'état des réacteurs, les impacts de l'accident nucléaire et la
nature et les quantités d'éléments radioactifs qui ont été rejetés
dans l'environnement, sont diffusées par tous les canaux
d'information.
«Pour fournir une information indépendante et obtenir un état
des lieux objectif, nous sommes obligés de recoupés de nombreuses
informations parcellaires, contradictoires et nous devons
malheureusement reconnaître que les autorités japonaises et Tepco,
l'opérateur de la centrale, ne disent pas toute la vérité sur
l'état de la centrale et sur la dangerosité des émanations
radioactives» expose Paul Delaunois directeur de Greenpeace
Luxembourg.
Bien que les différentes autorités nationales de sûreté
nucléaire sont tenues, depuis la catastrophe de Tchernobyl, de
mettre à disposition de leurs homologues et de l'AIEA, toutes les
informations qu'elles disposent en cas d'incident ou d'accident
nucléaire, Greenpeace constate que ce système ne fonctionne pas et
demande la création d'un système d'information complet, objectif et
suffisamment pédagogique, accessible au public.
Gravité de l'accident de Fukushima: Greenpeace réclame le niveau
7
Les autorités japonaises, après avoir classé les accidents de
la centrale de Fukushima Daiichi au niveau 4, ont été contraintes
de relever cette classification au niveau 5, alors que de
nombreuses agences l'ont d'ores et déjà classé au niveau 6 depuis
le 15 mars dernier. Le service communication de l'agence de sureté
nucléaire nipponne se refuse à tout commentaire et précise que le
diagnostic sera établi une fois l'accident terminé, la situation
restant évolutive.
Dans son rapport rédigé pour le bureau allemand de Greenpeace,
le professeur Helmut Hirsch a classé, le lundi 28 mars l'accident
nucléaire de Fukushima au niveau 7 de l'échelle INES (International
nuclear event scale), soit, au même niveau que celui de la centrale
de Tchernobyl. S'appuyant sur les données de l'IRSN (France) et de
l'institut de météorologie et de géodynamique autrichien (ZAMG),
Helmut Hirsch estime que les quantités d'iode et de césium qui se
sont échappées de la centrale depuis le 11 mars, place la
catastrophe au niveau le plus élevé, le désignant comme un
"accident majeur".
«Il faut bien se rendre compte que nous avons affaire ici à 4
réacteurs endommagés qui présentent des problèmes très sérieux. Au
moins deux d'entre eux ont partiellement fondus, de plus, la
catastrophe dure maintenant depuis plus de 3 semaines, soit le
double de la durée de celle Tchernobyl et nous sommes toujours loin
d'envisager une solution dans les prochains jours» explique Roger
Spautz.
Protection des populations: Il faut élargir la zone
d'évacuation
Une équipe de Greenpeace, présente sur place au Japon, a mesuré
une radioactivité élevée à l'extérieur de la zone évacuée autour de
la centrale nucléaire de Fukushima. Dans le village d'Iitate, à
20km hors de la zone évacuée, la radioactivité atteint 100
microsieverts/heure, alors que la dose maximale tolérée pour la
population est de 1'000 microsieverts/an!
"Nos mesures correspondent à celles effectuées par le
gouvernement japonais", a déclaré Jan van de Putte, spécialiste en
radioprotection chez Greenpeace et responsable de l'équipe dépêchée
sur place. "Mais le gouvernement japonais néglige la protection et
l'évacuation de la population, et même son information. Le
gouvernement doit agir immédiatement et évacuer sans attendre au
minimum les enfants et les femmes enceintes du village d'Iitate", a
ajouté Jan van de Putte.
L'équipe de Greenpeace mesure la radioactivité à différents
endroits au nord-ouest de Fukushima Daiichi depuis le 26 mars. A
Tsushima, a environ 35km de la centrale nucléaire, elle a aussi
mesuré jusqu'à 100 microsieverts/heure; dans cette localité, la
valeur maximale annuelle est donc atteinte en dix heures. A cela
s'ajoutent d'autres risques comme la contamination par inhalation
de particules radioactives ou par ingestion d'aliments
contaminés.
«Voici deux semaines que nous réclamons un élargissement de la
zone d'évacuation à au moins 30 km. Bien sûr, nous sommes
conscients que l'évacuation de 136'000 personnes dans les
circonstances post tremblement de terre et tsunami n'ira pas sans
poser problème aujourd'hui, mais laisser des populations dans une
zone irradiée posera bien plus de problèmes demain. Le gouvernement
japonais doit impérativement prendre ses responsabilités» précise
Paul Delaunois.
Luxembourg: unanimité contre le nucléaire
L'ensemble des partis politiques et des syndicats ont rejoint
courant de la semaine dernière le comité anti-nucléaire. «Devant
une telle unanimité, nous espérons une remise en question la
politique énergétique menée par le Ministre de l'Economie. Car, il
ne s'agira pas de surfer uniquement sur les émotions liées au drame
de Fukushima. Le Luxembourg doit relever un défi de taille. Il faut
d'urgence une politique qui tourne bien sûr le dos au nucléaire,
mais aussi une vraie révolution énergétique tant au niveau
national, qu'au niveau communal» plaide Paul Delaunois. «La
mobilisation lors de la manifestation du 26 avril en sera le
premier test.»
Other contacts:
Roger Spautz; tel: 54625227 ou 621233361
Paul Delaunois; tel: 54625222 ou 621493014