Nouvelle journée, nouveau scandale. Voilà qu’un abattoir doit fermer ses portes en raison d’un manque d’hygiène, cette fois à Heist-op-den-Berg. La semaine dernière, des images de cochons maltraités pour fabriquer du jambon de parme faisaient la une. Ce n’est pas tout : un ex directeur de l’AFSCA donne aujourd’hui des conseils aux abattoirs. Et bien sûr, n’oublions pas le scandale Veviba, il y a un petit mois.

Réflexion à propos de la viande

Au-delà de tous ces scandales, on peut se demander si les gens mangeront encore de la viande à l’avenir. La question se fait pressante depuis un certain temps déjà, car les conséquences négatives de notre production industrielle de viande pour le climat, les forêts, l’eau et le bien-être animal sont bien connues. Cependant, un bon scandale entraîne toujours une phase de réflexion, même chez les vrais amateurs de viande, comme Wim Ballieu, fils de boucher et fondateur de la chaîne de boulettes farcies Balls & Glory, qui a récemment déclaré : « J’ai toujours défendu la culture de la viande, mais je ne pense pas que nous en mangerons encore dans 20 ans ».

Impossible Burger

Il n’est pas le seul à être de cet avis. Aujourd’hui, plusieurs acteurs tentent de perturber le marché de la viande de différentes manières. Exemple bien connu, l’Impossible Burger sort d’un laboratoire de la Silicon Valley. Ce burger entièrement végétal ressemble en tous points à un hamburger de bœuf : son odeur, son goût et sa texture sont exactement semblables. Ce produit a été clairement conçu pour les gens qui aiment le goût de la viande, mais pas le sentiment de culpabilité qui l’accompagne.

Bill Gates, philanthrope et fondateur de Microsoft, est l’une de ces personnes. Il a investi une partie de sa fortune dans Impossible Foods, l’entreprise qui se trouve derrière ce burger végétarien révolutionnaire. Parallèlement, Bill Gates injecte des millions de dollars dans Memphis Meat, une autre startup américaine qui se consacre à la viande de culture. La technique de multiplication des cellules musculaires dans une boîte de Pétri n’est pas encore disponible sur le marché (bien que l’entreprise Just affirme pouvoir fournir un produit abordable cette année). Plus encore que l’Impossible Burger, cette viande dite propre semble avoir pour but d’apaiser la conscience plutôt que de réduire la consommation de viande.

Une autre célébrité investit aussi volontiers dans la « viande propre » de Memphis Meat : Richard Branson, le grand patron de Virgin. Son explication nous semble familière : « Je crois que d’ici 30 ans, nous n’aurons plus à tuer d’animaux et que toute la viande sera “propre” ou végétale. Ces substituts auront le même goût et seront beaucoup plus sains pour tout le monde ». Soyons réalistes : outre leur idéalisme, Bill Gates et Richard Branson veulent aussi gagner de l’argent. Ils ont le nez pour les affaires et estiment que notre société est à l’aube d’un changement important. Cependant, leur solution, qui est une sorte d’industrie des protéines, soulève encore de nombreuses questions.

Et chez nous ?

Chez nous aussi, un PDG prédit la fin de la production industrielle de viande. Il y a quelques mois, sur Radio 1, Hans Bourlon, directeur du Studio 100, s’est projeté en 2050 « quand la vente de viande et de poisson sera interdite ». Hans Bourlon parle de la vraie viande, pas des alternatives végétariennes qui pourront d’ici là imiter complètement le goût de la viande et contenir des superprotéines.

Ce qui ne manque pas de sel, c’est qu’aujourd’hui, tous les supermarchés cherchent à capter l’attention de nos enfants avec de la charcuterie malsaine ornée de figures bien connues du Studio 100, comme Plop et Maya l’abeille. Après tout, les enfants d’aujourd’hui sont les parents de 2050. Ne devrions-nous pas plutôt leur apprendre aujourd’hui à manger végétarien ? Si, comme il l’affirme, Hans Bourlon lui-même le veut, ce problème pourra être résolu rapidement.

Notre santé et le bien-être des animaux sont de bonnes raisons pour se détourner de la production industrielle de viande. Mais sur le plan mondial, c’est le climat qui est le plus urgent. Greenpeace a calculé que d’ici 2050 (une fois de plus), nous devons au moins réduire de moitié la production et la consommation de viande dans le monde entier si nous voulons éviter un changement climatique catastrophique. À partir d’aujourd’hui, cela signifie manger moins de viande, et pour ceux qui ne peuvent pas (encore) s’en passer, manger de la viande de meilleure qualité. Nous ne sommes donc pas condamnés à rester les bras croisés dans l’attente du prochain scandale.

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