La COP27 se déroulera du 6 au 18 novembre à Sharm El-Sheikh en Egypte. Une délégation de Greenpeace s’y rendra. En son sein, nous retrouverons Carine Thibaut, porte-parole et conseillère politique chez Greenpeace Belgique. Elle nous explique pourquoi Greenpeace a décidé de participer une nouvelle fois à ce sommet mondial.

COP26 / Glasgow © Greenpeace

La COP27 succède à la COP26, à Glasgow. Quelles en ont été les grandes conclusions ?

La réduction de notre dépendance aux énergies fossiles 

« Greenpeace avait qualifié la COP26 de très décevante. Malgré tout, notre organisation avait salué la mention des énergies fossiles dans le texte final. Au cours des 25 COP précédentes, aussi choquant que cela puisse paraître, ces responsables de la crise climatique n’avaient jamais été citées! Et cela alors qu’elles génèrent à elles seules 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Cette mention restait insatisfaisante. Le texte évoque en effet une “diminution progressive” du charbon, alors que nous réclamons une sortie totale du charbon, gaz et pétrole… Malgré tout, c’était un pas en avant. »

Maintenir le réchauffement climatique sous 1,5 °C – d’ici à 2100

« Ensuite, nous avons obtenu une réaffirmation qui peut vous sembler évidente: celle de la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C, comme un objectif collectif. Même si les rapports du GIEC montraient clairement que dépasser les 1.5 °C auraient des effets non négligeables sur l’ensemble de notre planète, ce n’était pas gagné du tout au début de la COP… Vu le manque d’ambition des plans nationaux en la matière, chaque pays s’est en outre engagé à revoir ses ambitions à la hausse pour la COP27. »

Mais un échec du côté du financement pour l’adaptation aux changements climatiques…

« La COP26 a en revanche complètement échoué sur la question de la justice climatique et du financement climat en particulier. En 2009 à Copenhague, les pays riches ont promis qu’ils donneraient 100 milliards de dollars chaque année aux pays les plus pauvres pour faire face à la crise climatique. Ces pays ne sont pas responsables du changement climatique mais en subissent pourtant les plus graves conséquences. Malheureusement, cette promesse – qui devait être effective à l’horizon 2020 –  n’a jamais été tenue. La justice climatique reste donc une priorité et une préoccupation centrale pour la COP27 cette année. »

Greenpeace a choisi de participer et de se mobiliser pour cette COP, à l’instar des COP précédentes. Pourquoi ce choix alors que, comme vous le dites, les COP sont à bien des égards des moments décevants où les États ne se montrent pas à la hauteur ?

« Malgré leurs conclusions décevantes, les COP restent des opportunités uniques pour chercher des solutions à l’échelle planétaire. Un état agissant tout seul ne pourra jamais résoudre la crise climatique. Qu’elles soient émises en Allemagne, en Chine, en Tanzanie ou aux Etats-Unis, les émissions de gaz à effet de serre ont le même effet sur le climat et nous affectent  toutes et tous sans distinction. Pour faire face au défi du siècle, multilatéralisme et coopération internationale seront nécessaires pour sortir des énergies fossiles et déboucher sur des mesures solidaires des communautés les plus affectées. C’est dans le cadre des COP que se jouent les négociations climatiques. Les COP ont également un effet sur les politiques nationales, car les Etats sont mis sur la sellette. Pour donner un exemple concret, l’année passée lors de la COP, le gouvernement flamand s’est retrouvé dans l’obligation de revoir ses plans climatiques et de proposer une rehausse de ses ambitions.

Ce qui me permet de ne pas désespérer, c’est le fait de savoir que limiter le réchauffement climatique est une bataille immense, dans laquelle chaque dixième de degré compte. Chaque réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’on arrive à obtenir permettra donc de limiter les victimes et les dégâts sur la planète !
»

Quelle forme prendra la délégation de Greenpeace à la COP27 ?

« Greenpeace a été présente à toutes les COP. Lors de chacune d’entre elles, nous nous organisons en délégation internationale. J’aurai la chance d’en faire partie cette année et d’y côtoyer des personnes du monde entier. Notre délégation comptera également des jeunes activistes de partout dans le monde. Chacun·e travaille d’arrache-pied pour exercer un maximum de pression sur les responsables politiques présents sur place. Notre travail va du plaidoyer politique à la communication, en passant par l’organisation d’actions, comme la venue du Rainbow Warrior devant la COP l’année dernière. On dort peu, on travaille énormément. Il y a beaucoup d’énergie et de conviction dans nos réunions. 

Les deux semaines que durent la COP sont très intenses. La première semaine est consacrée aux négociations sur de nombreuses thématiques. Greenpeace y assiste et s’en fait l’écho, pour dénoncer les blocages et maintenir la pression. 

La deuxième semaine est dédiée au texte final, qui clôturera la COP. C’est une vraie bataille qui se joue. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour obtenir des Etats les textes les plus ambitieux et solidaires possibles. 

A côté de cela, en dehors des espaces officiels, les COP sont aussi des moments de rencontres d’activistes du monde entier. La COP27 sera tristement particulière en matière de mobilisation et d’activisme. L’Egypte est aujourd’hui un pays extrêmement problématique en matière de droits humains. On y comptabilise 60 000 prisonniers d’opinion. »

Pourquoi la COP27 est importante pour Greenpeace ?

« La COP27 est une COP africaine: elle va faire remonter les demandes des pays du Sud, particulièrement sur les “pertes et dommages” et le financement climat. Pour nous, c’est important de s’inscrire dans cette demande de la société civile africaine et de nombreux pays Africains. Ils mettent le doigt sur la responsabilité et la nécessaire solidarité des pays riches. Les pays riches doivent mettre sur la table de nouvelles promesses financières et doivent exécuter les engagements qui n’ont jamais été tenus. Les pays du Sud sont dans une situation terrible. Ils doivent s’adapter à un changement climatique qui les frappe très durement. Les évènements climatiques extrêmes tuent massivement et perturbent des pays entiers. Les inondations qui viennent de frapper le Pakistan par exemple ont mis un tiers du pays sous l’eau ! Les négociations de la COP vont se cristalliser autour de ces enjeux. En tant que Greenpeace, nous exigeons que la COP27 soit à la hauteur, en actant la sortie des énergies fossiles, en créant un mécanisme financier pour les pertes et dommages et en tenant enfin ses promesses en matière de financement climat. »

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