Des activistes de Greenpeace ont installé une pomme géante devant le Parlement européen à Bruxelles. L’organisation environnementale demande aux député·es de ne pas offrir un cadeau empoisonné aux agriculteur·rices en supprimant les mesures de protection de la nature de la politique agricole commune (PAC). Les député·es décideront aujourd’hui d’accélérer ou non le projet de la Commission européenne visant à détricoter les exigences environnementales imposées aux agriculteur·rices.


© Greenpeace – Camille Delbos

Une pomme de trois mètres de haut enveloppée d’une fumée verte se trouvait ce matin face au Parlement européen à Bruxelles, place du Luxembourg. Elle représente le cadeau empoisonné de la Commission européenne au monde agricole : supprimer les normes environnementales de la PAC. Les agriculteur·rices européen·nes ont besoin d’une nature saine et d’un climat stable pour pouvoir exercer leur métier et produire des denrées alimentaires de qualité. Greenpeace déplore que la protection de la nature soit le bouc émissaire d’une crise agricole causée par un modèle économique et une politique commerciale injustes.

« Détricoter les normes environnementales de la politique agricole condamnera le monde paysan à subir toujours plus de sécheresses, d’inondations et des récoltes amputées” s’indigne Albane Aubry, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace Belgique. “Il s’agit d’une manœuvre de diversion électorale, qui ne changera strictement rien à la situation économique intenable des agriculteur·rices. Si cette proposition est approuvée, elle aura un impact direct sur la nature belge, en particulier dans les zones agricoles où la biodiversité est déjà en crise.”

Ces derniers mois, les agriculteur·rices sont descendu·es dans la rue pour dénoncer la pression insoutenable exercée sur leurs revenus. La vente de leurs produits se fait avec la concurrence directe et déloyale de produits en provenance de l’extérieur de l’Europe. La très puissante industrie agro-alimentaire les sous-payent. Le système de subventions en place les oblige à intensifier constamment leur production pour survivre. 

En réponse à cette légitime indignation, la Commission européenne a proposé de supprimer une grande partie des normes environnementales de la politique agricole commune de l’UE (PAC). Aujourd’hui, le Parlement européen se prononcera sur l’accélération de la mise en œuvre de cette proposition.

Par cette action, Greenpeace proteste contre cette proposition qui ne s’attaque pas aux causes réelles des problèmes subis par les agriculteur·rices. Les organisations agricoles européennes ECVC et IFOAM et les organisations agricoles belges FUGEA et UNAB se sont également prononcées contre le fait de cibler injustement les exigences environnementales au lieu de s’attaquer à la racine du problème. Elles demandent une répartition raisonnable et équitable des revenus pour permettre la transition agroécologique, ainsi que la fin des accords de libre-échange qui affaiblissent directement la position des agriculteur·rices.

Prochaines étapes

Si le Parlement européen vote aujourd’hui en faveur d’une procédure accélérée pour la proposition visant à détricoter les exigences environnementales imposées aux agriculteur·rices, le Parlement se prononcera sur le fond de la proposition lors de la dernière session plénière qui se tiendra du 22 au 25 avril.