Avez-vous encore du mal à identifier les emballages de plastique pouvant aller au bac de recyclage? Allez, levez la main! Vous n’êtes pas la seule personne dans cette situation. Mais attendez, ce n’est pas tout : après avoir fait l’examen des plus grandes compagnies de recyclage canadiennes, Greenpeace Canada a découvert que leurs installations ne sont même pas équipées pour recycler la totalité de ce plastique. Seuls 17 % des déchets de plastique que nous produisons annuellement peuvent effectivement être traités. Vous avez bien lu : 17 %! En dépit de ce qu’on nous a dit sur le sujet, et en dépit des belles promesses de l’industrie, le recyclage du plastique reste un mythe à déconstruire.

Alors que la frénésie des fêtes et la surconsommation vont bon train, il est possible de se demander : que vont devenir les piles de déchets de plastique que nous sommes en train de générer?

Comme vous le constaterez dans notre plus récent rapport, il n’y a rien de bon à espérer, à moins que le gouvernement fédéral ne repense en profondeur la manière dont nous obtenons nos biens de consommation et de première nécessité – et à moins qu’il ne remplace le R de recyclage par les deux R de réduction et réutilisation. La pollution plastique continuera d’affecter le climat, la biodiversité et les écosystèmes planétaires, et la situation continuera d’affecter les communautés autochtones et en premières lignes vivant à proximité de sites contaminés ou des usines pétrochimiques.

Il est grand temps que le gouvernement fédéral prenne ses responsabilités et cesse de faire payer la note à la population. N’ai-je pas raison?

Pour plonger dans la dure réalité des chiffres et voir comment le gouvernement fédéral pourrait améliorer sa stratégie – y compris en élargissant l’interdiction des objets de plastique à usage unique – consultez notre rapport d’enquête détaillé.

Voici les principaux résultats du rapport sur lesquels je souhaite attirer votre attention :

·  Même le modèle de responsabilité élargie des producteurs de la Colombie-Britannique, considéré comme l’un des meilleurs au pays, échoue à lutter contre la pollution plastique. Chaque année, la Colombie-Britannique continue d’envoyer plus de 50% de ses déchets plastiques à l’enfouissement. De la part restante de déchets envoyés vers les filières de recyclage, 30% est convertie en carburant.

·  L’industrie et les gouvernements misent beaucoup sur les technologies  prétendument « avancées » recyclage chimique et sur le rôle qu’elles pourraient jouer dans une économie circulaire. Ces technologies dites de pointe consistent à faire du recyclage chimique, c’est-à-dire à briser le plastique en composés plus petits pour en refaire du plastique neuf. Mais elles comportent leur lot de problèmes et demeurent expérimentales. Ainsi il faudrait plus d’années pour développer et implanter ces technologies à l’échelle nécessaire qu’il ne nous en reste pour atteindre l’objectif zéro déchet de 2030. À l’heure actuelle, notre scénario le plus optimiste pour le recyclage chimique « du plastique au plastique » est de 1400 tonnes par année. Or, le Canada produit 3,2 millions de tonnes de déchets de plastique par année, selon les données les plus récentes de 2016.  ¯\_()_/¯

·  L’approche fédérale actuelle n’est pas dotée des mesures nécessaires pour permettre au Canada d’atteindre l’objectif zéro déchet de plastique d’ici 2030.. La production et l’élimination du plastique sont une source de pollution et de gaz à effet de serre, et à ce titre, les procédés de conversion en carburant et de conversion en énergie (incinération) sont particulièrement problématiques. Une telle stratégie va à l’encontre des mesures fédérales visant à réduire notre empreinte carbone, d’autant plus que 10 à 13 % du budget carbone mondial risque d’être absorbé par le plastique!

·  Il est donc évident que l’approche de gestion intégrée du gouvernement fédéral continuent de perpétuer notre dépendance aux carburants fossiles, en favorisant une économie linéaire au service de l’industrie et non de la population. Privilégier l’amélioration du recyclage sans remettre en question le rôle central du plastique dans notre économie est incompatible avec les principes du zéro déchet, de l’économie circulaire et de la justice environnementale.

·  Greenpeace a découvert qu’au moins 334 millions de dollars de fonds publics (fédéraux et provinciaux) ont été versés aux producteurs de plastique vierge depuis 2017, et des millions supplémentaires ont été alloués à l’industrie du plastique depuis le début de la pandémie de covid-19 Les producteurs de plastique vierge continuent de bénéficier du soutien financier des gouvernements, même si le gouvernement fédéral a promis d’éliminer certaines subventions à l’industrie fossile.

Il n’existe pas d’économie circulaire dans laquelle le plastique a sa place. Nous ne pouvons pas continuer à perpétuer le mythe du recyclage. Greenpeace demande au gouvernement fédéral de renforcer sa nouvelle approche en investissant dans le développement et la mise à l’échelle de modèles axés sur le réutilisable, les systèmes de recharge et de consigne, afin d’intégrer la réutilisation et le zéro déchet au cœur de ses efforts de création d’emplois et de relance post-pandémie.

En avez-vous assez de voir l’industrie du plastique promouvoir ses intérêts pendant que le fédéral continue d’échouer à fermer le robinet du plastique qui coule à flots? Exigez une stratégie zéro déchet ambitieuse, axée sur la réutilisation et la réduction du plastique à la source!