Lorsque vous lisez l’expression, « protection des océans » , quelles images vous viennent à l’esprit ? Une puissante baleine bleue ? Les adorables pingouins que vous avez vu lors de récent voyage en Antarctique ? Des poissons nageant dans un récif corallien coloré ? 

Les baleines, les requins et les tortues sont les icônes du mouvement de protection des océans depuis des décennies. Après tout, ils vivent dans l’océan que nous essayons de protéger et l’avenir même de leur espèce est menacé. Et il se trouve que ce sont des espèces très impressionnantes ! 

Cependant, il existe une autre espèce qui dépend de la santé des océans, mais qui n’est pas toujours mentionnée dans les conversations sur la conservation des océans, et c’est… l’humain! 

Des pirogues de pêche artisanale quittent le port de pêche de Kafountine, en Casamance. L’annulation récente des licences de pêche par le gouvernement sénégalais nouvellement élu a été un premier pas très important vers la restauration de la pêche telle qu’elle était avant le début du pillage à grande échelle.

Comment les humains dépendent de l’océan

Plus de 3 milliards de personnes dépendent de l’océan pour leur subsistance, dont la grande majorité se trouve dans les pays du Sud. L’océan fournit aux communautés côtières des emplois liés à la pêche artisanale, une pratique transmise de génération en génération, ainsi que dans des domaines plus nouveaux, comme le tourisme. Les océans nous nourrissent également. Les fruits de mer constituent un élément essentiel du régime alimentaire de milliards de personnes à travers le monde, et de nombreuses personnes en dépendent pour survivre.

Les communautés du monde entier ont des liens culturels et spirituels profonds avec l’océan, et de nombreux peuples autochtones ont placé la mer au centre de leur vie communautaire depuis des siècles. Les peuples autochtones occupent des territoires non cédés le long des trois côtes du Canada, dont ils dépendent et dont ils gèrent les écosystèmes uniques et l’arc-en-ciel de vie. Mais l’interruption du mode de vie des autochtones par les activités coloniales et industrielles a perturbé le lien naturel, la connection entre l’océan et l’humain.

Une sortie matinale menée par les Premières nations Squamish, Tseil-Waututh et Musqueam pour guérir les eaux et envoyer un message à la compagnie énergétique américaine Kinder Morgan au sujet de ses projets de pipelines de sables bitumineux.

L’impact de l’humain sur les océans

Alors que certaines personnes s’efforcent de gérer et de protéger nos océans, d’autres au contraire les exploitent à des fins lucratives, menaçant par le fait même les moyens de subsistance de tant d’autres à travers le monde.

Des industries destructrices comme la pêche industrielle vident nos océans de toute vie, y compris dans les eaux internationales, où il existe très peu de lois pour mettre un terme à leurs activités. Les poissons ne respectent pas les frontières. Cette foire d’empoigne dans les eaux internationales a un impact dévastateur sur les communautés côtières. L’ONU estime qu’environ 60 millions de personnes à travers le monde sont employées dans le secteur de la pêche et l’aquaculture. La plupart se trouvent dans les pays en développement et sont des pêcheurs et des aquaculteurs artisanaux, pêchant à petite échelle. Souvent, il n’y a pas assez de poissons pêchés pour gagner sa vie ou nourrir sa famille, si bien que les gens doivent pêcher plusieurs jours par semaine. 

Par exemple, nous avons parlé à Oke, un pêcheur du Nigeria, qui a déclaré : « Nos enfants ne peuvent plus aller fréquemment à l’école. Nos femmes ne peuvent plus vendre leurs produits, le coût de la vie est monté en flèche.» 

Découvrez le témoignage d’Oke dans cette vidéo.

Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres – cela arrive aux communautés côtières du monde entier, y compris ici, au Canada, où de nombreuses communautés côtières luttent et où les stocks locaux s’effondrent lorsque les flottes industrielles pillent les mers au-delà de l’horizon.  

Les entreprises de pêche industrielle ne font pas que nuire aux communautés côtières : leurs propres travailleurs·es souffrent également. Un article récent (en anglais) a révélé que des migrant·es originaires des Philippines, d’Indonésie, du Ghana, du Sri Lanka et d’Inde travaillant sur des bateaux dans les eaux britanniques ont fait état de conditions horribles, avec des journées de travail de 20 heures, de la violence et du racisme. 

Vers un traité contraignant sur les océans : Nous avons tous besoin d’océans sains

Des communautés côtières aux travailleurs·es migrant·es sur les navires, en passant par tous ceux et celles qui dépendent d’un climat stable, nous sommes tous perdants lorsque les océans sont surexploités. Même si vous vivez à des milliers de kilomètres des océans, ceux-ci n’en sont pas moins essentiels pour votre avenir. 

Des océans sains sont essentiels pour lutter contre les changements climatiques. Nos océans ont absorbé 20 à 30 % des émissions récentes, ce qui nous a acheté un peu de temps pour élaborer un plan et éviter le pire du dérèglement climatique. Mais si nous ne protégeons pas les habitats et les systèmes qui maintiennent la vie océanique en bonne santé, ils ne pourront plus absorber nos émissions et les changements climatiques s’accéléreront. 

C’est pourquoi la Journée mondiale des océans concerne tous le monde – grand·es et petit·es, marins et terrestres, végétaux et animaux, dépendants de la glace ou vivant dans le désert. Les humains pensent souvent que les océans sont une chose lointaine, mais le rôle que les océans jouent dans l’équilibre de notre planète bleue se font sentir partout. Ils ont désespérément besoin de notre aide collective. Dans l’état actuel de notre planète, il n’a jamais été aussi vrai que si nous ne protégeons pas les océans, nous nous mettons en danger nous-mêmes.

À l’occasion de la Journée mondiale des océans, prenez un moment pour manifester votre soutien à un traité mondial sur les océans, dont les négociations doivent s’achever en août aux Nations unies. Ce traité permettrait d’interdire certaines parties de la haute mer aux industries destructrices, de créer des refuges pour permettre à la vie marine de se rétablir et de renforcer sa résilience face aux changements climatiques, et de garantir la sécurité alimentaire des populations du monde entier. Signez la pétition pour dire aux dirigeantes mondiaux d’agir maintenant pour protéger nos océans et nos populations. Déjà signée ? Partagez la pétition avec vos amies et votre famille comme votre ultime geste d’amour pour la Journée mondiale des océans. <3

La mer du Labrador, vue à travers un hublot à bord du Arctic Sunrise.