Aujourd’hui s’annonce la Journée internationale des forêts, ce qui m’amène à une réflexion interne: qu’elle est notre relation à la forêt?

Si je pense à mon enfance, que ce soit la chasse aux champignons les plus délectables, courailler dans la boue des sous-bois avec mes frères, grimper les arbres en requête de la canopée, ou tomber nez à nez avec un cerf ou une fourmilière, mes souvenirs les plus chers sont intimement liés à la nature, à la forêt. En grandissant, l’imagination qui a guidé autant mon pinceau que ma plume s’inspirait de ces souvenirs et de ces paysages si majestueux. Les grands moments d’aventure, le sens de la découverte, le sens de liberté, tous me ramènent à la forêt.

Plus que des arbres…

Pour nombreux peuples, pour nombreuses communautés, et individus, il y a de l’histoire et une identité tissée à la forêt. Une forêt peut être un refuge, une source de médecine et d’approvisionnement alimentaire, un moteur économique, et bien plus encore. Loin d’être une collection d’arbres, ces écosystèmes abritent 80% de la vie terrestre du monde. À ceci, si la forêt amazonienne est dite les poumons de la planète, la forêt boréale – qui détient plus de 95% de carbone dans ses sols – est dite notre bouclier climatique. La forêt boréale canadienne est aussi appelait la forêt bleue, pour ses vastes étendus d’eau douce, de rivières, lacs et milieux humides. Les forêts sont donc de vrais patrimoines culturels et naturels.

Sortir d’un esprit de conquête

Ces lieux de ressourcement qui sont les forêts sont aussi des lieux assujettis à des conflits, injustices et atrocités. On y voit souvent un conflit d’intérêts avec des projets miniers, énergétiques, de foresterie et d’infrastructure. Ce qu’on appel du développement peut être plus souvent dit de la conquête, alors qu’on aperçoit une tendance où la faune tout comme des communautés entières se voient écartées. Si pas déplacées ou pourchassés, on peut les voir tuées – une pratique récurrente en forêts tropicales.  L’idée traditionnelle de la conservation n’échappe pas non plus à cette approche colonisatrice alors qu’on imagine le paysage forestier sans l’humain – or on retrouve des Peuples autochtones vivant de ces forêts depuis des millénaires, et qui sont les gardiens de ces forêts. La doctrine de la découverte  est testament de cette logique colonisatrice, chose qui est fermement enracinée dans nos lois et politiques, et qui se trouve à la base des violations des droits individuels et collectifs des peuples autochtones. L’assaut n’est pas que sur notre espèce, mais en poussant les limites des forêts, en changeant le paysage, on assiste à un déclin de la biodiversité planétaire et à une érosion des écosystèmes essentiels à la vie. Ici on peut comprendre l’intersectionnalité entre la justice sociale et la cause environnementale.

 

Notre rôle …penser à se guérir

Il est impératif de reconnaître la dette écologique que l’on se crée, et le sort de nos actions sur les uns et les autres si l’on souhaite mieux. Si on connaît des conflits, c’est qu’on se limite dans notre vision et habilité. Nous avons tous les outils pour être de bons intendants de la Terre. Le défi consiste à établir et à maintenir un équilibre harmonieux sur cette planète. La réponse à cet équilibre se cache dans la sagesse des forêts. En forêt, on connaît trois types d’organismes, qui ensemble contribue au maintien et cycle de la vie. Connu comme les ‘ingénieurs de la Nature’, ceux-ci sont les producteurs (ex: plantes), les consommateurs (ex: caribou), et les décomposeurs (ex: vers, et champignons). La beauté de ceci est que l’humain a la capacité d’entreprendre un ou tous ces rôles. Ainsi, si nous avons le pouvoir de détruire, nous avons aussi le pouvoir de bâtir. La santé d’un écosystème dépend d’une symbiose qui nous entrelace tous. Il faut cesser de viser toujours le seuil minimum si l’on souhaite une abondance de vie. Il faut repenser à notre rôle, et être plus ambitieux, plus courageux. Il est temps de protéger nos forêts matures, et en restaurer davantage. Il est temps de penser à se guérir – pour le futur et patrimoine de tous.