Greenpeace dit aux Ministres: Interdisez le bois illégal maintenant!

Communiqués de presse - octobre 24, 2005
Des activistes de Greenpeace ont délivré aujourd'hui un message clair aux ministres de l'agriculture de l'Union Européenne (UE) réunis à Luxembourg: Si vous n'adoptez pas de législation contraignante pour interdire les importations de bois illégal en Europe et soutenir la gestion durable des forêts dans le monde, vos efforts pour stopper la destruction des forêts primaires dans les pays les plus pauvres resteront vains.

Greenpeace exige des ministres de l'agriculture de l'Union Européenne réunis à Luxembourg d'interdire le commerce illégal du bois

Les Ministres de l'Agriculture doivent parvenir aujourd'hui à un accord politique sur un paquet de mesures volontaires visant à combattre l'exploitation illégale des forêts et à améliorer la gouvernance dans le secteur forestier [1].

Les activistes ont exposé une bannière à l'entrée du bâtiment de réunion portant l'inscription "Interdisez le bois illégal maintenant". Ils ont également remis aux représentants politiques une lettre fabriquée à partir de bois illégal issu des forêts primaires, qui continue d'inonder le marché européen [2].

"Combattre l'abattage illégal du bois et son commerce avec des mesures volontaires, c'est aussi efficace que de demander à des entreprises de payer volontairement leurs impôts. Assurer la légalité des produits forestiers ne doit pas être un voeu pieux, mais une condition sine qua non pour faire du commerce en Europe", a dit Sebastien Risso de Greenpeace. "Tous les efforts pour lutter contre le commerce de bois illégal resteront vains tant que l'UE ne se dotera pas de législation contraignante pour juguler la demande européenne en bois bon marché, issu d'exploitation illégale et non durable".

En tant que principal marché d'importation, l'UE est un des acteurs clés de ce commerce. A l'heure d'aujourd'hui, il n'existe aucune législation en Europe qui permet aux douanes et aux autorités judiciaires de saisir une cargaison de bois illégal ou de lancer une enquête en cas de fortes présomptions. Les importateurs et les commerçants de bois ne sont pas tenus responsables de ce qu'ils achètent et vendent sur le marché européen. Les entreprises peu scrupuleuses et les réseaux de crime organisé peuvent continuer sans risque à détruire les dernières forêts anciennes de la planète et à en tirer de larges bénéfices.

L'approche préconisée par la Commission repose sur des accords volontaires de partenariat entre l'UE et les pays producteurs de bois. L'objectif est d'améliorer la gouvernance dans le secteur forestier et de mettre en oeuvre un système de licence d'exportation visant à garantir la légalité des produits forestiers exportés vers l'UE. Des négociations sont supposées débuter l'année prochaine avec cinq pays candidats, à savoir: le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Ghana, l'Indonésie et la Malaisie.  

Greenpeace n'a cessé d'attirer l'attention sur certaines faiblesses du système proposé, à savoir qu'il repose sur un engagement volontaire; qu'il ne s'applique qu'à un nombre limité de produits forestiers [3]; que du bois illégal pourra continuer à être exporté vers des pays tiers, non partenaires, comme la Chine, pour être "blanchi", transformé, puis re-exporté sans risque vers l'UE; enfin qu'il sera bâti sur les systèmes déjà en place dans les pays producteurs, systèmes souvent corrompus et peu fiables.

Autre faiblesse, l'action de la Commission se limite au problème de la légalité et n'aborde pas la question pourtant essentielle de la gestion durable des forêts. Greenpeace rend attentif au fait que sans objectifs sociaux et environnementaux ambitieux et sans une participation active de la société civile et des populations locales, les accords de partenariat et le système de licence pourraient être détournés de leurs objectifs initiaux et aboutir à un simple "blanchiment" des activités forestières illégales et non durables.

"L'Union Européenne doit assumer la responsabilité de ce qu'elle autorise sur son marché. Sans des mesures contraignantes pour garantir un commerce et une consommation durable, les dernières forêts primaires de la planètes sont condamnées à disparaître," a ajouté Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg.

Le Parlement européen, ainsi que 70 entreprises européennes et près de 180 ONGs à travers le monde ont appelé l'UE à légiférer. Au mois de novembre 2004, Greenpeace, FERN et WWF avaient rédigé un modèle de législation pour en prouver la faisabilité et stimuler le débat politique. La Commission, qui s'était engagée à présenter au Conseil, avant la mi-2004, un rapport sur différentes options législatives, n'a toujours pas respecté ses engagements.

Au cours des dix derniers jours, Greenpeace a multiplié les révélations concernant des importations massives de bois provenant d'entreprises impliquées dans l'abattage illégal et la destruction des forêts primaires: du Bassin du Congo vers l'Italie; de la Papouasie Nouvelle-Guinée vers la Grande-Bretagne en transitant par la Chine; et de l'Amazonie Brésilienne vers l'Espagne pour être utilisé dans la rénovation du Musée de la Reine Sofia à Madrid [4].

Other contacts:

Sebastien Risso, conseiller politique européen, commerce et forêts, Unité européenne de Greenpeace, tel: +32 (0)496 12 70 09, e-mail : ;
Roger Spautz, Greenpeace Luxembourg, tel : +352 - 021233361 ou +352-54625227, email:

Notes:

[1] La Commission européenne a publié en mai 2003 un plan">http://europa.eu.int/comm/development/body/theme/forest/initiative/docs/Doc1-FLEGT_en.pdf">plan d'action concernant l'application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (FLEGT). Il recommande le développement:
- d'accords volontaires de partenariat avec les pays producteurs, visant à assurer un renforcement des capacités, à améliorer la gouvernance dans le secteur forestier et à mettre en oeuvre un système de licence d'exportation garantissant la légalité des produits forestiers exportés vers l'UE;
- d'options législatives additionnelles, qui pourraient inclure une législation interdisant les importations de bois et de produits issus de bois coupé en infraction avec la législation des pays producteurs;
- d'une politique environnementale de marché public, qui garantisse l'achat de bois légal issu de forêts gérées de manière durable.

[2] La représentante politique est Margaret Beckett (Ministre britannique), qui a présidé le Conseil de l'Agriculture à Luxembourg.

[3] Le système de licence couvrira initialement les grumes, le bois scié et le contre-plaqué. Dans le cadre de chaque accord de partenariat, la liste pourra être élargie à la demande d'un pays partenaire.

[4] Plus d'informations sur les actions
- en Italie: http://www.greenpeace.org/international/press/releases/action-on-illegal-logging-ital
- en Grande-Bretagne: http://www.saveordelete.com
- en Espagne: http://www.greenpeace.org/espana/
Pour plus d'informations sur le dossier FLEGT, téléchargez le dossier "Lawless: How Europe's borders remain open to trade in illegal timber" (en langue anglaise):
http://www.greenpeace.org/international/press/reports/lawless-illegal-timber

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