Hier, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il allait verser 4,5 milliards de dollars d’argent public pour l’achat du projet d’expansion de pipeline de Kinder Morgan et ses opérations connexes. Près de 5 milliards de dollars pour un projet qui piétine les propres engagements climatiques du Premier ministre, ainsi que ses promesses de respecter les droits autochtones et de mettre fin aux subventions aux énergies fossiles.

Difficile de voir autre chose qu’une erreur monumentale qui risque de coûter les prochaines élections aux Libéraux et qui les hantera chaque jour jusqu’à ce qu’on y arrive.

Je ne pense pas que Justin Trudeau ait réalisé ce qu’il ferait à sa réputation internationale quand le gouvernement fédéral ordonnera à la police d’arrêter des leaders et des ainés autochtones, des professeurs d’école, des seniors et des étudiants qui essaient juste de protéger leur milieu de vie, mais je pense qu’il va le comprendre un jour ou l’autre. Déjà plus de 22 000 personnes se sont engagées à risquer l’arrestation pour défendre le territoire face à ce projet de pipeline, et ce nombre devrait augmenter après la décision d’hier.

Le monde a vu Justin Trudeau se tenir debout à Paris pour engager le Canada dans la lutte climatique. Tous ont applaudi quand son gouvernement a entériné la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et espéré que dans l’obscurité dans laquelle nous a plongé l’élection de Trump, Trudeau deviendrait la voix de l’espoir et de la raison que le monde a si désespérément besoin de voir.

Avec l’annonce d’aujourd’hui, je pense qu’il est juste de dire que l’espoir est parti (ou du moins s’est évanoui). Tandis que d’autres leaders mondiaux tracent leur chemin vers un avenir énergétique 100% renouvelable, le premier ministre du Canada a acheté un oléoduc sale rattaché à l’une des plus grosses bombes carbone de la planète.

Il n’y a aucun leadership climatique à trouver dans un pipeline et aucune réconciliation possible avec les autochtones. La majorité des nations touchées par ce projet n’ont pas donné leur consentement, cette décision vient donc en droite ligne perpétuer un siècle de promesses non tenues à l’endroit des Premières Nations. Sept d’entre elles poursuivent d’ailleurs déjà le gouvernement fédéral.

Pourtant, vous pouvez en acheter des choses pour 4,5 milliards de dollars.

Avec 3,2 milliards de dollars, vous pouvez fournir de l’eau potable propre et salubre à chaque nation autochtone du Canada. Cette somme pourrait payer les salaires de 60 000 infirmières ou de 88 156 enseignants ; couvrir les frais de scolarité moyens de 684 827 étudiants ; procurer de l’énergie solaire à 180 000 foyers ; construire 2 045 éoliennes ou 16 centrales solaires parmi les plus puissantes au monde.

Ce sont les occasions perdues avec l’annonce d’hier. Des opportunités qui auraient pu sauver des vies, améliorer la qualité de l’air ou alimenter nos villes en énergie propre. Au lieu de cela, le gouvernement a mis cet argent dans un pipeline de pétrole sale voué à l’exportation… et à l’échec. Ce pipeline fait toujours face à de nombreux recours légaux, à l’effondrement de l’économie entourant les sables bitumineux – ce qui semble avoir effrayé tout acheteur potentiel sauf le gouvernement fédéral – et à un mouvement de résistance citoyenne qui, après l’annonce d’hier, va continuer de croître.Aucune de ces dynamiques ne disparaît maintenant que le gouvernement du Canada est devenu une compagnie pétrolière à lui tout seul.

Nous continuerons d’épauler les leaders autochtones et la résistance citoyenne pour contrer ce projet. Nous continuerons à barrer le chemin à ce pipeline sur terre, en mer et dans les salles de réunion, partout où nous pourrons avoir un impact, car ce qui est en jeu est trop important pour laisser des marchands de pétrole s’occuper de notre avenir.

Faites-vous entendre, écrivez à Trudeau et à ses ministres Libéraux, et ensemble, faisons en sorte que ce pipeline ne voit jamais le jour.