Rétablissons d’abord un élément de langage. Le gaz est dit « naturel » par l’industrie parce que c’est un hydrocarbure présent naturellement dans les sols terrestres ou marins… tout comme le charbon ou le pétrole! Ce sont des énergies fossiles issues de la décomposition de matières organiques, des végétaux ou des animaux, sur plusieurs millions d’années. La qualification de “naturel” ne signifie donc pas que ce gaz est bon pour nous ou la planète. Appelons un chat un chat, utilisons donc l’appellation gaz fossile.

Le gaz fossile est loin d’être une énergie inoffensive pour l’environnement. Comme toutes les autres énergies fossiles, sa combustion crée notamment des gaz à effet de serre tels que le gaz carbonique (CO2) qui s’échappent dans l’air, et contribuent au réchauffement climatique. Des fuites invisibles de méthane surviennent à toutes les étapes de l’extraction, du transport et de la distribution de ce combustible. Du méthane s’échappe même des raccords, des appareils au gaz et des puits de forage pendant et après les forages quand l’industrie a cessé d’exploiter. Or le méthane est un GES très puissant : son impact sur le réchauffement climatique est 84 fois plus élevé que celui du CO2 sur 20 ans. Ainsi, même un faible taux de fuite peut rendre le gaz aussi dommageable pour le climat que le charbon.

Sortons le gaz des bâtiments au Québec!

Le mythe du gaz naturel renouvelable (GNR)

On entend souvent parler des alternatives au gaz fossile, commercialisées sous le nom de gaz naturel « renouvelable » (GNR). Le GNR est en fait du biométhane, soit  du méthane dérivé de sources organiques, telles que les cultures, les résidus de tables ou le fumier animal. 

Contrairement aux publicités que l’on peut voir, la production de gaz naturel à grande échelle pour chauffer les bâtiments est une mauvaise idée en raison des risques écologiques et climatiques importants qu’elle présente. Elle dépendrait entre autres de prélèvements massifs de biomasse forestière, menaçant ainsi l’équilibre des écosystèmes forestiers et la biodiversité [1,2]. Elle encouragerait le maintien des méga élevages industriels pour le lisier et le fumier nécessaires à sa fabrication alors que ces élevages sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre et de grands pollueurs des ressources hydriques [3]. Elle entrerait en contradiction avec la lutte au gaspillage alimentaire [4] qui fournit une part substantielle de la biomasse résiduelle dont les usines de biométhanisation se nourrissent en milieux urbains. 

Le potentiel de production de production de GNR est très limité. Alors qu’il compose actuellement 1% du gaz qui circule au Québec (le 99% restant étant du gaz fossile), la réglementation québécoise. prévoit que seulement 10% du gaz sera renouvelable en 2030 (donc 90% sera encore gaz fossile). Dans un contexte de rareté, il est essentiel d’utiliser le peu de GNR qui est disponible pour remplacer du gaz fossile dans des usages où l’électrification n’est pas possible est très difficile. Par exemple, le GNR devrait être réservé pour certains procédés industriels où du gaz est requis et ne devrait SURTOUT PAS être dilué dans 99% de gaz fossile pour être brûlé dans des maisons qu’il serait préférable d’électrifier.

Finalement, rappelons que le gaz naturel renouvelable c’est également du méthane, un puissant gaz à effet de serre, et toute fuite pendant sa production, sa distribution et sa combustion a le même effet sur le climat qu’une fuite de gaz fossile.

Les enjeux reliés au gaz fossile

Gaz naturel et santé des populations

Le gaz fossile vendu par les distributeurs du Québec est à plus de 80% issu de la fracturation hydraulique, un processus de production hautement dommageable pour la santé des populations vivant à proximité des sites de forage. Plus de 80% des études publiées à ce jour démontrent une association claire entre la fracturation hydraulique et plusieurs impacts sur la santé humaine.

Le gaz est également dangereux en ville. Outre les risques d’explosion et d’incendie, le C40 estime qu’annuellement, 234 décès prématurés sont causés à Montréal uniquement par l’utilisation du gaz dans les secteurs résidentiel, commercial et institutionnel et industriel (pollution intérieure et atmosphérique).

En outre, la cuisson au gaz augmente le risque pour les enfants de développer des symptômes d’asthme. En effet, les enfants vivant dans des foyers avec une cuisinière au gaz ont 42% plus de risque de développer de l’asthme que les autres enfants pendant l’enfance et 24% plus de chances d’en souffrir pour toute leur vie. En fait, d’après une étude australienne, un enfant vivant avec une cuisinière au gaz court un risque d’asthme comparable à celui d’un enfant vivant avec la fumée de cigarette à la maison. La ventilation peut atténuer les risques, les études révèlent qu’elle ne peut pas les éliminer.

Gaz naturel et racisme environnemental

Au Canada, les industries polluantes et extractives s’installent fréquemment à proximité du lieu de vie de communautés à faibles revenus, autochtones et racisées, qui sont ainsi disproportionnellement exposées aux risques environnementaux. De plus, la crise climatique n’affecte pas tout le monde de la même façon. Certains groupes sont plus vulnérables à ses impacts, comme les personnes à faibles revenus, les enfants, les personnes âgées, les femmes et les autochtones. 

Gaz naturel et environnement

Le gaz brûlé dans les bâtiments représente 7% des émissions annuelles de gaz à effet de serre du Québec et 63% des émissions du secteur des bâtiments, soit l’équivalent de celles générées par 1,6 million de véhicules. Il ne fait plus aucun doute que le gaz est risqué pour le climat et l’environnement, et ce, de la fracturation à la consommation.

Plus de 80% du gaz consommé au Québec est produit par fracturation hydraulique. Les impacts de la fracturation ont été largement documentés, entre autres sur la contamination de l’eau, la survenance de tremblements de terre, la santé des populations, le développement anormal des fœtus et la violation des droits humains. Ces fléaux frappent durement les populations qui vivent à proximité des sites de forage, notamment des communautés autochtones, en plus de détruire des milieux naturels importants.

Gaz fossile et finances personnelles et publiques

Le gaz est entièrement importé de l’Ouest canadien et des États-Unis, ce qui renforce la dépendance du système énergétique québécois envers un marché mondial des énergies fossiles sur lequel notre gouvernement n’a aucun contrôle, tant sur le plan des approvisionnements que des prix. Considérant la volatilité de ces derniers, et des facteurs économiques et politiques, les prix du gaz pourraient fluctuer considérablement, entraînant par le fait même de mauvaises surprises aux consommateurs et consommatrices. Selon une étude d’Écohabitation, un nouveau bâtiment résidentiel unifamilial doté d’un système de chauffage électrique central avec accumulateur de chaleur et thermopompe à climat froid coûte jusqu’à deux fois moins cher en facture d’énergie qu’un système au gaz et 17% de moins qu’avec la biénergie électricité-gaz. 

Les solutions pour se libérer du gaz

L’électricité au Québec est produite à 99,8% à partir d’énergies renouvelables et demeure l’option de choix pour le Québec. Il importe toutefois d’éviter le gaspillage de cette précieuse ressource. En prenant tous les moyens possibles pour minimiser notre consommation d’énergie, nous pouvons réduire radicalement les coûts de chauffage et de climatisation.

Conception du bâtiment, énergie passive et enveloppe performante

L’économie d’énergie commence avec la conception du bâtiment et le choix des matériaux. Des matériaux qui assurent une isolation et une étanchéité optimales ainsi que des fenêtres à haut rendement permettent de sabrer dans les dépenses énergétiques. Une enveloppe performante procurera un plus grand confort, une qualité de l’air intérieur plus saine, une résilience accrue pendant les périodes de chocs, une valeur de revente plus élevée et une empreinte écologique plus faible.

Thermopompes et accumulateurs thermiques

De trois à quatre fois plus performantes que les plinthes électriques, les thermopompes sont l’une des méthodes les plus efficaces de chauffage. Contrairement aux anciens modèles, les thermopompes « Climat froid » fournissent une excellente performance même par grand froid. Les thermopompes permettent également de climatiser en été. Peu connus jusqu’ici, les accumulateurs de chaleur sont pourtant une technologie éprouvée : il s’agit de briques réfractaires qui accumulent la chaleur et peuvent prendre le relais de la thermopompe pendant les périodes de pointe. 

La combinaison thermopompe et accumulateur de chaleur est une option avantageuse pour réduire sa facture d’électricité et éviter de surcharger le réseau d’Hydro-Québec pendant les pointes hivernales. De plus, jusqu’au 30 juin 2023, Hydro‑Québec offre une aide financière de 10 000 $ à la clientèle qui fait installer un système de chauffage central avec accumulateur de chaleur, et 5 000 $ de plus aux propriétaires qui font installer en même temps une thermopompe centrale approuvée.

La domotique et la tarification dynamique

La domotique, ou « système de maison intelligente » est l’automatisation des systèmes d’un bâtiment. Elle sert notamment à diminuer les coûts de l’énergie, par exemple en programmant ou en commandant à distance une baisse du chauffage ou de la climatisation pendant les heures où les locaux sont vides. Elle permet aussi de diminuer la consommation d’électricité pendant les heures de pointe en déplaçant l’utilisation de certains appareils vers des périodes de plus faible demande et ainsi bénéficier de la tarification dynamique d’Hydro-Québec (crédit hivernal et tarif Flex D).

Sortons le gaz… après nos victoires contre l’exploitation des hydrocarbures et les projets de pipelines

Au Québec, nous avons bloqué des projets comme l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz dans la vallée du Saint-Laurent, en Gaspésie, sur Anticosti, à Old Harry. Nous avons aussi bloqué des projets de gaz naturel liquéfié comme GNL-Québec et Rabaska, des projets d’exportation d’hydrocarbures comme les pipelines comme Énergie Est et le projet Trailbreaker, etc. 

Après toutes ces années de luttes et de victoires contre l’exploration, l’exploitation et le transport des énergies fossiles au Québec, il est temps de s’attaquer à la consommation de gaz. 

Sortons le gaz du Québec

Le gaz consommé au Québec est à 99 % du gaz fossile, une source d’énergie risquée pour l’environnement et qui contribue au réchauffement climatique. En polluant l’air, il met en péril la santé respiratoire de la population.

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