Le mouvement “#SortonsLaCaisseduCarbone” réclame le respect de la science du climat et le retrait de la Caisse du secteur des combustibles fossiles.


© Sophie Bertrand
Montréal, le 8 Septembre 2017  –  Rassemblés à la place Jean-Paul-Riopelle devant le siège social de la ​Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) à l’occasion de la 46e  conférence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)*, de nombreux groupes environnementaux, citoyens, syndicaux, étudiants et des représentants des peuples autochtones demandent que le deuxième plus grand fonds de pension au pays écoute la science du climat, respecte l’Accord de Paris et se désinvestisse du secteur  des combustibles fossiles.
Sous la bannière “#SortonsLaCaisseduCarbone”, le message des organisateurs est sans équivoque : on ne peut plus ajouter de nouvelles infrastructures d’énergies fossiles sans mettre en péril l’atteinte l’objectif de l’Accord de Paris, soit de limiter le réchauffement climatique  nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C.
Kirsten Perry Responsable à la mobilisation et au développement associatif à l’Association pour la voix étudiante au Québec (AVEQ) a dit : « en tant qu’étudiants, nous savons que les compagnies pétrolières exacerbent la dégradation du climat, aggravent même l’état précaire de l’environnement et mettent à risque les droits de l’Homme, incluant la souveraineté des peuples autochtones de par le monde. La Caisse ne peut se permettre d’être complice de cette destruction alimentée par l’industrie des combustibles fossiles et doit investir dans notre avenir.»
Le rassemblement en cours à la Place Jean-Paul-Riopelle réunit plus de 350 personnes habillées en bleu et vise à mettre en évidence l’exposition accrue au risque d’éclatement de la «bulle de carbone» pour l’ensemble des épargnants québécois, c’est à dire la chute abrupte et définitive de la valeur des actions des compagnies d’énergies fossiles. Or, l’accroissement des investissements directs et indirects de la CDPQ en 2016 dans les secteurs de production et de transport d’énergies fossiles va à l’encontre de l’Accord de Paris et de la science du climat ; en plus d’exposer la Caisse à un risque financier majeur puisque de nombreuses analyses laissent envisager un effondrement de la valeur des titres du secteur des énergies fossiles dans la prochaine décennie.
Mme Charlène Aleck Ts’simtelot, conseillère et porte-parole de la Tseil-Waututh Nation Sacred Trust Initiative, a souligné que « le pays en entier est affecté par le changement du climat, d’est en ouest. Désinvestir des mégas projets de Kinder Morgan et Énergie Est est le seul choix moral que nous puissions faire pour honorer l’héritage que nous léguons à nos petits-enfants. L’institution de la Tseil-Waututh Nation Sacred Trust Initiative œuvre pour bâtir une économie verte pour tous les canadiens.»
Pour Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki, «chaque nouvel investissement dans les énergies fossiles retarde la transition vers les énergies renouvelables, et verrouille les émissions de GES pour l’avenir, parfois pour des décennies, et accroît les risques de dérèglement dangereux et irréversible du climat.»
Les organisateurs rappellent que la Caisse a augmenté depuis 2016 ses investissements dans les énergies fossiles avec une augmentation moyenne des parts sociales de 76% dans le secteur du pétrole et du gaz et de 119% dans celui du charbon, comparativement à 2015, une orientation qui va à l’encontre de la transition énergétique.
«Une telle stratégie est risquée au plan financier en plus d’être non éthique du point de vue des générations à venir. L’argent de nos retraites ne doit pas servir à appauvrir nos enfants», a conclu monsieur Mayrand.
En mai, une analyse exhaustive des données de la CDPQ réalisée par le groupe Recycle ta Caisse confirmait une augmentation des investissements de la CDPQ dans les combustibles fossiles entre 2015 et 2016, les faisant passer à 16,7 milliards de dollars.
Sébastien Collard, porte-parole du mouvement de « Recycle ta Caisse », a éclairci ces enjeux : «Il est important de se rappeler que, parce que la CDPQ a maintenu ses investissements dans les énergies fossiles entre 2012 et 2015, elle a encaissé une perte de rendement de 7,2 milliards de dollars. La situation a continué de s’aggraver depuis. Et pendant que la Caisse déclare avoir entamé sa transition vers une économie sobre en carbone, notre analyse a montré qu’en réalité l’argent des Québécois a continué d’être utilisé pour acheter des actions de compagnies exploitant des énergies du passé. Étant plus exposée que jamais à la bulle carbone, il est du devoir des gestionnaires de régimes de retraite de mandater la Caisse de protéger le portefeuille de leurs commettants.»***
«La Caisse va à l’encontre d’un vaste mouvement de désinvestissement mondial lorsqu’elle continue à financer le charbon, le pétrole des sables bitumineux et les oléoducs, incluant TransCanada, Enbridge** et cela se fait au dépens des investissements dans les énergies renouvelables et les transports propres » selon Patrick Bonin, Responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada. Notre Caisse doit cesser d’être l’argentier des pétrolières et des pipelines qui briment les droits des Premières Nations et sabotent les efforts climatiques».
Le rassemblement a été co-organisé par la Fondation David Suzuki, Greenpeace Canada, Recycle ta Caisse, Réalité Climatique Canada, l’Association pour la voix étudiante au Québec (AVEQ), Justice Climatique Montréal (JCM) et la Mobilisation Environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC), le Mouvement des Travailleuses et Travailleurs chrétiens (MTC) du Québec et le Conseil d’administration de MTC de Montréal.
Par ailleurs, le comité d’organisation n’a pas failli au but de sa mission et a pris le soin de collaborer avec l’artiste vaudreuil-soulangeoise Monica Brinkman afin de réutiliser les ballons noirs en latex pour en créer une œuvre d’art qui sera affichée à la Maison du Développement Durable cet automne.
Qui plus est, deux annonces importante on été faites hier.  D’abord, TransCanada, le promoteur de l’oléoduc Énergie Est, qui suspend sa demande auprès de l’ONE pour une période de 30 jours, suivie de celle du président de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, qui songe à imposer un moratoire sur les investissements dans l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon, comme l’a fait le président de Desjardins, Guy Cormier, il y a un mois en plus.
Ces annonces constituent un double message fort de la vague de changement à laquelle la nouvelle économie doit se préparer. 
Le GIEC est en session de travail à Montréal jusqu’au 10 septembre pour, entre autres, élaborer son prochain rapport spécial sur l’évolution du climat, qui paraîtra en 2018.  D’ici là, les groupes espèrent voir un remaniement avisé de la part de la CDPQ.
 

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Autres Citations :
Audrey Dépault, Directrice nationale de Réalité Climatique Canada (RCM) : «Le Projet de la réalité climatique Canada demande à la Caisse de s’engager à retirer ses investissements du secteur en déclin des énergies fossiles. Les scénarios qui permettent de limiter le réchauffement mondial à 2 °C exigent que l’on élimine la production et l’utilisation des énergies fossiles. En tant qu’investisseur institutionnel, la Caisse a la responsabilité de poser des actions qui sont cohérentes avec les politiques publiques et la science du climat.»
Melanie Busby, porte-parole de la Mobilisation Environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) : ​
«Le secteur financier ne peut plus se soustraire en prétextant qu’il prend ses décisions uniquement sur la base des marchés. ​Les compagnies pétrolières et gazières négligent systématiquement les risques associés au climat et à l’abandon des énergies fossiles dans leurs prévisions de croissance.» 
Parmi les syndicats appuyant le rassemblement, les représentants du Conseil central métropolitain (CSN) et de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEQ-CSQ) étaient présents.
Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) : «Nous nous opposons aux investissements de la CDPQ dans l’industrie des hydrocarbures à double titre. Tout d’abord, comme citoyennes et citoyens préoccupés par l’engagement gouvernemental visant à diminuer les gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2020, mais également comme employées et employés des services publics dont les fonds de pension se retrouvent à la ​Caisse de dépôt et placement du Québec. Nous refusons que l’effort financier que représentent nos cotisations à la retraite permette de noircir nos perspectives d’avenir et celles de nos familles.»
Dominique Daigneault Présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) :
«Les investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans les énergies fossiles sont incompatibles avec l’Accord de Paris, économiquement injustifiables, écologiquement destructeur et menacent l’avenir de l’humanité.»
Marc-Edouard Joubert, Président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain: «En lien avec la participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec aux projets visant à favoriser l’utilisation en plus grande quantité des énergies fossiles, nous estimons que les leviers économiques publics devraient servir à financer la transition juste, notamment la formation et la réintégration de la force ouvrière qui sera touchée par l’abandon graduel de ce type d’énergie, plutôt que de nous plonger dans un état de dépendance perpétuelle face aux hydrocarbures. Les fonds de la Caisse de dépôt et placement du Québec ne doivent plus être utilisés pour prolonger cette consommation éhontée et dangereuse. Pour nous, la sortie de notre dépendance aux énergies fossiles doit être immédiate et ne nous oblige absolument pas �� utiliser tous les hydrocarbures présents en sol canadien.»
Pierre Prudhomme, citoyen retraité et membre de plusieurs ONG ainsi que du Mouvement des travailleuses et travailleurs chrétiens (MTC) du Québec et membre du conseil d’administration de MTC de Montréal: «comme retraité, je n’accepte pas que notre argent accumulé pour assurer notre sécurité soit utilisé et investi dans une industrie qui participe à l’insécurité des conditions de vie de nos enfants et des générations futures, en contribuant à l’avènement d’extrêmes climatiques que l’on constate déjà, et dont l’intensité et la quantité iront en augmentant. Il y a urgence pour la Caisse de dépôt et placement du Québec de prendre acte de la science du climat et de désinvestir des énergies fossiles, pour une justice climatique et intergénérationnelle.»
 
Pour de plus amples d’informations :

Sébastien Collard, groupe Recycle ta Caisse, 418-575-6147 [email protected]

Diego Creimer, Fondation David Suzuki, 514-999-6743 [email protected]

Patrick Bonin, Responsable campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada, 514-594-1221, [email protected]

Loujain Kurdi, Conseillère aux communications, Greenpeace Canada, 514-577-6657, [email protected]

 

Réseaux Sociaux :
Facebook: Sortons la caisse du carbone;
Twitter: Sortons la caisse
Les pétitions à ce sujet :
(FR) http://sortonslacaisseducarbone.org/
(AN)https://www.change.org/p/caisse-de-dépôt-et-placement-du-québec-cdpq-divest-now

 

Notes aux Éditeurs: 
Pour télécharger le rapport: http://bit.ly/AnalyseCDPQEnergiesFossiles
*Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.
http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml
**Selon les Renseignements additionnels au Rapport annuel 2016 mis en ligne en avril 2017, la CDPQ a fait passer ses investissements dans la société albertaine Enbridge de 627,6 à 930,6 millions de dollars, soit une augmentation de 48%. Dans le cas de Trans Canada, les investissements de la Caisse ont grimpé de 66%, passant de 619 millions à 1,02 milliard de dollars. Le scénario est semblable pour Pembina Pipeline Corporation (294 à 511 millions, soit +74%) et l’américaine Spectra Energy (17 à 47 millions, soit +176%).
*** La valeur des placements dans le charbon, le pétrole et le gaz a connu sur un an une augmentation de 4,5 milliards et leur proportion dans le portefeuille global de la Caisse est passée de 4,9% à 6,2%. Plus spécifiquement, au niveau du portefeuille actions de la Caisse, la proportion dans les énergies fossiles passe de 7% à 9,7%.
****À ce jour, 749 institutions à travers le monde se sont engagées à céder leurs investissements dans les énergies fossiles, dont de nombreux fonds de pensions qui voient désormais ces derniers comme étant trop risqués sur le plan financier.
 

-FIN-