Montréal – Des documents obtenus grâce à la Loi sur l’accès à l’information révèlent que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a accueilli une proposition de la pétrolière TC Energy, laquelle vise à créer une entente officielle d’échange d’information entre l’agence fédérale et les plus grandes entreprises du pays.
En février 2024, TC Energy a proposé la création d’un « Conseil de l’alliance de la sécurité canadienne » inspiré d’un programme américain dans le cadre duquel les agences de renseignement échangent directement des informations avec des entreprises privées. Le SCRS a non seulement accueilli favorablement cette suggestion, mais aussi encouragé TC Energy à plaider en faveur de réformes législatives qui permettraient le partage de renseignements classifiés avec des sociétés privées. Ces changements ont ensuite été intégrés au projet de loi C-70, Loi concernant la lutte contre l’ingérence étrangère, adopté à la hâte par le Parlement en 2024.
« Les services secrets canadiens espionnent-ils les Québécoises et Québécois au nom de l’industrie pétrolière? Le SCRS devrait protéger la population au lieu de conclure des ententes avec les pétrolières, affirme Louis Couillard, responsable de la campagne Climat et Énergie chez Greenpeace Canada. Cela vient brouiller la frontière entre sécurité publique et intérêts privés, et cela risque de mener à la surveillance des défenseur·ses des terres autochtones ainsi que des activistes climatiques qui s’opposent pacifiquement à l’expansion des énergies fossiles. »
Les documents montrent également que des cadres du SCRS se sont félicités de la rapidité avec laquelle le projet de loi C-70 a été adopté, en soulignant qu’ils avaient réussi à élargir leurs pouvoirs de divulgation à « toute personne ou entité », donc même à des entreprises privées comme TC Energy.
Greenpeace Canada craint que le projet de loi C-2 du gouvernement Carney, qui sera débattu au Parlement cet automne, élargisse davantage les pouvoirs de surveillance du SCRS. Cela ouvrirait la porte au partage direct d’informations des agences de renseignement canadiennes avec des multinationales pétrolières ainsi que des gouvernements étrangers.
« Au lieu de se concentrer sur la véritable menace qui pèse sur la population québécoise et canadienne, à savoir la crise climatique, nos agences de sécurité tissent des alliances avec les entreprises qui alimentent cette dernière, ajoute Louis Couillard. Le Canada doit s’éloigner de l’exploitation des énergies fossiles pour protéger la population contre les changements climatiques, et non renforcer ses liens avec l’industrie pétrolière. »
Le SCRS peut maintenant partager des informations classifiées avec des compagnies comme TC Energy sous prétexte de lutter contre l’ingérence étrangère dans nos élections et aux frontières. Et avec le projet de loi C-2, le gouvernement Carney veut encore plus de pouvoirs pour espionner sans mandat. C’est une pente glissante vers plus d’abus »
Pour lire le document d’information complet et accéder aux documents originaux obtenus par la Fondation pour le journalisme d’enquête, cliquez ici.
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Pour plus d’informations, contactez :
Patou Oumarou, conseillère aux communications, Greenpeace Canada
[email protected], +1 418 431-0263


