Greenpeace Canada mène une campagne contre le Mouvement Desjardins parce qu’il finance des projets et des compagnies de pipelines de sables bitumineux. Nous demandons au Mouvement Desjardins de retirer ses financements actifs dans les pipelines de sables bitumineux et de refuser de conclure des ententes de financement ou de consentir des prêts pour la construction ou l’expansion de projets de pipelines de sables bitumineux.

Questions – réponses  

  • Pourquoi faire campagne contre le Mouvement Desjardins et ses investissements dans les pipelines de sables bitumineux?
    • Malgré ses déclarations en faveur de la protection de l’environnement et de la responsabilité sociale, le Mouvement Desjardins a officialisé en décembre qu’il continuera à prêter 145 millions de dollars à la compagnie Kinder Morgan pour qu’elle construise son contesté projet de pipeline de sables bitumineux Trans Mountain. Desjardins continue également à soutenir à hauteur de plus de 200 millions de dollars les compagnies de pipelines Kinder Morgan, TransCanada et Enbridge. En juillet 2017, suite à des discussions avec Greenpeace et des chefs des Premières Nations, Desjardins avait mis en place un moratoire temporaire sur tout nouveaux financement et investissement dans les pipelines. Or, la coopérative financière a annoncé la fin de son moratoire sur les pipelines le 6 décembre 2017, mais elle a décidé de continuer à financer le projet Trans Mountain de Kinder Morgan et a refusé de tourner le dos au pétrole. En conservant ses investissements dans les projets de pipeline de sables bitumineux, c’est aux Premières Nations opposées aux projets de pipelines sur leurs territoires non-cédés que le Mouvement Desjardins tourne en fait le dos, en plus de faire un pied-de-nez à la lutte contre les changements climatiques et la protection de l’eau et des écosystèmes. Desjardins ne sera pas cohérent avec ses soit-disantes « valeurs » tant qu’il accordera du soutien aux projets qui sont incompatibles avec l’Accord de Paris, comme c’est la cas avec les pipelines de sables bitumineux. Le Mouvement Desjardins se présente comme un chef de file dans le domaine de la finance sociale. Si elle refusait de financer des projets de sables bitumineux, cela pourrait encourager d’autres banques canadiennes à revoir leur position
  • Desjardins n’est-elle pas plus responsable socialement que les autres banques?
    • Le Mouvement Desjardins a annoncé des pratiques concrètes afin de jouer un rôle proactif face au défi que représentent les changements climatiques. En tant que coopérative financière, ils disent vouloir montrer l’exemple et encourager la transition énergétique, a souligné Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins. Ces belles paroles sont toutefois incohérentes avec leurs actes et leurs investissements dans les pipelines de sables bitumineux. Le Mouvement Desjardins traîne de la patte face à un mouvement croissant de désinvestissement des énergies fossiles. Contrairement à Desjardins, plusieurs institutions financières majeures tournent le dos aux énergies fossiles. La Banque mondiale arrêtera de financer l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz; Natixis, la Société Générale et le Crédit Agricole s’engagent à ne plus financer de projets de sables bitumineux, ni d’exploitation ou de production pétrolière en zone Arctique. AXA, le 3ème plus gros assureur au monde se retire de l’industrie des sables bitumineux et des pipelines associés et désinvesti 3,6 milliards d’euros des énergies fossiles. Quelques mois plus tôt, la US Bank a retiré son financement à Enbridge et son projet de pipeline de sables bitumineux Ligne 3; BNP Paribas a déclaré qu’elle « cesse ses relations avec les acteurs dont l’activité principale est l’exploration, la production, la distribution, le marketing ou le trading de pétrole des sables bitumineux »; ING a confirmé qu’elle exclurait le financement des pipelines de sables bitumineux; le plus important fonds de pension suédois (AP7) a annoncé qu’il a désinvesti de TransCanada car les pipelines qu’elle propose sont incompatibles avec l’Accord de Paris. Le Mouvement Desjardins doit suivre ces exemples, cesser de financer ces pipelines climaticides et doit s’engager réellement dans la transition énergétique.
  • Que pense le Mouvement Desjardins des changements climatiques?
    • Le Mouvement Desjardins reconnaît que les changements climatiques sont parmi les enjeux les plus importants auxquels nous sommes confrontés en tant que société. Il constate aussi “que le monde entier doit prendre un virage vert et que la conférence de Paris est venue définir le sens et l’ampleur des efforts qui devront être faits à court, moyen et long terme”. Dans son plan de contribution à l’Accord de Paris et d’orientations en financement responsable, Desjardins concentrera “ses investissements directs en infrastructures énergétiques réalisés à partir de ses fonds propres dans les énergies renouvelables. Le Régime de rentes du Mouvement Desjardins prend ce même engagement.” C’est pourquoi nous demandons à Desjardins d’être cohérent avec ses promesses et de passer à l’action en cessant de financer les projets de pipelines une fois pour toutes.
  • Le Mouvement Desjardins a-t-il d’autres politiques d’intérêt?
    • Desjardins a récemment annoncé “qu’elle ajoutera de nouveaux critères d’autorisation, dans l’ensemble de ses décisions d’affaires, qui tiendront compte des facteurs de risque de nature environnementale, sociale et de gouvernance”. Concrètement, avant de prendre une décision d’affaires, les équipes de Desjardins s’engagent à évaluer, par exemple, si leur partenaire : – “a consulté les collectivités touchées, notamment celles issues des Premières Nations [mais ne dit pas qu’il s’assurera d’ obtenir le consentement préalable des peuples autochtones, donné librement et en connaissance de cause, avant de supporter tout projet] – a un plan rigoureux pour gérer son empreinte carbone et ses risques sur le plan des changements climatiques – a mis en place des politiques de rémunération et de santé et sécurité au travail.” Malgré ces engagements respectables, le Mouvement Desjardins a accepté de financer des pipelines qui risquent de polluer l’eau, de nuire à la faune et de déstabiliser le climat, en plus de violer les droits des peuples autochtones. Il semblerait que cette banque qui se targue d’être écoresponsable nous jette de la poudre aux yeux. Les projets de pipelines de sables bitumineux n’ont pas reçu l’approbation de nombreuses communautés autochtones et Premières Nations qui vivent le long du tracé des pipelines ou qui sont directement touchées par ceux-ci. Plus de 150 Premières Nations au Canada et aux États-Unis ont signé le Traité d’alliance contre l’expansion des projets de sables bitumineux. De plus, 130 Premières Nations et leurs alliés ont signé la déclaration Sauvez le Fraser afin de s’opposer au projet d’expansion du pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan, qui fait aussi l’objet de 11 contestations judiciaires de Premières Nations pour la violation de leurs droits. Nous devons donc nous assurer que le Mouvement Desjardins soit cohérent avec ses politiques et se tienne loin des sociétés de pipelines afin de ne pas violer ses propres engagements. Après tout, c’est notre argent qui est en jeu!
  • Quels sont les objectifs de la campagne #NonauxPipelines?
    • Les projets de la campagne #NonauxPipelines visent à : 1. Éliminer les dangers imminents que représentent Kinder Morgan, Keystone XL et la Ligne 3 avec l’expansion des projets de sables bitumineux, un des plus grands émetteurs de carbone au monde. 2. Changer le paysage du financement des combustibles fossiles à jamais en rendant l’accès au financement plus difficile par des campagnes sur l’acceptabilité sociale. 3. Amener des acteurs clés à faire partie de l’histoire d’un mouvement de résistance courageux mené par des Autochtones, qui aura des répercussions sur les combats contre les combustibles fossiles partout dans le monde.
  • Pourquoi lutter contre les pipelines de sables bitumineux?
    • Greenpeace se bat contre les sables bitumineux au Canada depuis 10 ans, car les pipelines de sables bitumineux auront des répercussions sur notre climat et notre environnement dans le futur. L’expansion des projets de sables bitumineux a déjà pollué des rivières, rasé des sections de forêt boréale dans le Grand Nord, transformé des terres agricoles en terres incultes et chargé l’air de toxines. Les sables bitumineux du Canada se classent au cinquième rang des 14 plus grands projets émetteurs de carbone dans le monde. Pour mettre un frein aux changements climatiques, 80% des réserves de combustibles fossiles doivent rester sous terre; c’est pourquoi nous devons dire non aux pipelines. La construction de nouveaux pipelines permet d’exploiter davantage les sables bitumineux et notre bilan de carbone ne nous le permet pas.
  • Pourquoi cibler TransMountain, Keystone XL et Ligne 3? Quelles menaces représentent-ils?
    • TransMountain, Keystone XL et Ligne 3 sont les trois projets de pipelines représentant les dangers écologiques les plus imminents à l’heure actuelle. Une fois construits, ces pipelines transporteront d’énormes quantités de pétrole et permettront une exploitation accrue des sables bitumineux (une bombe de carbone à retardement). De plus, ces projets n’ont pas reçu le consentement des peuples autochtones et violent les droits de ces derniers. – Kinder Morgan, située au Texas, est la plus grande société d’infrastructure énergétique en Amérique du Nord. La longueur combinée de ses pipelines de pétrole et de gaz est suffisante pour faire plus de trois fois le tour de la Terre. Le nouveau pipeline de Kinder Morgan (appelé projet d’expansion Trans Mountain) est en cours de construction et s’étendra sur 1150 km, partant des sables bitumineux de l’Alberta pour aller rejoindre la ville de Burnaby, sur la côte de la Colombie-Britannique. Le pipeline Trans Mountain aura une incidence climatique équivalente à 2,7 millions d’automobiles sur la route chaque année. – Le pipeline Keystone XL de TransCanada est un projet de pipeline de 3461 km qui s’étendra de l’Alberta au Nebraska et qui transportera nos sables bitumineux jusqu’aux raffineries dans le golfe du Mexique aux États-Unis. Le pipeline Keystone XL ferait augmenter les émissions de dioxyde de carbone de 24,3 millions de tonnes métriques par année : c’est comme si les Américains faisaient 60 milliards de milles de plus en voiture par année. – L’industrie souhaite aussi faire construire un pipeline pour l’expansion de la Ligne 3 d’Enbridge. L’expansion de la Ligne 3 permettrait de transporter le pétrole extrait des sables bitumineux jusqu’au Wisconsin, aux États-Unis. Ce projet a été approuvé par le Canada, mais pas dans tous les états américains se trouvant sur le tracé du pipeline.
  • Pourquoi cibler les banques et non les sociétés de pipelines?
    • Lorsqu’elles investissent dans les sociétés de pipelines ou leur octroient des prêts, les banques ne respectent pas leur engagement envers les droits des peuples autochtones, les droits de la personne et les changements climatiques. Afin de démontrer leur solidarité aux Autochtones de Standing Rock, des membres de Greenpeace et des gens de partout dans le monde ont exprimé leur désaccord aux banques qui financent le projet de pipeline Dakota Access (DAPL) et leur ont fait comprendre qu’en appuyant ce projet très controversé, elles mettent leur réputation en jeu. La US Bank et ING se sont déjà retirées du projet DAPL et se sont engagées à ne plus financer les pipelines de sables bitumineux, montrant que c’est possible pour les banque de le faire. Il est temps que les banques disent la vérité à leurs clients à propos des dangers que représentent les pipelines et qu’elles cessent de financer ces projets. Il n’est pas trop tard pour bien faire.
  • Pourquoi vous battre contre plusieurs pipelines au lieu d’un seul à la fois?
    • Pour gagner notre combat contre les pipelines, nous devons mener plusieurs luttes de front. Des luttes symboliques comme celles de Keystone XL et Dakota Access ont inspiré des milliers de personnes partout dans le monde et ont permis de mettre d’énormes projets destructeurs sous les projecteurs. Au lieu de nous battre contre un seul pipeline à la fois, nous nous attaquons à la source du problème dans un seul mouvement : nous offrons des formations à nos membres sur les actions de solidarité transfrontalières, nous préparons une attaque percutante contre les institutions financières transnationales et nous luttons aux côtés des Autochtones sur le front de la résistance.
  • En quoi les pipelines menacent-ils les droits des Autochtones?
    • Conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), une déclaration qui relève du droit international, les gouvernements doivent « obtenir le consentement préalable des peuples autochtones, donné librement et en connaissance de cause, avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressources, notamment en ce qui concerne la mise en valeur, l’utilisation ou l’exploitation des ressources minérales, hydriques ou autres. » Le gouvernement du Canada a signé la DNUDPA, mais les Tiny House Warriors de la Nation Secwepemc n’ont pas donné leur consentement pour que le pipeline traverse leur territoire traditionnel, comme beaucoup d’autres peuples autochtones. En fait, le deux tiers des communautés autochtones consultées par Kinder Morgan concernant la construction du pipeline n’a pas donné son consentement à ce projet. En outre, plus de 19 contestations judiciaires ont été déposées devant les tribunaux canadiens relativement à ce projet de pipeline, notamment par des Autochtones résidant sur des territoires où passerait la moitié des pipelines et des pétroliers.
  • N’avons-nous pas besoin des pipelines pour faire la transition vers l’énergie renouvelable?
    • Une seule technologie ne pourra jamais répondre à tous les besoins dans le monde, mais une chose est sûre : ce ne sont pas les technologies qui manquent, mais la volonté des politiciens de mettre en œuvre des solutions. Notre planète approche le point de non-retour et nous ne pouvons plus rester bloqués devant les partis politiques. Si nous avons accès à différentes sources d’énergie renouvelable, nous pourrons commencer à bâtir un avenir meilleur maintenant, sans pipelines et sans sables bitumineux.
  • Les pipelines ne favorisent-ils pas la croissance économique et la création d’emploi?
    • La réponse est non. Le prix du pétrole demeure faible et les sociétés délaissent les sables bitumineux et abandonnent leurs projets d’expansion. Les emplois dans le secteur des pipelines sont temporaires, mais leurs incidences négatives pourraient être permanentes. De plus, il est important que les gens occupent des emplois sains et bien rémunérés. Le secteur de l’énergie renouvelable est bien plus avantageux que les sociétés de pipelines sur ce plan. Malheureusement, nous constatons que lorsqu’un grand projet de combustibles fossiles ou de développement d’infrastructure est mis en œuvre, ce sont les dirigeants des sociétés pétrolières et gazières qui s’enrichissent au détriment des gens ordinaires, qui risquent leur santé et leur sécurité. En appuyant le secteur de l’énergie renouvelable, nous faciliterons la transition vers un futur vert et équitable qui ne menace pas notre santé, qui ne provoque pas de super tempêtes climatiques et qui ne détériore pas la qualité de notre air.
  • Les pipeline promettent des emplois. Vous proposez quoi à la place ?
    • Nous pouvons toujours créer des emplois durables si nous transitions aux énergies renouvelables. Si le Canada se met dans la bonne voie vers une transition énergétique le pays créerait 1 million d’emplois verts en cinq ans. Nous pouvons continuer à avoir de bons emplois sains grâce à une transition énergétique vers les énergies renouvelables. Dans le monde, les emplois dans les énergies renouvelables continuent de croître alors que les emplois liées aux énergies fossiles sont en baisse. En 2016, 8,3 millions de personnes ont été employés par le secteur des énergies renouvelables. (IRENA 2017; excluant l’hydro). Le pipeline envisage ne créerait que 50 emplois permanents, tandis qu’il menace 9.7 milliards de $ en PIB et 98 000 emplois soutenus par le littoral de la C-B. La province recevrait moins de 2 % du revenu (source : Environmental Defence). En fait, les informations publiques prouvent que moins de 20% des emploispotentiels d’après Kinder Morgan prendraient forme. Des rapports d’enquête indiquent que le nombre d’emplois qui sera créé par le nouveau pipeline de Kinder Morgan a largement été surestimé, comme dans le cas du projet de pipeline Keystone XL. Le secteur de l’énergie renouvelable crée plus d’emploi (plus sains et plus verts) que celui des pipelines et des sables bitumineux. Partout dans le monde, la main-d’œuvre liée dans le secteur de l’énergie renouvelable augmente sans cesse, tandis que celle dans le secteur des combustibles fossiles diminue . En 2016, 8,3 millions de personnes occupaient un emploi dans le secteur de l’énergie renouvelable. Ce chiffre pourrait doubler d’ici les 15 prochaines années. En 2016, pour la sixième année consécutive, les énergies renouvelables ont devancé les combustibles fossiles sur le plan de l’investissement net dans la capacité énergétique, selon le Renewable Energy Policy Network.
Dites aux banques de cesser de financer les pipelines de sables bitumineux

Douzes grandes banques dans le monde, dont la RBC et TD ici au Canada, financent encore des projets de pipelines de sables bitumineux, qui représentent des investissements risqués. L’histoire nous a appris qu’il n’existe pas d’option sécuritaire pour transporter du pétrole.

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