Suite à de nombreuses questions reçues à ce sujet, voici ce que nous avons à dire sur le documentaire Cowspiracy traitant des liens entre élevage industriel et changements climatiques.

La première des choses à savoir est que Greenpeace partage les inquiétudes soulevées dans Cowspiracy bien que nous ne nous basons pas sur l’étude présentée dans ce documentaire, mais plutôt sur les résultats du GIEC. (À ce sujet, lire cet article)

Pourquoi Greenpeace ne parle pas d’agriculture et d’élevage intensif ?

À l’international, nous travaillons sur le sujet, notamment en Amazonie et en Europe. Vous pouvez lire ici notre rapport Ecological Livestock paru en 2012 et qui traite des solutions à mettre en place pour réduire la production et la consommation de produits issus d’animaux d’élevage. Ou consultez la page de notre campagne (en anglais seulement).

Globalement, l’industrie de l’élevage et l’agriculture sont responsables d’environ 14% à 37% des émissions mondiales de gaz à effet de serre – selon les études du GIEC sur lesquelles nous nous basons. Nous savons également que l’élevage du bétail a été la principale cause de déforestation en Amazonie, de telle sorte qu’il y a quelques années près de 80 pour cent des zones déboisées au Brésil étaient utilisées pour le pâturage.

Nous avons pour cette raison fait campagne sur l’élevage du bétail en Amazonie, malgré les risques importants pour nos militants. Une enquête d’infiltration de trois ans a exposé les marques renommées responsables de la déforestation de la forêt amazonienne, par le suivi de la viande bovine, du cuir et autres produits bovins des ranchs dans la forêt tropicale. Nous avons obtenu de bons résultats : Nike a décidé de cesser d’acheter du cuir d’Amazonie, et la Banque mondiale a retiré un prêt de 90 millions de dollars pour le géant du bétail brésilien Bertin – de l’argent qui était destiné à financer son expansion dans la région amazonienne. C’est un bon début – et cela montre que nous pouvons avoir un impact sur cette question.

Pourquoi n’appelons-nous pas le monde à devenir végétalien?

La réponse courte est que nous considérons bien le végétalisme et le végétarisme comme une façon d’aider. Mais nous n’avons jamais préconisé le boycott ou le végétalisme de manière isolée. La capacité de créer des changements doit être accessible à tous, en travaillant dans un contexte global qui intègre les questions culturelles, de classe et d’accessibilité. Prôner une solution unique «devenez végétalien pour sauver la planète» n’est tout simplement pas une solution appropriée, significative ou percutante pour quelqu’un dont la survie repose sur l’agriculture de subsistance ou la pêche.

Le monde a besoin de faire de grands changements à travers une variété de secteurs pour résoudre le changement climatique. Devenir végétalien est une merveilleuse chose que vous pouvez faire pour réduire votre impact. Mais ce n’est pas la seule chose. Cette liste pourrait inclure de ne pas conduire de voiture, de ne jamais prendre l’avion, de ne manger que des aliments biologiques cultivés localement, en évitant l’huile de palme, de vivre hors réseau électrique, – un défi assez important pour une personne moyenne. Si nous encourageons les gens à prendre les plus grandes mesures qu’ils peuvent, nous agissons surtout sur les entreprises et les gouvernements qui conduisent les plus grandes causes du changement climatique.

Pourquoi Greenpeace Canada ne travaille pas sur cette question ?

Pour l’anecdote, en 2008, le chroniqueur Alain Dubuc (La Presse) chargeait l’organisation suite à la parution d’un autre de nos rapports sur l’agriculture démontrant les impacts de l’élevage industriel. À l’époque, nous était reproché de « prôner le végétarisme ». Autant dire que ce débat n’est pas nouveau.

Si Greenpeace Canada a décidé de se concentrer depuis 2009 sur la question énergétique, c’est en grande partie en raison des sables bitumineux, qui constituent la première source de croissance des émissions de GES du Canada, et de la multiplication des projets polluants liés à cette industrie (pipelines, nouvelles mines, port pétrolier, etc) ; à l’industrie du gaz de schiste (comme c’était le cas en 2010) ; et à l’ouverture des permis pétroliers dans l’Arctique canadien. Dans ce contexte, nous avons pris la décision de prioriser la lutte aux énergies fossiles.

Nous pensons néanmoins qu’il est important que d’autres personnes ou groupes de personnes continuent de parler des impacts des élevages intensifs et des solutions qu’offrent l’agriculture écologique et à échelle humaine et les gestes individuels tendant vers la réduction de la consommation de produits animaux pour lutter contre les changements climatiques, entre autres. En cela, nous encourageons ce type de documentaires.

Le mouvement climatique est large et diversifié et c’est important qu’il le demeure.

Qui finance Greenpeace ?

En ce qui a trait à notre financement, nous en profitons pour rappeler que Greenpeace ne sollicite et n’accepte aucune aide financière provenant de gouvernements, d’entreprises ou de partis politiques et que nous refusons toute aide qui pourrait compromettre cette indépendance ou influencer nos objectifs. Toutes nos campagnes sont financées grâce à la générosité individuelle de nos adhérents et de différentes fondations. Pour obtenir plus d’information à ce sujet, consultez nos rapports financiers.

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