« Les Pygmées sont des hommes de petite taille qui vivent de la chasse et de la cueillette. » Voilà la définition-éclair avec laquelle j’ai traversé toute ma scolarité et, soyons honnêtes, je n’étais pas la seule. À force de fiches de révision simplistes, j’ai fini par me raconter l’histoire d’un peuple “hors de l’humanité”, coincé quelque part entre un chapitre de SVT et une carte muette. Spoiler : c’était faux.

Mon parcours m’a heureusement forcée à appuyer sur pause. En travaillant sur les forêts au sein de Greenpeace Afrique, j’ai découvert deux vérités simples : d’abord, on ne dit pas “pygmée” mais peuple autochtone (oui, les mots comptent) ; ensuite, ces communautés sont bien plus que des “habitants de la forêt”. Quatre ans d’écoute et de terrain plus tard, je peux l’affirmer : réduire les peuples autochtones à des chasseurs-cueilleurs, c’est nier la profondeur et la puissance de leur savoir.

Gardiens de la forêt, pas vigiles à l’entrée

Quand on dit « gardiens de la forêt », on n’imagine pas des personnes postées avec un sifflet pour contrôler les allées et venues. On parle de savoirs, de pratiques, d’un rapport au vivant qui protège ce milieu… parce que c’est la maison. Comme chacun prend soin de son domicile, les peuples autochtones prennent soin de la forêt, non avec de belles stratégies “PowerPointisés”, mais par instinct vital. Identité, nourriture, mémoire, avenir : tout s’y rattache. Qui mieux qu’eux pour en prendre soin ?

Pharmacopée 101 : le cours qu’on n’a jamais eu

À l’école, on nous a bien parlé de chlorophylle… mais pas de la pharmacopée autochtone. Une marche de trente minutes avec un aîné Baka, et vous voilà en masterclass accélérée : telle écorce apaise, telle feuille soigne, tel mélange se transmet sans ordonnance et surtout, sans folklore. Ce savoir vivant, patient, rigoureux, s’apprend au fil des saisons et des générations. Il mérite mieux qu’une note de bas de page dans un manuel.

Sortir des clichés, enfin

Aujourd’hui, je sais que les peuples autochtones ne sont pas des « hommes de la forêt » coincés dans une définition du siècle dernier. Ce sont des alliés essentiels pour l’avenir de nos forêts et de notre planète : experts du vivant, médecins des plantes, pédagogues du climat. Si l’école avait oublié de nous le dire, rattrapons-nous maintenant et écoutons celles et ceux qui savent.

Luchelle Feukeng

Luchelle Feukeng

Chargée de la Communication et du Storytelling, Greenpeace Afrique