Malawi Famine Documentation. © Greenpeace / Clive Shirley
Women farmers are walking through their dry, barren fields past remnants of their failed crops. On their heads are aid organisation handouts. This area, though extremely poor has been self-sufficient with food. Now these communities are suffering from malnutrition. Recent drought has caused crops to fail in the entire Southern Cone of Africa. © Greenpeace / Clive Shirley

Selon les chiffres de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) du Sénégal, le bilan de la campagne agricole 2020, notamment celui des cultures industrielles, est plus que satisfaisant. Aujourd’hui, le gouvernement du Sénégal veut miser sur l’agriculture, comme poumon vert de son économie, afin d’éviter au pays d’entrer en récession chronique.

Changement climatique et agriculture: une conjonction de facteurs. 

Mais force est de constater que les résultats obtenus lors de cette campagne sont plus la résultante d’une conjonction de facteurs favorables que de politiques savamment menées et mûries. A preuve, le Sénégal est passé à côté du chaos. Selon le climatologue Zeinedinne Nouaceur, maître de conférences à l’université de Rouen, auteur d’une publication intitulée ” La reprise des pluies et la recrudescence des inondations en Afrique de l’Ouest “, « un cycle de reprise des pluies », caractérisé notamment par des pluies intenses, est en train de s’installer. « Au Sénégal, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) a relevé des cumuls journaliers supérieurs à 200 mm dans plusieurs villes. 200 mm en 24 heures, au Sahel, c’est énorme ! La pluviométrie annuelle dans la zone sahélienne typique est comprise entre 200 et 400 mm », poursuit le média d’information Lepoint.

Entre des précipitations record au Sénégal, une crue exceptionnelle du fleuve Niger – en 2012, le débit du fleuve Niger a atteint sa plus forte valeur depuis 1929 à Niamey. En 2016, un niveau record a été observé sur le Gouorol, un affluent du Niger, selon Zeinedinne Nouaceur-, des centaines de milliers de déplacés, d’énormes dégâts matériels et des pertes en vies humaines, le bilan a été très lourd dans cette zone du Sahel, « d’irrégularité climatique » et porte visiblement la signature du changement climatique dans cette partie de l’Afrique déjà fragilisée par l’insécurité alimentaire en dépit des alertes de spécialistes en prévision météorologique. 

Par ailleurs, en cette période de crise mondiale due à la pandémie à Covid-19, il devient crucial de vérifier, à l’aune de recherches scientifiques, que la crise sanitaire que nous vivons n’est pas en partie liée au phénomène de changement climatique. A dire vrai, le lien entre ces deux facteurs n’a pas été clairement établi par les scientifiques, même si «le confinement et le ralentissement de l’économie ont quelque peu contribué à un déclin temporaire du niveau du gaz à effet de serre», précise le rapport inter organisations intitulé United in Science 2020.  

Ruined Crops in Elizabeth Mueni Maundu's Garden in Kenya. © Peter Caton / Greenpeace
Elizabeth Mueni Maundu in her kitchen garden after the drought ruined her crops. © Peter Caton / Greenpeace

Changement climatique et Covid19: Des crises convergentes?

Le programme des Nations Unies pour l’environnement, « met en évidence les effets croissants et irréversibles du changement climatique, qui touchent les glaciers, l’océan, la nature, les économies et les conditions de vie et se manifestent souvent à travers des aléas hydrologiques tels que les sécheresses ou les inondations. Il démontre aussi comment la COVID-19 a entravé notre capacité à surveiller ces changements dans le cadre du système mondial d’observation ». 

A y regarder de plus près, il faut bien convenir avec le Pr. Perthuis, professeur d’économie, fondateur de la chaire économie du climat à l’université Paris Dauphine, auteur du livre “Covid-19 et réchauffement climatique: Plaidoyer pour une économie de la résilience” que : « C’est nous-même qui décidons d’envoyer ou de ne pas envoyer du CO2 dans l’atmosphère ». Or «le coronavirus n’est pas une création humaine »

Toutefois, il reste acquis pour les chercheurs que la pandémie Covid-19 et le changement climatique « représentent des crises convergentes ». Autre similitude, la gestion de ces deux crises mondiales induit, à part égale, l’adoption radicale de nouveaux gestes et attitudes vis-à-vis des autres et d’un nouveau rapport avec la nature, au sens large. Et, pour finir, les chocs sanitaires ont ceci en commun: ils agissent comme des « accélérateurs de pauvreté », s’abattant durement sur les populations les plus pauvres et vulnérables.

Ecological Farming in Kenya. © Greenpeace / Paul Basweti
Stellamaris Muthini (left), Elizabeth Nzomo and Josephat Muthama, preparing corn that would be planted for the next planting season. Farmers in Kenya are effectively applying ecological farming practices that are increasing their ability to build resilience to and cope with climate change. © Greenpeace / Paul Basweti

Agir sur le changement climatique pour réduire les risques de pandémie

N’y a-t-il pas moyen de tirer profit des enseignements liés à la pandémie Covid-19, pour repartir d’un nouveau pied, au niveau de nos économies, de notre santé, de notre environnement ? 

A lire le journal « Les Echos », cela est possible, car selon les chercheurs, la relance post-Covid représente « un moment clé pour agir sur le changement climatique. Les milliards dépensés pourraient permettre d’améliorer les systèmes de santé publique, de créer des économies durables et de protéger l’environnement ».

Ces mesures auraient pour effet, dans le même temps, de réduire le risque de pandémies futures, car, rappellent les auteurs du rapport, le changement climatique conduit également à une élévation des risques de pandémie zoonotique comme la dengue, la malaria ou les maladies liées aux bactéries du genre Vibrio.

Comme quoi, l’après-Covid sera en tout état de cause, ce que nous aurons décidé d’en faire. En particulier dans le Sahel, si l’on veut éviter la survenue de la crise sanitaire la plus importante de toute l’histoire humaine.

Author

Cheikh Bamba Ndao

French web content developer 

Cocoa Farming in Cameroon. © John Novis Être impliqué