Le ministre flamand de l’environnement Jo Brouns a donné le feu vert à Fluxys pour la construction d’un nouveau gazoduc entre Zeebrugge et Lievegem. Si il voit le jour, ce gazoduc ferait doubler le volume de gaz qui transite vers l’Allemagne. Une aberration climatique qui va à l’encontre de la baisse de la demande de gaz, dénoncent Greenpeace Belgique, Bond Beter Leefmilieu et Dryade, qui introduisent donc un recours au Conseil du contentieux des permis (Raad voor Vergunningsbetwistingen).
La construction de ce gazoduc entre Zeebrugge et Lievegem constitue en réalité la deuxième partie d’un projet total d’environ 100 kilomètres. Le premier tronçon entre Desteldonk et Opwijk a été mis en service en 2024. Ce projet a été lancé en 2022, peu après l’invasion russe de l’Ukraine, afin d’assurer l’approvisionnement énergétique de la Belgique et des pays voisins.
“Mais depuis lors, la situation a complètement changé”, affirme Angelos Koutsis de Bond Beter Leefmilieu. “La consommation de gaz en Belgique et dans les pays voisins a fortement diminué, et avec elle le transit vers ces pays voisins. La Commission européenne prévoit une nouvelle baisse, mais ni Fluxys ni le gouvernement flamand n’en tiennent compte. Les objectifs climatiques n’autorisent en tout cas de nouvelles infrastructures fossiles que dans des cas exceptionnels ; ce dossier ne comporte aucune justification ou révision de ce type.”
Pour défendre son projet, Fluxys affirme que la canalisation servirait également à transporter de l’hydrogène dans un deuxième temps. “Mais il existe une grande incertitude quant à la demande future d’hydrogène”, explique Mathieu Soete, de Greenpeace Belgique. “L’Europe met en garde contre la construction d’un trop grand nombre de réseaux. Ce projet fait surtout peser le risque de s’enfermer dans une dépendance fossile, ou de se retrouver avec des actifs échoués. Mais ce dossier n’en tient absolument pas compte.”
En conclusion, Elias Van Marcke, de Dryade, note que “la poursuite de l’expansion de l’infrastructure de gaz fossile va peser sur les tarifs de réseaux, ce qui menace de surtout frapper les ménages les plus vulnérables. La baisse de la demande de gaz entraîne une augmentation des tarifs de réseau pour continuer à financer l’amortissement de l’infrastructure. Cela inciterait encore plus d’utilisateurs à se détourner du gaz. Mais les utilisateurs les plus en retard seraient les moins riches en capital et c’est à eux que reviendraient la plus grosse facture.”