Un bateau, des dizaines de kayaks, ainsi qu’un grand dispositif représentant un tanker surmonté de Poutine et Trump, empêchent actuellement l’arrivée de tankers de GNL dans le terminal gazier de Fluxys à Zeebrugge. Greenpeace dénonce par cette action la dépendance croissante européenne en gaz fossile russe et américain. Les importations de gaz liquéfié (GNL) russe ne cessent d’augmenter depuis l’invasion russe en Ukraine, le port de Zeebrugge en étant la principale porte d’entrée en Europe. Et les gouvernements européens se tournent toujours plus vers le gaz de schiste de Trump, nous enfonçant dans un cauchemar climatique et géopolitique.

Blockade against Putin’s and Trump’s Gas at the Zeebrugge Terminal in Belgium. © Eric De Mildt / Greenpeace
Des activistes de Greenpeace Belgique bloquent l’entrée du terminal gazier de Zeebrugge. © Eric De Mildt / Greenpeace

Cet après-midi, plus de 70 activistes, originaires de 17 pays, ont participé au blocage de l’entrée du terminal gazier de Fluxys à Zeebrugge, à bord de kayaks et du Witness, un bateau de l’ONG. Les activistes de Greenpeace Belgique ont installé une structure gonflable de 10 mètres de long représentant Trump et Poutine sur un méthanier. Leur présence empêche l’arrivée de tout nouveau méthanier dans le terminal. 

“En signant des contrats gaziers qui nous lient pour des décennies à la Russie et aux États-Unis, l’Europe remet en fait les clés de la politique mondiale à des personnalités telles que Trump et Poutine” déplore Nadia Cornejo, porte-parole de Greenpeace Belgique, présente sur place. “Car le gaz fossile est aujourd’hui un moyen de pression important qui permet à ces dangereux autocrates de renforcer leur pouvoir. Il accélère en outre la crise climatique. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations et autres phénomènes météorologiques extrêmes auxquels nos sociétés sont déjà confrontées ne feront qu’empirer si nous ne mettons pas fin à notre dépendance au gaz.”

Des milliards qui financent les autocrates 

Dans une nouvelle analyse, Greenpeace Belgique met en exergue la double dépendance de l’UE à l’égard du GNL russe et américain, ainsi que le rôle central joué par la Belgique. 

Alors que la guerre fait rage en Ukraine, le terminal gazier de Zeebrugge, détenu par Fluxys, est aujourd’hui le plus gros point d’entrée de GNL russe dans l’UE. Un quart du volume total de GNL russe arrivant en Europe y transite. Au cours du premier semestre 2025, 3,3 milliards de mètres cubes de GNL russe ont été importés via le terminal de Zeebrugge, qui est donc bien parti pour battre son record d’importation sur une année (6,1 milliards de mètres cubes sur l’année 2023). Selon les calculs de Greenpeace, le contrat qui lie Fluxys, le gestionnaire gazier belge, à Yamal LNG a rapporté 9,5 milliards de dollars en recettes fiscales à l’État russe entre 2022 et 2024. Une somme colossale qui alimente donc directement le trésor de guerre de Poutine.

Le rapport souligne également qu’entre 2022 et juin 2025, la France, l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas ont dépensé ensemble davantage pour le GNL russe (34,3 milliards d’euros) qu’elles n’ont fourni d’aide bilatérale à l’Ukraine (21,2 milliards d’euros) au cours de la même période. Pour la Belgique seule, cela représente 6,21 milliards contre 3,2 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine.


En parallèle, Donald Trump fait ouvertement pression sur l’UE pour qu’elle achète davantage d’énergies fossiles américaines. Dans un deal insensé, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est engagée à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine au cours des trois prochaines années. De plus en plus de contrats sont signés par des entreprises européennes pour des importations de GNL américain, avec pour conséquence l’extension et la création d’infrastructures d’extraction et de liquéfaction de gaz de schiste aux Etats-Unis. Si les contrats sont honorés, cela portera la capacité de production maximale totale des Etats Unis à 439 milliards de mètres cubes de GNL par an d’ici 2031. “Il s’agit d’un drame environnemental et climatique, mais également géopolitique puisque l’Europe se met directement à la merci de Trump et ses alliés dans des contrats qui nous engagent sur 15 ou 20 ans”, poursuit Nadia Cornejo.

L’indépendance par le renouvelable 

Cette action de Greenpeace intervient à un moment crucial. L’UE discute en effet actuellement du 19ième train de sanctions à l’égard de la Russie et de ses objectifs climatiques pour l’horizon 2040, en prévision de la COP 30 à Belém, au Brésil.

Greenpeace demande : 

  • l’adoption et la mise en œuvre rapide du plan REPowerEU et de sa feuille de route visant à mettre fin aux importations d’énergie russe, 
  • l’arrêt de nouveaux contrats d’approvisionnement en GNL américain,
  • un engagement de l’UE et de ses États membres à sortir progressivement du gaz fossile d’ici 2035, en commençant par mettre fin à tous les investissements publics dans les projets liés aux combustibles fossiles et l’interdiction à l’échelle de l’UE de tous les nouveaux projets d’infrastructures liés aux combustibles fossiles.

“Au lieu de s’enfoncer dans une double dépendance fossile, l’Union européenne doit accélérer le déploiement des énergies renouvelables locales” conclut Nadia Cornejo. “La souveraineté énergétique de l’UE est cruciale pour s’affranchir du bloc d’autocrates tels que Poutine et Trump, et les énergies renouvelables constituent le moyen le plus rapide et le moins coûteux d’y parvenir.”