(Tokyo) – La crise de l’eau nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi a été aggravée par de multiples défaillances techniques et des prises de décision erronées, motivées par une volonté de réductions de coûts à court terme par le gouvernement japonais et TEPCO, conclut une nouvelle analyse de Greenpeace Allemagne. Le rapport détaille comment le projet de décharge de plus d’un million de tonnes d’eau hautement contaminée dans l’océan Pacifique a été proposé par le même groupe de travail gouvernemental qui a ignoré d’autres options qui auraient pourtant permis d’éviter cette nouvelle menace de contamination de l’océan.

«La décision de ne pas développer de processus de traitement de l’eau pouvant éliminer le tritium radioactif a été motivée par un désir de réduction des coûts à court terme et non par la protection de l’océan Pacifique, la santé et les moyens de subsistance des communautés de la côte de Fukushima, a déclaré Kazue Suzuki, responsable de la campagne pour l’énergie chez Greenpeace Japon. Nous avons évoqué la crise de l’eau avec l’Organisation maritime internationale des Nations Unies et nous sommes solidaires avec les communautés locales, en particulier les pêcheries, qui sont fermement opposées à tout projet visant à rejeter de l’eau contaminée dans leurs lieux de pêche.»

Le rapport conclut que la crise de l’eau reste non résolue et le restera pour encore un moment. La seule option viable pour protéger l’environnement et les communautés de la côte de Fukushima est le stockage à long terme de l’eau contaminée.

L’option de rejet d’eaux contenant de fortes concentrations de tritium radioactif a été recommandée par le Groupe de travail gouvernemental sur les eaux tritiées et promue par l’Autorité de réglementation nucléaire (ANR) du Japon. Le groupe de travail a conclu en 2016 que «les rejets en mer coûteraient 3,4 milliards de yens (30 millions de dollars US) et dureraient sept ans et quatre mois. Il a conclu que cette méthode était la moins chère et la plus rapide.»

Toutefois, plusieurs sociétés nucléaires ont soumis à ce même groupe de travail gouvernemental des propositions techniques visant à éliminer le tritium, pour un coût estimé entre 2 et 20 milliards de dollars (US) et entre 50 et 180 de dollars (US) milliards en fonction de la technologie utilisée. Ceux-ci ont été rejetés comme non viables, mais sans considération technique détaillée.

TEPCO affirme depuis 2013 que sa technologie ALPS pourrait ramener les niveaux de radioactivité «à des niveaux inférieurs au niveau autorisé pour des rejets». Cependant, en septembre 2018, TEPCO a admis que le traitement de plus de 800 000 tonnes d’eau contaminée dans 1 000 réservoirs de stockage, y compris du strontium, n’avait pas réussi à éliminer la radioactivité en deçà des limites réglementaires, y compris pour le strontium 90, un radionucléide ostéotrope qui augmente les chances de cancer. TEPCO était au courant de l’échec de la technologie à partir de 2013. Le rapport de Greenpeace détaille les problèmes techniques liés au système ALPS.

Le site de Fukushima Daiichi, en raison de son emplacement, est soumis à une contamination massive des eaux souterraines que TEPCO n’a pas pu empêché non plus. Chaque semaine, 2000 à 4 000 tonnes supplémentaires d’eau contaminée sont ajoutées aux réservoirs de stockage.

«Le gouvernement japonais et TEPCO se sont fixés pour objectif de « résoudre » la crise de l’eau radioactive d’ici 2020 – ça n’a jamais été crédible. TEPCO a finalement admis que sa technologie ALPS n’avait pas permis de ramener les niveaux de strontium et d’autres radioactifs dangereux au-dessous des limites réglementaires, a déclaré Shaun Burnie, spécialiste nucléaire de Greenpeace Allemagne. La réalité est que la crise de l’eau à Fukushima n’est pas terminée, qu’elle est aggravée par de mauvaises décisions prises par TEPCO et le gouvernement. Rejeter ces eaux dans le Pacifique est la pire option et doit être exclue. La seule option viable, et ce n’est pas sans risque, est le stockage à long terme de cette eau dans des réservoirs en acier robustes au moins pour le prochain siècle et le développement parallèle de la technologie de traitement de l’eau.»

Les bureaux de Greenpeace appellent le gouvernement et TEPCO à réévaluer de toute urgence les options en matière de gestion à long terme des eaux hautement contaminées à Fukushima Daiichi. La protection de l’environnement et des intérêts des personnes en première ligne – les communautés et les industries de la pêche de la côte pacifique de Fukushima – devrait être au coeur de toutes décisions futures.

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Notes explicatives concernant la crise de l’eau et TEPCO peuvent être consultées ici (en anglais).

 

Pour plus d’informations, contactez:

Philippa Duchastel de Montrouge, conseillère aux communications, Greenpeace Canada

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Shaun Burnie, senior nuclear specialist, Greenpeace Allemagne

[email protected]; +49 151 6432 0548

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