Québec, le 26 mars 2019 – Le gouvernement Legault a annoncé ce matin que le Québec demeurerait dépendant à 95 % du gaz fossile (provenant majoritairement de la fracturation) à l’horizon 2025.  En effet, le nouveau règlement fixe à 1 % en 2020 et à 5 % en 2025 le seuil minimal de gaz naturel renouvelable (GNR) dans les réseaux de distribution . Pour les groupes environnementaux tels que l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, Greenpeace Canada et Nature Québec, ainsi que les initiatives citoyennes la Fondation Coule pas chez nous, le Mouvement écocitoyen UNEplanète et le Pacte pour la transition, « c’est donc dire qu’à l’heure de l’urgence climatique, le Québec se contente de mesurettes qui n’ont aucune commune mesure avec ses propres cibles de réduction de GES et le marketing vert de la compagnie Énergir, anciennement Gaz Métro. »

5 % ou les deux tiers  ?

On ne peut qu’être surpris du faible objectif de contenu en GNR dans le nouveau règlement alors que le principal distributeur de gaz au Québec, Énergir, claironne que « 2/3 du gaz naturel pourraient être de source renouvelable au Québec dès 2030 ». De deux choses l’une, soit le Québec est trop timide, soit Énergir a gonflé les chiffres sur la base de scénarios hypothétiques. Rappelons que le gaz naturel renouvelable est issu de la décomposition de matières organiques en l’absence d’oxygène (biométhanisation).

L’annonce de ce matin est incohérente avec les cibles de réduction des gaz à effet de serre du Québec qui sont de 20 %  pour 2020 et 37,5% pour 2030 par rapport à 1990. Les faibles exigences dans le secteur du gaz fossile forceront des réductions très fortes dans les autres secteurs mais surtout des achats massifs de crédits carbone à l’étranger, si le Québec veut maintenir quelque espoir d’atteindre ses cibles de réduction. Ne devrait-on pas pas plutôt investir massivement dans la décarbonisation de notre économie ?

136 lobbyistes pour Énergir. Ceci explique cela ?

Il est difficile de ne pas faire de lien entre l’annonce de ce matin, qui pourrait donner une belle image au gaz naturel à peu de frais pour les distributeurs et la présence sur le terrain de 136 lobbyistes inscrits au registre par la compagnie Énergir. Plusieurs de leurs mandats ont pour but de convaincre les élu.e.s et les fonctionnaires de soutenir le développement du gaz naturel pour le camionnage, le transport maritime, le transport des personnes, ou encore la construction de stations-service offrant du gaz naturel. L’un des mandats, portant le numéro 772, a pour but de « sensibiliser » les interlocuteurs municipaux et gouvernementaux « afin de favoriser la plus grande couverture possible du réseau gazier sur le territoire de la province de Québec ». Ce mandat vise tous les députés, 8 ministres, 345 municipalités, 39 MRC, les associations municipales du Québec, 23 centres hospitaliers, CISSS et CIUSSS ainsi que la Fédération des commissions scolaires du Québec.

Enfin, il est difficile selon les groupes de ne pas voir le contraste entre la présence de plus de 99 % de gaz fossile dans les pipelines gaziers d’Énergir (aujourd’hui) et les campagnes publicitaires d’Énergir au Québec, où les énergies renouvelables occupent presque toute la place sans qu’il soit précisé que la compagnie exploite ces filières presque exclusivement aux États-Unis.

Citations

Christian Simard, directeur général de Nature Québec

« L’argent du Fonds Vert doit aller à la décarbonisation de notre économie et non pas à financer la distribution de gaz fossile sous prétexte qu’un jour peut-être, dans 50 ans, une partie du tuyau pourrait transporter de l’énergie renouvelable. Dans 50 ans, il sera trop tard. »

André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)

« Dans le contexte de la crise climatique qui s’intensifie et s’accélère le gouvernement du Québec doit agir de façon responsable et imposer une réduction drastique de l’utilisation du gaz fossile. Le gaz fossile, ou gaz de schiste, ne représente nullement une forme de transition positive souhaitable pour le climat. Bien au contraire, il est aussi polluant que le charbon.  C’est vers la réduction de la consommation d’énergie en général qu’on doit se tourner. L’hydroélectricité et les énergies vertes doivent être les énergies de transition. »

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada

« Cette annonce n’est qu’un écran de fumée visant à détourner l’attention du fait que la Politique énergétique du Québec donne une place de choix au gazgaz alors que l’urgence climatique exige qu’on la diminue drastiquement. Un maigre 5 % de gaz renouvelable ne devrait berner personne quant au fait que la majorité du gaz consommé au Québec est du gaz de la fracturation, un procédé dont les impacts environnementaux sont dévastateurs. Il faut rapidement remplacer le gaz fossile par des économies d’énergie et par les énergies à 100 % renouvelables et malheureusement le gouvernement ne propose aucun plan en ce sens. »

Dominic Champagne, instigateur du Pacte pour la transition

« Nous sommes à l’heure de choix importants qui nous obligent à une véritable transition énergétique au service de l’intérêt collectif et de la suite de notre monde. Depuis des années, l’opinion publique, s’appuyant sur de multiples démonstrations scientifiques, a clairement manifesté son opposition envers le gaz de schiste au Québec. Le masque vert du gaz naturel « renouvelable » ne doit pas servir d’écran de fumée à un enfoncement accru dans le gaz naturel qui demeure une source importante d’émission de GES. Nous avons le devoir et l’obligation de réduire de 50 % nos émissions d’ici 2030. À l’heure de l’urgence climatique, la raison scientifique et le gros bon sens exigent que l’on s’éloigne, partout où c’est possible, des sources d’énergie sale que l’on importe à grands frais pour les remplacer par de l’énergie propre produite ici. »

Carole Dupuis, mouvement Écocitoyen UNEplanète

« La faible quantité de gaz naturel renouvelable qu’il sera possible de produire à partir des matières organiques résiduelles du Québec devra être dirigée vers les industries dont les procédés dépendront encore du gaz naturel et non être versée dans le réseau d’Énergir pour verdir son image.  »

Pascal Bergeron, Fondation Coule pas chez nous

«Énergir doit renoncer à sa campagne de sollicitation auprès des ménages qui chauffent à l’électricité. Le plancher de 5 % de gaz naturel renouvelable dans 5 ans ne nous fera pas oublier que les 95 % restants sont largement issus de la fracturation, qu’ils détruisent la santé et l’eau potable des populations, notamment autochtones, qui vivent autour des gisements en amont, en Alberta et en Colombie-Britannique. »

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Pascal Bergeron
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