Un logement adéquat est synonyme de sécurité. Il permet de se reposer et de se ressourcer. Mais plus de 2,8 milliards de personnes ne vivent pas dans des domiciles qui répondent à leurs besoins fondamentaux.
Leurs foyers ne sont peut-être pas approvisionnés en eau potable, en électricité ou en énergie pour cuisiner et se chauffer. Il arrive qu’ils ne puissent pas leur offrir une sécurité physique ou les protéger du froid, de l’humidité, de la chaleur, de la pluie ou du vent. Et ils sont parfois situés dans des endroits pollués ou dangereux.
Les personnes qui n’ont pas de logement convenable sont les plus durement touchées par les catastrophes naturelles telles que les inondations, les feux de forêt et les tempêtes importantes, ce qui est profondément injuste. Pourquoi? Car elles vivent souvent dans des pays ou des communautés qui ont le moins contribué aux changements climatiques.
Les changements climatiques exacerbent la crise du logement, et la façon dont nous construisons et utilisons les domiciles aggrave les changements climatiques à son tour. Nous ne pouvons pas résoudre l’un de ces problèmes sans régler l’autre.
Les changements climatiques exacerbent la crise du logement
Les changements climatiques se traduisent par des conditions météorologiques de plus en plus éprouvantes. Les vagues de chaleur, les inondations, les tempêtes violentes et les incendies de forêt se multiplient. Ces phénomènes extrêmes endommagent et même détruisent de plus en plus d’habitations.
Un énorme incendie de forêt baptisé « The Beast » (la bête) a ravagé la ville albertaine de Fort McMurray en 2016. Il a détruit plus de 2 400 bâtiments et contraint 88 000 personnes à évacuer leur demeure. L’ouragan Harvey a endommagé plus de 300 000 domiciles au Texas en 2017. Les précipitations de la mousson au Pakistan ont provoqué les inondations les plus graves de l’histoire du pays en 2022. Elles ont submergé un tiers du pays et endommagé deux millions d’habitations.
Avec la montée du niveau des mers due aux changements climatiques, l’eau recouvre peu à peu les terres habitées. D’ici 2050, les domiciles d’un milliard de personnes vivant aujourd’hui près des côtes et sur de petites îles seront menacés.

Un impact inégal
Les changements climatiques n’affectent pas tout le monde ou leur droit à un logement convenable de la même manière. Certains groupes sont plus touchés que d’autres, comme les ménages et les pays à faible revenu, les personnes noires, autochtones et racisées, les femmes, les populations 2SLGBTQIA+ et les individus en situation de handicap.
Ces communautés vivent plus fréquemment dans des zones vulnérables aux inondations, aux ouragans et aux cyclones, aux tempêtes, aux coulées de boue, aux tremblements de terre et aux tsunamis. Elles peuvent avoir plus de mal à se mettre à l’abri en cas d’urgence. Il arrive aussi que leurs logements soient moins résistants aux effets des changements climatiques, comme le fait de ne pas avoir d’air conditionné en période de canicule.
Il est également difficile de rester au frais et en sécurité pendant une vague de chaleur sans espaces verts à proximité. Les parcs et les arbres contribuent à rafraîchir les villes, mais les communautés à faible revenu ont souvent moins d’arbres d’endroits à l’ombre.
Chaque personne mérite de vivre dans un quartier où son logement et son environnement lui permettent de rester en sécurité alors que la planète se réchauffe.
De nombreuses communautés autochtones au Canada sont très éloignées sur le plan géographique, notamment celles de la nation Dene dans les Territoires du Nord-Ouest. Elles courent un plus grand risque de perdre leurs maisons et leurs collectivités en raison des effets des changements climatiques. Près de 70 % des personnes vivant dans les Territoires du Nord-Ouest ont été évacuées de leur domicile à la suite de feux de forêt au cours de l’été 2023.
Bâtir de meilleurs logements
Nous devons commencer à construire davantage de domiciles capables de protéger les gens des pires effets des changements climatiques, par exemple en évitant de les édifier sur des plaines inondables. Nous avons également besoin de logements dont l’approvisionnement énergétique ne dépend pas des combustibles fossiles, et ce, afin de ne pas contribuer à l’aggravation des changements climatiques.
Nous utilisons des combustibles fossiles pour chauffer nos maisons et produire l’électricité qui fait fonctionner nos lumières et nos appareils ménagers. L’énergie utilisée pour bâtir et alimenter l’ensemble des bâtiments sur Terre est à l’origine d’environ 37 % de la pollution mondiale par le dioxyde de carbone.
Alors que nous opérons une transition vers des logements plus écologiques, nous ne pouvons laisser personne pour compte.
Une transition juste

Germany. © Paul Langrock / Greenpeace
Nous pouvons rénover les anciennes constructions pour améliorer leur rendement énergétique. C’est ce qu’on appelle la modernisation des bâtiments. Il peut s’agir d’installer des panneaux solaires sur une maison ou de remplacer des appareils au gaz par des appareils électriques.
La modernisation des bâtiments permet de réduire le coût de leur approvisionnement en énergie et de leur entretien au fil du temps. Elle peut également les rendre plus résistants aux effets des changements climatiques, par exemple en améliorant l’isolation ou les systèmes de refroidissement.
Cependant, les personnes à faible revenu ne sont pas forcément en mesure de moderniser leur logement, même si elles en tireraient le plus de bénéfices.
Les gouvernements doivent faire leur part
Le travail à accomplir est trop important pour que les entreprises et les particuliers puissent s’en charger seuls. Les gouvernements doivent jouer un rôle de premier plan dans la construction d’un nombre suffisant de domiciles pour loger convenablement l’ensemble de la population. Ces logements doivent être suffisamment robustes pour résister aux changements climatiques tout en évitant de les aggraver.
La responsabilité de certains gouvernements, comme celui du Canada, ne doit pas se limiter au logement dans leur propre pays. Les pays du Nord génèrent plus de pollution par les gaz à effet de serre que ceux du Sud, mais ce sont ces derniers qui sont les plus touchés par les changements climatiques.
La bonne nouvelle? Il existe des solutions aux crises du logement et du climat, et la meilleure façon de trouver des solutions qui fonctionnent pour tout le monde est d’impliquer les personnes les plus fortement exposées aux impacts des changements climatiques. Leurs points de vue, leurs connaissances et leur vécu expérientiel sont les clés de la guérison de la planète et de l’accès au logement pour chacune et chacun d’entre nous.