Si le projet est approuvé par le cabinet de Justin Trudeau en février 2020, Teck Frontier sera l’une des plus grandes mines de sables bitumineux jamais creusées.

Photo Louis Bockner / Sierra Club BC

Jakarta est sous l’eau, l’Australie brûle. Les événements météorologiques extrêmes, alimentés par la crise climatique, se font de plus en plus nombreux et plus intenses. Il semble inconcevable que les gouvernements continuent de considérer de nouveaux projets pétroliers qui ne feraient qu’ajouter de l’huile sur le feu. C’est pourtant exactement ce que fait le Canada avec Teck Frontier.

Si elle voyait le jour, la mine Teck Frontier serait l’une des plus vastes (si ce n’est la plus vaste) mines de sables bitumineux jamais exploitées. Teck Frontier, c’est 40 nouvelles années d’émissions de gaz à effet de serre, soit bien au-delà de ce que nous pouvons encore nous permettre de rejeter dans l’atmosphère si nous espérons stabiliser le climat. Et le gouvernement de Trudeau doit approuver ou rejeter ce projet d’ici la fin du mois de février. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de cesser d’investir dans les énergies fossiles?

Ce projet fait l’objet de critiques et d’une opposition intenses de la part des communautés, y compris au sujet des ententes sur les répercussions et les avantages signées avec les Premières Nations. En effet, les dommages environnementaux que la mine causerait sur la forêt boréale et la faune, dont certaines espèces sont déjà  menacées, enfreignent leurs droits de chasse, de pêche et de piégeage garantis par la Constitution. 

La décision concernant le projet de méga-mine Teck Frontier est le premier test de l’engagement climatique du nouveau gouvernement libéral minoritaire. C’est aussi une décision cruciale en termes de respect des droits des Premières Nations. Lors des élections fédérales d’octobre dernier, les deux tiers des Canadien·nes ont voté pour le climat. La question est de savoir si les libéraux nous offriront des mesures concrètes le mois prochain.

En septembre 2018, Mike Hudema avait assisté aux premières audiences sur le projet de Teck.

En raison des émissions de gaz à effet de serre (GES) que cette mine génèrerait, l’Alberta dépasserait le soi-disant « plafond d’émissions des sables bitumineux ». Par la même occasion, il deviendrait alors presque impossible pour le Canada de respecter ses engagements internationaux en termes de réduction des émissions de GES.

La construction de la mine Teck Frontier impliquerait la création d’un énorme lac de résidus toxiques qui viendrait s’ajouter à plus d’un milliard de litres de résidus de sables bitumineux toxiques déjà existants en Alberta. Le coût de ce nettoyage est estimé à 45 milliards de dollars, un chiffre en constante augmentation.

Dans un monde rationnel, ce projet n’aurait pas lieu d’être. Il va à l’encontre de la législation de l’Alberta sur les émissions de GES. Il n’est pas conforme à la science qui dit que nous ne pouvons plus construire de nouveaux projets de combustibles fossiles si nous espérons stabiliser le climat, alors même que nous subissons déjà les conséquences de la crise climatique.

Nous avons encore un mois pour montrer au gouvernement fédéral notre opposition à ce projet destructeur. Le cabinet de Justin Trudeau doit rendre sa décision sur ce projet d’ici la fin février 2020. Cette décision est le premier test climatique pour le nouveau gouvernement libéral depuis son élection en octobre 2019. Nous comptons sur vous pour lui montrer le droit chemin sans plus tarder.

Cet article de blog a fait l’objet d’une première publication en anglais en septembre 2018 et a été traduit et mis à jour en janvier 2020.