Honorables Sénatrices et Sénateurs,
Mesdames et messieurs les Députés,
Il me fait plaisir de vous accueillir à cette 43e législature du Parlement canadien.
Il y a six mois, la Covid-19 a changé nos vies d’une manière qui aurait été difficile à imaginer au début de 2020. L’impact économique et social de cette crise a été foudroyant. Les pertes de vie ont été terribles.
Mais la population canadienne a relevé le défi. Nos responsables politiques ont déployé tous les outils à leur disposition, à tous les paliers de gouvernement, pour assurer notre sécurité et notre bien-être. L’alarmisme a fait place à un élan de compassion.
Bien que la vigilance soit encore de mise en cas de deuxième vague, nous faisons maintenant les premiers pas vers la planification de notre relance.
Il s’agit d’un moment crucial pour l’avenir de notre pays
La pandémie a révélé les côtés sombres de notre société. Elle a fait ressortir des réalités cachées sous nos yeux. Les femmes, les communautés noire et autochtone, ainsi que les personnes racialisées et à faible revenu, ont été parmi les plus vulnérables et durement touchées. Des millions de personnes ont eu de la difficulté à soutenir leur famille en raison des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois. À ce choc initial est venu s’ajouter un été torride, marqué par des vagues de chaleur et des incendies certainement liés aux changements climatiques.
Comme l’a affirmé le premier ministre : « Les moments de crise devraient toujours être une occasion de réfléchir : pouvons-nous changer le système pour faire mieux? »
Je sais que nous le pouvons. Je sais que nous le devons.
C’est en transformant cette tragédie en un monde meilleur que nous honorerons la mémoire des Canadiens et des Canadiennes qui ont perdu leur vie. Nos efforts n’auront pas été vains.
Les gouvernements du monde entier, y compris le nôtre, injecteront des sommes d’argent plus importantes que jamais afin de relancer durablement l’économie. Il s’agit d’une occasion inédite de bâtir une société plus forte.
Comme nous l’avons déjà affirmé, la crise sanitaire ne doit pas être un prétexte pour négliger la crise environnementale. Nous ne pouvons pas non plus ignorer la « récession au féminin » et plusieurs siècles de colonisation et de racisme systémique. Sondage après sondage, nous
constatons que la population canadienne veut du changement. C’est une invitation à prendre soin de notre prochain et de notre planète dès maintenant.
Nous avons promis une relance juste et verte, et nous avons la ferme intention de tenir parole.
Améliorations au filet de sécurité sociale.
Afin de répondre au plus vite aux besoins immédiats des Canadiennes et des Canadiens nous devons maintenir cet élan de compassion national et nous devons nous doter de politiques de sécurité sociale susceptibles de combler les lacunes révélées durant la pandémie :
- Entre autres mesures destinées à réduire les écarts de revenus, il faudra avant tout offrir des salaires décents et une allocation universelle destinée aux personnes les plus vulnérables.
- Nous souhaitons établir un programme national de services de garde pour favoriser la participation des femmes au marché du travail. Il ne peut y avoir de relance économique sans elles.
- Nous souhaitons également établir un programme d’assurance-médicaments national, afin que personne ne doive se ruiner pour rester en santé.
- Enfin, nous souhaitons remédier aux problèmes de sécurité d’emploi, en améliorant notamment les conditions de travail du personnel soignant, et en offrant des congés de maladie minimaux et universels dans tout le pays.
- Les valeurs à la base de notre système économique doivent nous aider à bâtir un Canada plus moderne et humain.
Protection de l’environnement
Le filet de sécurité sociale est plus important que jamais en contexte d’urgence climatique. Au même titre que la Covid-19, les changements climatiques sont susceptibles d’affecter plus durement les personnes en situation précaire.
C’est pourquoi nous accélérerons la mise en œuvre de nos engagements en matière de climat et légiférerons pour atteindre la pleine décarbonisation du Canada en 2040. Pour atteindre cet objectif, nous élaborerons la Stratégie de décarbonisation 2040 en collaboration avec les provinces et les municipalités. Cette feuille de route détaillée posera les jalons d’une économie fondée à 100 % sur les énergies vertes. Elle favorisera les investissements dans les secteurs solaire, éolien, géothermique et la filière de l’hydrogène propre, pour ne nommer que ces exemples.
Cette Stratégie de décarbonisation doit contribuer à améliorer notre qualité de vie. C’est pourquoi nous l’accompagnerons de mesures destinées à rendre nos collectivités plus saines et viables, telles que :
- l’expansion des infrastructures piétonnes et cyclables;
- le financement de transports en commun électriques et accessibles, pouvant nous mener à destination gratuitement ou à faible coût;
- l’interdiction de vente de véhicules à combustion neufs d’ici à 2030, avec un soutien à la transition industrielle et à la création d’emplois dans le secteur des véhicules électriques;
- la construction de logements sociaux ou abordables, à faible empreinte carbone et destinés principalement aux communautés Autochtone, racialisées ou à faible revenu, et l’amélioration conséquente du code du bâtiment.
Le Canada a un énorme potentiel d’innovation en matière d’ingénierie, de science et de technologie. Utilisons-le à bon escient!
De plus, notre pays abrite une variété étonnante de forêts, de réserves d’eau douce et d’espèces marines. Ces écosystèmes stockent une quantité massive de carbone. Pour préserver leur capacité à rendre ce service essentiel, nous devrons respecter notre engagement de protéger 30 % des sols, des océans et des réserves d’eau douce d’ici à 2030.
- Nous investirons et créerons des emplois dans la réhabilitation d’écosystèmes vitaux, tels que les forêts dévastées par les incendies, les bassins versants assurant notre approvisionnement en eau potable, le littoral exposé à la hausse du niveau des océans, et les milieux humides nous protégeant des inondations.
- Nous assurerons la sécurité alimentaire de la population en investissant dans l’agriculture communautaire et en soutenant les emplois de l’agriculture régénérative. Nous renforcerons notre système agroalimentaire en transformant les exploitations industrielles non durables en petites fermes plus résilientes.
- Nous prendrons diverses mesures pour mettre fin au modèle de consommation « extraire, fabriquer, jeter ». Afin de bâtir une économie véritablement circulaire, nous bannirons les objets de plastique à usage unique et encouragerons l’innovation en matière de chaînes d’approvisionnement zéro déchet.
La Terre est essentielle à notre survie. Nous devons unir nos forces pour la protéger. Cet objectif doit figurer au cœur de notre politique étrangère et intérieure.
Droits des femmes, des Peuples autochtones et des personnes racialisées
Notre gouvernement doit prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux séquelles du sexisme, du racisme et de la colonisation. Cet enjeu lié à nos valeurs est également un enjeu budgétaire.
La situation actuelle apparaît comme une « récession au féminin », puisque les femmes doivent assumer l’essentiel des pertes économiques dues à la pandémie. En mars 2020, cela représentait 70 % de toutes les pertes d’emploi de la tranche de population âgée de 25 à 54 ans. C’est pourquoi nous devons prendre des mesures pour garantir un salaire égal et une meilleure sécurité d’emploi, comme dans le secteur de la santé où les femmes sont surreprésentées, en portant une attention plus particulière aux femmes racialisées ou migrantes. Nous considérons ces emplois comme des services essentiels et à faible empreinte carbone. Nous prévoyons également soutenir les entreprises dirigées par des femmes, les entreprises d’économie sociale et les organismes de bienfaisance, et appliquer des critères de genre à toutes les politiques de relance ou de création d’emplois associées à la Covid-19.
Par la même occasion, ce gouvernement agira de bonne foi pour assurer le respect des droits des Peuples autochtones, en établissant des partenariats de nation à nation. Nous n’avons pas fait notre part jusqu’ici, et nous nous engageons à faire mieux en assurant un approvisionnement régulier en eau potable et en faisant construire des logements dans toutes les collectivités concernées.
Nous mettrons immédiatement en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, ainsi que les appels à la justice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous ratifierons et appliquerons la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, y compris l’article 32 portant sur le consentement donné librement et en connaissance de cause, avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires. Les projets de loi non conformes à ces obligations ne pourront pas être adoptés.
Notre quête de justice ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Les décès tragiques de Regis Korchinski-Paquet, D’Andre Campbell et de trop nombreuses personnes noires exigent que le Canada réforme ses institutions en profondeur pour mettre fin au racisme systémique. Cela implique de réduire le budget de la Gendarmerie royale du Canada, et de réinvestir des fonds dans les programmes de santé mentale et autres programmes pour les communautés racialisées.
Nous préciserons les modalités d’accès à la citoyenneté canadienne et assurerons de meilleures conditions d’emploi aux personnes migrantes, qu’il s’agisse des travailleurs et travailleuses agricoles ou des « anges gardiens » qui prennent soin de nos aînés, partout au pays. Ces mesures seront non seulement une façon de leur dire merci, mais une façon de garantir leur droits bien mérités.
Des mesures fiscales pour passer de la parole aux actes
Si vous trouvez que ce programme est ambitieux, vous avez raison! Les prochains mois et les prochaines années changeront nos vies au même titre que l’adoption d’un système de santé universel a pu le faire dans le passé. Pour atteindre nos objectifs, nous établirons un impôt sur la fortune et interdirons le recours au paradis fiscaux. Nous cesserons de subventionner l’industrie fossile et obligerons les grands pollueurs à payer leur juste part des efforts de lutte aux changements climatiques.
Nous devons reconnaître que les cours mondiaux du pétrole ont considérablement évolué. Le prix du pétrole canadien est en baisse constante depuis plusieurs années, tandis que les projets d’énergies vertes ont le vent dans les voiles. Même les plus importantes compagnies pétrolières comme BP prévoient que la demande en pétrole va décroître dans les prochaines années. Pour les Canadiens et Canadiennes, l’industrie fossile n’est plus une locomotive économique et un pari aussi sûr qu’auparavant. Nous devons faire preuve de réalisme face à cette nouvelle réalité commerciale.
À cet effet, nous avons décidé d’annuler le projet d’expansion du pipeline Trans Mountain. Les millions de dollars ainsi libérés pourront transformer le Canada en un chef de file des énergies propres et mieux positionner l’Ouest canadien sur les marchés d’avenir. Nous accorderons la priorité à la requalification professionnelle et ferons en sorte que les travailleurs et travailleuses en transition bénéficient d’un revenu décent. Nous faciliterons leur réinsertion dans les industries éolienne, solaire, géothermique et de l’hydrogène, où leurs compétences sont en forte demande.
Si la Covid-19 nous a enseigné une chose, c’est que notre économie ne peut pas être gérée en vase clos.
Cette 43e législature doit être l’occasion de surmonter nos différences et de nous retrousser collectivement les manches, afin d’aplanir les courbes de la Covid-19, des inégalités sociales et des émissions de gaz à effet de serre. Les défis que nous devons surmonter, et la détermination qui nous anime, sont plus grands que les enjeux qui nous divisent.
Chers collègues parlementaires, la population canadienne compte sur vous. Soyons à la hauteur de la situation et reconstruisons un meilleur pays.
Mesdames et Messieurs les Députés, vous serez appelés à voter les crédits nécessaires au financement des services et des dépenses approuvés par le Parlement.
Discussion
Bonsoir! J'aimerais revenir sur deux points de votre texte. • Cette feuille de route détaillée posera les jalons d’une économie fondée à 100 % sur les énergies vertes. Elle favorisera les investissements dans les secteurs solaire, éolien, géothermique et la filière de l’hydrogène propre, pour ne nommer que ces exemples. Pourquoi ne voulez-vous pas d'énergie nucléaire? • l’expansion des infrastructures piétonnes et cyclables; C'est bien beau, mais si je pense à ce qui se passe à Montréal... Pour installer des pistes cyclables, il faut bien sûr occuper une partie des routes. Ainsi, un peu partout à Montréal (je ne prends comme exemple que la rue Christophe Colomb): deux pistes cyclables... Elles font quoi les voitures? Rue St-Hubert, à un moment donné, il y a eu deux espaces de stationnement: un, payant; l'autre, gratuit, pour un maximum de 15 minutes. C'était super, on s'arrêtait en face des magasins dans lesquels nous avions quelque chose à acheter. C'était très bon pour les commerces. Maintenant... Qu'il est donc large l'espace pour les piétons... Mais sur quel nombre de piétons comptez-vous? Presque pas de circulation automobile, donc pas beaucoup de piétons, et des commerces qui vont faire faillite. C'est bien beau l'écologie, mais il faudrait être un peu plus réaliste. Merci de votre attention.
On me ''dit'' que j'ai déjà envoyé ce commentaire... Merci de me le faire voir.
Augmenter le salaire minimum ferait de ces gens une belle vie du moins plus facile !
Faut être réaliste ! Au Québec, ca fait des années que je participe avec GreenPeace.... Pendant qu'on parle du réchauffement de la planète, plusieurs personnes âgées sont pauvres et ont une piètre qualité de vie ! Et moi comme mes collègues à 58 ans à 13.88/hres après 6 ans à cette emploi ! Je sais que c'est triste le Goenland mais notre condition financière et de vie le sont tout autnt. C'est pourquoi je ne peux vous envoyer un don ???? Merci . Chantal Gascon
Chers décideurs, je souhaite vous voir réfléchir, choisir et agir, dès maintenant et de façon constante, à partir avant tout des enjeux environnementaux qui sont au coeur non seulement de la remise en route de notre société mais surtout de la survie de la planète. Greenpeace, le World Economic Forum, le Conference Board du Canada, les Nations Unies sont toutes des voix qui, entre autres, nous incitent à travailler ensemble et au-delà de nos frontières, pour redresser la pente périlleuse sur laquelle nous glissons. En politique, il nous faut de nouveaux discours et surtout de nouveaux agirs: c'est à vous que revient cette mission. Rien de moins ne sera acceptable.
Excellent discours qui couvre de nombreux enjeux auxquels nous faisons face dès maintenant ! Bravo à Mme Firempong pour ce discours inspirant, ambitieux et surtout qui tombe à point pour changer le cours de l'histoire, avec une réorientation de cap dans plusieurs dossiers !! Espérant que ce discours sera entendu. simon
Il est temps d agir pour nos enfants