Jusqu’au tout dernier moment, avant même l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, des bombes ont continué à être lâchées. C’était une ultime démonstration de vengeance pour apaiser une fierté blessée, une dernière mise en scène de ce psychopathe incapable de mettre fin à sa guerre sans un dernier coup d’éclat. Puis, le silence.

Vient ensuite la dévastation. Un océan de chagrin pour Gaza, pour ce qui a été perdu, effacé, anéanti. 92 % de sa population n’a plus de foyer où retourner. Des centaines de corps sont encore retirés des décombres. 58 000 enfants sont désormais orphelins, et Gaza compte plus d’enfants amputés que n’importe quel autre endroit au monde. Il est impossible de décrire une telle souffrance avec des mots.

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Il y a une lueur d’espoir : pour la première fois depuis des mois, 92 personnes ne mourront pas aujourd’hui. Mais on ne peut pas encore parler de paix, juste d’un moment de répit entre deux sanglots.

Et même ces moments sont interrompus, voire volés, car les forces israéliennes continuent de violer les termes de l’accord de cessez-le-feu : 7 Palestiniens ont été pris pour cible et tués alors qu’ils inspectaient les décombres de leurs maisons. Selon certains rapports, jusqu’à dix voitures piégées explosent à distance chaque jour, blessant et tuant encore plus de personnes. Et maintenant, Israël refuse également d’ouvrir le passage de Rafah, réduisant de moitié l’aide convenue dans le cadre du soi-disant accord de « paix ».

En Cisjordanie, la récolte des olives, autrefois une saison de prospérité, est redevenue un champ de bataille où les colons israéliens agressent les agriculteurs·trices sous le regard des soldats qui les protègent. Selon des estimations, les colons israéliens auraient détruit au moins 800 000 oliviers depuis 1967, soit l’équivalent de 33 Central Parks, ce qui rappelle clairement que cette situation ne date pas du 7 octobre 2023. Le règne de l’occupation ne s’arrête jamais. Il change simplement de visage.

Quelques centaines d’otages palestiniens ont été libérés cette semaine conformément à l’accord de cessez-le-feu. Ces personnes ont été arrachées de leur lit, leur hôpital ou leur refuge, sans procès ni dossier, pendant que les médias internationaux fermaient les yeux et choisissaient de ne pas voir. À la fin du mois de septembre, Israël détenait plus de 11 000 Palestiniens de Cisjordanie en prison, dont des milliers sans inculpation, des milliers d’autres en « détention administrative » et des centaines dans la catégorie inventée de « combattants illégaux ». Beaucoup de ceux qui ont été enlevés à Gaza sont toujours portés disparus.

Comment peut-on rester indifférent·e face aux images de ces personnes qui rentrent chez elles après des années d’enfer? Comment peut-on ne pas avoir le cœur brisé en voyant les habitant·es de Gaza fouiller à mains nues dans les décombres de leur ville, à la recherche des dépouilles de leurs proches?

Soyons francs : Israël n’a pas mené de combat à Gaza. Il a détruit Gaza, une maison après l’autre, une rue après l’autre. Israël n’a pas détruit le Hamas, il a détruit la vie elle-même.

Traduction libre : « Le fait que les médias continuent de qualifier la situation à Gaza de « guerre » est délibéré. Refuser de nommer les choses par leur nom revient à les effacer, c’est une autre façon de réécrire l’histoire et d’éviter à Israël d’avoir à rendre des comptes pour les pires crimes contre l’humanité. On continue de blanchir le génocide. »

Ceci n’est pas une métaphore, mais la réalité du génocide. Et ceux et celles qui l’ont célébré, justifié ou nié, ou simplement qualifié de « situation complexe » contribuent à sa réussite. Pas besoin de déclarer ouvertement son soutien au génocide pour y contribuer. Le silence suffit, et le Canada est complice en continuant à vendre des armes à Israël.

Maintenant que les acclamations s’estompent, souvenez-vous des milliers de personnes toujours détenues dans des camps, affamées et torturées. Plus de 87 Palestiniens sont déjà morts dans les camps israéliens depuis le 7 octobre 2023. Ce ne sont pas des « prisonniers ». Ce sont des otages, des personnes capturées par un État qui leur refuse leurs droits, leur humanité et leur parole.

C’est notre silence qui maintient l’existence de ces camps.

Pour que ce cessez-le-feu prenne tout son sens, il doit être plus qu’une simple trêve. Il doit marquer le début de la justice :

  • La fin de l’occupation.
  • La fin de l’apartheid.
  • La remise en état de Gaza, non sous forme de ruines bricolées à coups de dons caritatifs, mais comme un foyer vivant et prospère.
  • La reconnaissance du droit au retour des Palestinien·nes.
  • Et la poursuite en justice à La Haye de tous les auteurs et commanditaires de crimes de guerre.

« Le dernier jour de l’occupation sera le premier jour de paix. »
— Marwan Barghouti

La phrase « plus jamais » ne retrouvera son sens qu’à ce moment-là. Ce n’est que dans ce cadre que le lendemain sera véritablement le premier jour de la paix.

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