Washington DC, États-Unis (25 avril 2025) – Le président Trump a signé hier un décret radical visant à faire progresser les ambitions américaines en matière d’exploitation minière en eaux profondes, aussi bien dans les eaux territoriales qu’ internationales. Cette mesure controversée semble contourner l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) – l’organisme des Nations unies chargé de protéger les grands fonds marins, considérés comme patrimoine commun de l’humanité, et de réguler toute activité d’exploitation minière dans les zones internationales.

Cette démarche unilatérale constitue une attaque frontale contre la coopération multilatérale et le rôle des Nations unies. The Metals Company, une entreprise spécialisée dans l’exploitation minière en eaux profondes, a récemment affirmé son intention de collaborer avec l’administration Trump en dehors du cadre réglementaire établi par l’AIFM. L’objectif : initier l’exploitation minière dans la zone Clarion-Clipperton, dans le Pacifique, au-delà de toute juridiction nationale. Cette annonce a déjà été vivement condamnée par la communauté internationale.

Le décret enjoint au Secrétaire au commerce d’accélérer la délivrance de permis d’exploration et de récupération en vertu de la Deep Seabed Hard Mineral Resources Act (DSHMRA), rompant ainsi avec l’engagement historique des États-Unis envers la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM).

Arlo Hemphill, responsable de campagne pour Greenpeace USA, déclare :

« Nous condamnons fermement cette tentative de contourner le processus de l’ONU pour lancer une industrie destructrice en haute mer. C’est un affront au multilatéralisme et une gifle pour les millions de personnes et de pays opposés à cette industrie à haut risque. »

« Ce décret ne lance pas l’exploitation minière en eaux profondes, il pourrait bien au contraire intensifier l’opposition mondiale. Chaque fois que ce projet a été examiné de plus près, il a été repoussé. Nous appelons à un moratoire mondial pour stopper cette menace à notre patrimoine commun. »

Les États-Unis ont longtemps profité des avantages de la CNUDM, bien qu’ils n’en soient pas signataires. En choisissant aujourd’hui de la saper, l’administration américaine tourne le dos à son rôle de leader dans la gouvernance maritime mondiale.

Arlo Hemphill ajoute :

« C’est un signal clair : les États-Unis ne sont plus un leader en matière de protection des océans, essentiels à toute forme de vie sur Terre. »

Ce décret survient alors que l’AIFM, lors de sa session de mars 2025, a montré une évolution notable : plus de 20 pays ont soutenu la mise en place d’une politique environnementale robuste au sein de l’organisme. De son côté, The Metals Company prévoit de déposer une demande de permis au deuxième trimestre 2025, et envisage un début d’exploitation dès 2027.

Son PDG, Gerard Barron, a publiquement exprimé son intention de contourner les règlements internationaux : « Allez-y, signez votre traité… nous serons prêts. »

Cette annonce intervient alors que les pays préparent la première COP dédiée aux océans, dans le cadre de l’objectif 30×30 (protéger 30 % des océans d’ici 2030). Notons que la délégation américaine a brillé par son absence à cette réunion préparatoire.

L’exploitation minière en eaux profondes constitue également une menace directe pour les écosystèmes marins africains et les communautés côtières qui en dépendent. Plusieurs pays du continent, notamment en Afrique australe et de l’Ouest, se trouvent à proximité de zones potentielles d’extraction où les impacts environnementaux pourraient être dévastateurs: destruction des habitats marins, pollution des eaux, perturbation des pêcheries locales, et atteinte aux moyens de subsistance des populations. Ce décret du gouvernement américain ne représente qu’un exemple parmi d’autres d’une série de décisions unilatérales prises de manière délibérée pour annihiler les progrès accomplis dans la lutte mondiale contre la destruction de l’environnement. En fragilisant les mécanismes de gouvernance internationale et en ignorant les appels mondiaux à la prudence, l’actuelle administration américaine met en péril non seulement les océans, mais aussi les droits et la sécurité des peuples du Sud, souvent en première ligne des crises écologiques.32 pays soutiennent à ce jour un moratoire officiel sur l’exploitation minière en eaux profondes, rejoints par des millions de citoyens et de citoyennes à travers le monde. La nouvelle Secrétaire générale de l’AIFM, Leticia Carvalho, a également condamné cette tentative de court-circuiter le droit international, à l’issue de la 30e session du Conseil de l’AIFM.