Nice, le 16 juin 2025 – La troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC), qui s’est achevée ce week-end à Nice, a été marquée par une mobilisation sans précédent en faveur de la protection des océans. Si des avancées notables ont été enregistrées, notamment autour du Traité sur la haute mer et d’un appel collectif pour un traité mondial sur les plastiques, Greenpeace alerte : sans volonté politique ferme et action immédiate, ces engagements risquent de rester lettre morte.
Des engagements encourageants, mais insuffisants
Point central de la conférence : le Traité sur la haute mer, unique cadre juridique permettant de créer des aires marines protégées dans les eaux internationales, et condition essentielle à l’objectif mondial de 30 % d’océans protégés d’ici 2030. À Nice, 4 nouveaux pays africains ont signé le traité, portant à 89 le nombre d’États signataires. Mais la ratification, étape cruciale, tarde encore.
Autre sujet brûlant : l’exploitation minière des grands fonds marins. Malgré les appels appuyés du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres qui a fermement rappelé que les eaux profondes ne doivent pas devenir un Far West .et du Président français Emmanuel Macron qui estime qu’un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes est une nécessité internationale, l’issue reste incertaine. Seuls quatre nouveaux pays ont rejoint la coalition en faveur d’un moratoire, portant le total à 37.
« Nous avons entendu de belles paroles à Nice, mais elles doivent désormais se traduire en actes concrets », déclare Megan Randles, cheffe de la délégation de Greenpeace. « Les pays doivent faire preuve de courage, défendre la coopération mondiale et écrire l’histoire en mettant fin à l’exploitation minière des grands fonds marins cette année. Ils peuvent le faire en s’engageant sur un moratoire lors de la réunion de l’Autorité internationale des fonds marins le mois prochain. Nous saluons ceux qui ont déjà pris position et exhortons tous les autres à se ranger du bon côté de l’histoire en mettant fin à l’exploitation minière en eaux profondes. »
Une présence africaine forte et structurée
Greenpeace Afrique a marqué l’événement par une présence remarquée, en partenariat avec des communautés côtières du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie. La délégation, composée de pêcheurs artisanaux, de femmes transformatrices, de jeunes militants et d’experts, a porté une voix trop souvent marginalisée dans les discussions internationales.
Lors d’un point presse organisé en marge de la conférence, en collaboration avec FoodRise, la délégation a dénoncé les ravages de l’aquaculture industrielle et l’expansion incontrôlée des usines de farine et d’huile de poisson en Afrique de l’Ouest. Les témoignages percutants de pêcheurs sénégalais et gambiens ont fait écho aux données accablantes sur l’impact de ces usines sur la sécurité alimentaire, la biodiversité et les économies locales.
Cette dynamique a suscité une couverture médiatique importante, notamment sur BBC Afrique, France 24 (en français et en anglais), TV5 Monde, RFI et Reporterre, contribuant à placer les préoccupations africaines au cœur des débats de l’UNOC.
« Nous nous réjouissons que l’Afrique ne soit plus spectatrice mais actrice des décisions globales sur les océans », souligne Dr. Aliou Ba, Responsable de la Campagne Océan à Greenpeace Afrique. « Le ralliement de nouveaux pays africains au Traité sur la haute mer est un signal positif. Nous encourageons le Sénégal et d’autres pays à accélérer la ratification et à prendre des mesures concrètes contre les menaces réelles que sont la pêche industrielle, les projets pétroliers offshore et l’exploitation minière sous-marine. »
Et maintenant ?
Alors que les projecteurs se sont éteints sur Nice, les attentes sont immenses. Les prochaines étapes sont décisives :
- En juillet, les gouvernements se retrouveront à Kingston, en Jamaïque, pour les réunions de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Greenpeace appelle tous les États à se positionner clairement pour un moratoire mondial sur l’exploitation minière en eaux profondes.
- En août, à Genève, reprendront les négociations autour d’un Traité mondial contraignant sur les plastiques, un enjeu crucial pour les pays du Sud, victimes d’un système d’exportation de déchets toxiques souvent déguisés en recyclage.
- Et à l’échelle continentale, Greenpeace Afrique poursuivra son plaidoyer pour la ratification rapide du Traité sur la haute mer par les pays africains, mais aussi pour des politiques nationales cohérentes, capables d’endiguer les industries extractives qui ravagent les côtes et détruisent les écosystèmes marins.
« Les océans africains ne sont ni à vendre, ni à sacrifier », conclut Dr. Ba. « Il est temps que nos dirigeants traduisent les engagements internationaux en politiques publiques claires, inclusives et contraignantes. C’est le seul chemin pour préserver nos mers, nos moyens de subsistance, et l’avenir de notre continent. »
Lire l’intégralité du communiqué de Greenpeace International Ici.
Fin.
Luchelle Feukeng, Chargée de la Communication et du Storytelling, Greenpeace Afrique +237 656 46 35 45

LE TEMPS PRESSE POUR NOS OCÉANS !
La plupart des pays africains n’ont pas encore signé ou ratifié le Traité sur la Haute Mer. Et le vôtre ?