Kinshasa, jeudi 13 octobre 2016 – Greenpeace Afrique salue l’annulation formelle de trois concessions illégalement attribuées en 2015, publiée dans le Journal Officiel du 15 septembre 2016.

 

Cette mesure avait déjà été annoncée le 13 juillet par le Ministre de l’environnement, Robert Bopolo, au lendemain de la publication du rapport de Greenpeace Afrique intitulé
Comment la RDC a secrètement violé son propre moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières, révélant l’attribution secrète et illégale de ces titres.

“L’annulation formelle de ces concessions était une priorité mais il faut aller plus loin, étant donnée l’implication d’officiels au plus haut niveau dans la dissimulation de ces violations du moratoire sur l’attribution de nouveaux titres d’exploitation forestière industrielle mis en place par la RDC en 2002”, explique Irène Wabiwa Betoko, responsable de la campagne Forêt à Greenpeace Afrique.

Les enquêtes menées par Greenpeace Afrique publiées dans ce rapport révèlent que c’est l’ancien Ministre de l’Environnement, Bienvenu Liyota, qui a signé les attributions illégales, et qu’il est donc impliqué dans ces violations du moratoire. De plus, le fait que l’actuel Ministre de l’Environnement, Monsieur Bopolo, ait signé des ordres de mission dans les concessions illégalement attribuées, montre aussi qu’il était au courant de l’existence de ces concessions.

Le 25 juillet dernier, Greenpeace Afrique a écrit au Procureur Général de la République pour lui demander de lancer une enquête sur les violations révélées dans son rapport, mais il n’y a pour l’instant aucune indication qu’une action ait été prise par les autorités compétentes pour demander des comptes à Monsieur Liyota ou à Monsieur Bopolo. Le gouvernement n’a pas non plus donné de garanties qu’il avait enquêté sur ces violations du moratoire pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres cas.

“Pour rétablir sa crédibilité, le gouvernement aurait dû envoyer un signal clair qu’il ne tolérerait pas que les auteurs de ces actes criminels restent impunis et qu’il renforcerait son contrôle sur le moratoire, ajoute Irène Wabiwa Betoko. Les autorités de la RDC auraient dû au moins mettre en place une commission d’enquête indépendante dont les travaux lui auraient déjà permis de déterminer les responsabilités de toutes les personnes impliquées et de prendre les sanctions appropriées. Une mesure demandée à plusieurs reprises par Greenpeace Afrique depuis que ces violations ont été révélées”.

Le gouvernement congolais est en train de développer un programme de plusieurs millions de dollars pour protéger sa forêt dans le cadre de l’initiative pour la forêt de l’Afrique Centrale (CAFI) avec plusieurs pays donateurs comme la Norvège, la France ou encore le Royaume-Uni. L’absence de mesures correctives prises par le gouvernement de la RDC est pour Greenpeace Afrique le signe d’un manque de bonne gouvernance dans le secteur forestier, et constitue une menace pour une implantation réussie du programme CAFI dans le pays. 

“Pour empêcher que l’argent de ce programme soit utilisé à mauvais escient, les pays donateurs de CAFI doivent sérieusement prendre en compte les inquiétudes des organisations de la société civile, insister pour que le gouvernement congolais prenne les mesures correctives mentionnées plus haut et exiger que des enquêtes soient menées pour déterminer d’éventuelles violations supplémentaires du moratoire, avant de débloquer cet argent”, conclut Irène Wabiwa Betoko.

Pour Greenpeace Afrique, l’attribution illégale de ces concessions révèle l’intention du gouvernement congolais de lever le moratoire avant que les conditions préalables ne soient remplies, menaçant ainsi la deuxième plus grande forêt tropicale au monde.

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