Dakar, 20 juin 2025 – Dans le prolongement de la Journée mondiale de l’océan, la coalition nationale contre les usines de farine et d’huile de poisson a entamé une tournée de sensibilisation à travers sept localités abritant ces industries. Objectif : alerter sur les effets dévastateurs de cette industrie sur les océans, la pêche artisanale et la vie des communautés.
Du 16 au 20 juin, cette mobilisation a permis de recueillir les témoignages des populations directement affectées par cette industrie. Les usines de farine de poisson menacent directement la sécurité alimentaire en créant une surexploitation de la ressources dont les petits pélagiques , Cette surexploitation affecte les écosystèmes marins et la chaîne alimentaire. La pression de pêche continue d’augmenter avec les captures massives de poissons juvéniles, réduisant encore les réserves halieutiques locales.. Durant la tournée la coalition a recueilli des témoignages sur l’impact de ces usines sur la santé des populations.
En effet à Saint louis, Kayar, Sandiara, Joal et Diamniadio les populations sont contraintes à des déplacements forcés lorsque les usines entrent en production.
« Les usines de farine de poisson vident nos mers et menacent nos moyens de subsistance », alerte Mamadou Sarr, coordonnateur de la coalition nationale contre les usines de farine et d’huile de poisson. « Nous demandons simplement la publication de l’arrêté interdisant l’installation de nouvelles usines au Sénégal , nous appelons aussi à la fermeture de celles existantes car elles sont en grande partie responsables de la disparition de la ressource et la multiplication de maladies respiratoires . Il est urgent que nos océans soient protégés, pour que nos enfants puissent en vivre demain comme nous en vivons aujourd’hui. »
La tournée s’est déroulée dans un contexte international marqué par la récente Conférence des Nations Unies pour l’Océan, tenue à Nice. Plusieurs pays, dont le Sénégal, y ont signé le Traité sur la Haute Mer — un engagement important pour la gouvernance des espaces maritimes au-delà des juridictions nationales. Mais pour les communautés côtières, les engagements doivent désormais se traduire en actions concrètes sur le terrain.
« Cette semaine, nous avons écouté celles et ceux qui sont en première ligne face à la surpêche et à la pollution. Leur cri d’alerte ne peut plus être ignoré », souligne Mamadou Kaly Ba, chargé de campagne Océan chez Greenpeace Afrique. « Les autorités doivent avoir le courage de réguler ces usines, faire respecter les lois et protéger les océans pour les générations futures. Ces industries sont extrêmement destructrices pour nos océans. Pour rappel, produire un kilogramme de farine de poisson nécessite entre 6 et 7 kg de poisson frais »
Au Sénégal, six de ces huit usines sont actives (Afric-azote à Dakar, Africa feed à Ndoukhoura peul commune de Diamniadio, Omega à Joal, Barna/Touba protéine à cayar, Sea product à Gandiol, Belmeal à Sandiara) transforment du poisson frais, apte à la consommation humaine, en intrants pour l’aquaculture ou l’alimentation animale à l’étranger. Un modèle qui compromet directement la sécurité alimentaire locale, détruit des emplois dans la pêche artisanale et affecte la santé des populations riveraines.
« Les femmes transformatrices, les pêcheurs, les jeunes : tout le tissu social de nos villages côtiers est en danger à cause de cette industrie », ajoute Kaly Ba. « Ce n’est pas seulement une crise écologique, c’est un drame humain. »
En 2024, la coalition dont Greenpeace Afrique est membre actif, avait publié un mémorandum appelant à :
- La fermeture des usines de farine et d’huile de poisson,
- La publication de l’arrêté qui interdit l’implantation de nouvelles usines de farine de poisson
- L’interdiction d’utiliser du poisson frais destiné à l’alimentation humaine,
- La reconnaissance officielle et la valorisation des métiers des femmes transformatrices à travers un décret dédié.
Aujourd’hui, face à l’aggravation de la situation, ces revendications ne sont plus simplement pertinentes. Elles sont urgentes, vitales, et doivent être entendues.
Contact medias
Luchelle Feukeng, Chargée de la Communication et du Storytelling,
Mamadou Kaly Ba, Chargé de la Campagne Océan, Greenpeace Afrique