Le monde vit dans un état de crises multiples : crise climatique, crise du plastique, crise sanitaire et crise sociale. Aujourd’hui, la mondialisation relie presque chaque partie de la planète par une série de routes commerciales bien établies. Cela nous offre de grandes possibilités de collaborer et de permettre une coopération significative pour relever la plupart des défis auxquels nous sommes confrontés. Mais cela nous confronte aussi à un défi bien plus grand, celui de transférer les impacts négatifs de pratiques non durables vers les régions les plus reculées de la planète, exacerbant ainsi des problèmes que de nombreuses sociétés ont déjà du mal à surmonter : inégalités, exclusion, contraintes de ressources et pollution.

De nombreuses communautés sont confrontées à une crise du plastique. Un récent rapport des Nations Unies a révélé que les personnes les plus vulnérables de la société sont les plus touchées par l’injustice environnementale causée par la pollution plastique. Cependant, pour la première fois dans l’histoire, l’examen d’un futur traité mondial sur le plastique pour lutter contre la crise du plastique est sur la table des discussions. Les pays sont plus nombreux que jamais à soutenir ce processus, mais les intérêts des entreprises axés sur le profit au détriment du bien-être des populations pourraient faire obstacle à un traité efficace. 

L’Afrique est aux prises avec les conséquences de la crise du plastique. Dans de nombreuses zones urbaines africaines, les déchets plastiques obstruent les cours d’eau, provoquant inondations et destructions. La pollution plastique déborde de nos décharges. Nos océans et nos rivières sont remplis de plastique. 

Les Kényans ont eux aussi subi la pression de la part de l’industrie plastique et pétrochimique. Le Kenya et les États-Unis (US) sont actuellement engagés dans des discussions sur un projet d’accord de libre-échange. Cependant, l’American Chemistry Council a fait pression pour que l’accord commercial entre les États-Unis et le Kenya serve à étendre l’empreinte de l’industrie plastique en Afrique. Il s’agit essentiellement de faire pression sur les États africains, dont le Kenya, pour qu’ils s’ouvrent à la décharge de leurs déchets plastiques.

L’Afrique est à l’avant-garde de la guerre contre le plastique, puisque 34 des 54 pays ont adopté une réglementation visant à éliminer progressivement les emballages plastiques à usage unique. Le Kenya a adopté en 2017 l’une des lois les plus strictes sur la production, la vente et l’utilisation des sachets en plastique, et l’a récemment étendue pour interdire le plastique dans les zones protégées. Ces efforts sont menacés, comme en témoigne la proposition de l’American Chemistry Council dans la fiasco  qui tourne autour de l’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Kenya. 

C’est très décevant de remarquer que ni le Kenya ni les États-Unis n’ont encore soutenu publiquement l’élaboration d’un accord pionnier sur un traité mondial sur le plastique. L’Afrique du Sud a elle aussi adopté une position défavorable à son égard. Les pays africains doivent faire preuve de fermeté et protéger l’avenir de leur population afin d’assurer un avenir durable et prospère à leurs communautés en soutenant le développement de cet accord mondial visant à relever les défis de la crise du plastique – d’autant plus que des menaces telles que celles posées par le CAC touchent la plupart des pays africains, et pas seulement le Kenya. 

De même, la proposition d’un traité mondial sur le plastique offre à la nouvelle administration américaine un moment clé pour s’assurer que les États-Unis ne constituent pas un obstacle à cet effort mondial. L’administration américaine doit faire preuve de leadership en déclarant qu’elle ne soutiendra aucun accord commercial qui va donner lieu au déversement du plastique sur les communautés du monde entier, y compris en Afrique. La récente vague de déversements illégaux en Afrique est totalement inacceptable. 

La pollution plastique est un problème transfrontalier qui dépasse les frontières nationales. Il est donc important que tous les pays africains soutiennent cette réponse mondiale pour leur permettre de bénéficier des efforts déjà en place. En soutenant un traité mondial sur le plastique, les pays africains pourront relever des défis tels que l’afflux de plastique en provenance d’autres régions, grâce à des actions telles que l’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Kenya. 

Dans toute l’Afrique, la pollution plastique reste un problème grave, dévastant la santé des communautés, leur environnement et l’écosystème dont des millions de personnes dépendent pour leur subsistance. Le plastique pénètre dans nos océans et notre environnement à un rythme sans précédent. Les espèces animales et végétales sont affectées par les déchets plastiques. Nos précieux écosystèmes sont mis à mal. Dans les océans, le plastique se décompose en microplastiques qui pénètrent dans les chaînes alimentaires des espèces marines, endommageant la vie marine et affectant la santé des consommateurs. Sur terre, la faune et la flore ne sont pas à l’abri des effets du plastique et la consommation de ces produits peut être dangereuse. Pour les communautés, les effets des déchets plastiques sont tout aussi néfastes, bloquant les cours d’eau et provoquant des inondations, entre autres désagréments environnementaux considérables.

Les gouvernements africains doivent s’engager à promouvoir des solutions locales sans déchets, à créer des emplois décents et justes pour la population et à garantir une meilleure qualité de vie aux Africains. Ces engagements doivent s’éloigner des interventions qui continuent à perpétuer les échecs systémiques actuels, comme les importations de déchets plastiques. Il est nécessaire que les pays africains protègent leurs communautés de l’existence de ces déchets.

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