Kinshasa, 25 octobre 2021 – Une semaine après la décision du président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, à la 24ème réunion du conseil des ministres, ordonnant la Vice-Première ministre, ministre de l’Environnement, Mme Eve Bazaiba, de suspendre toute concession forestière “douteuse”, celle-ci agit avec très peu d’engagement. Elle tente de faire avaler à l’opinion que l’ordre portait uniquement sur les concessions Tradelink, seules concernées par l’arrêté qu’elle a soumis hier au conseil des ministres. 

L’ordre du président Tshisekedi du 15 octobre dernier était pourtant clair.  Il portait sur toutes les concessions illégales dénoncées par la société civile congolaise depuis des mois.  

Le 20 octobre, le CODELT et le Réseau des Organisations de la Société civile pour l’économie verte en Afrique Centrale (ROSCEVAC) ont publié une liste de 22 concessions forestières, attribuées illégalement en 2020 par l’ancien ministre Claude Nyamugabo.  Il s’agit d’un minimum absolu, en attendant un examen plus approfondi. Il se peut que d’autres concessions n’aient toujours pas été découvertes. 

En effet, comme Greenpeace l’a rappelé récemment, les trois concessions de conservation attribuées à Ets. Buhendwa, dont l’existence a été révélée cet été, sont numérotées du  62 au 64…  

Quoique d’une superficie énorme, les concessions Tradelink ne représentent qu’une fraction des 4 607 420 hectares répertoriés par la société civile.

“Mais personne n’est dupe. L’activisme écolo du président à la veille de la COP26 laisse rêveur.  Quant à la ministre de l’Environnement, l’interprétation à minima de l’ordre qu’elle a reçu il y a une semaine ne surprend pas. C’est bien elle qui a refusé de signer jusqu’à deux mois après l’intervention personnelle de l’ambassadeur de l’UE un ordre de mission pour l’audit des titres qui se déroule en ce moment à Kinshasa”, déclare Serge Sabin Ngwato, chargé de campagne forêt à Greenpeace Afrique.

En effet, l’audit qu’a commandé le Président le 15 octobre n’est pas le seul. En plus de celui financé par l’UE, il y a aussi celui mené depuis l’année dernière par l’Inspection générale des finances.  Les bailleurs de fonds voulaient qu’il soit publié avant la fin de cette année.  Aux dernières nouvelles, ces derniers semblent avoir cédé sur cette exigence…

“Mme Eve Bazaiba n’a que faire de la transparence. Le service minimum qu’elle a fourni au dernier conseil des ministres en dit long sur son silence assourdissant depuis son arrivée au Ministère face aux demandes de la société civile d’annuler toutes les concessions illégales attribuées par son prédécesseur, M. Claude Nyamugabo. Nous demandons à Mme la Vice-première ministre de rajouter immédiatement à son arrêté toutes les concessions de la liste CODELT / ROSCEVAC, en attendant sa mise à jour”, ajoute Mr. Ngwato.

Greenpeace Afrique dénonce avec fermeté ce projet d’arrêté et appelle à la publication immédiate de l’audit de titres mené par l’IGF en 2020.  Sa non-publication jusqu’ici est une insulte au public congolais, fatigué par les belles paroles du gouvernement et ses bailleurs de fonds.

En ce qui concerne les contrats Tradelink, Greenpeace Afrique attend leur annulation pure et simple, ainsi que l’ouverture d’une enquête judiciaire pour établir comment ils ont pu être attribués et rester en vigueur pendant plus d’un an.

Toute cette improvisation à la hâte, à la veille de la COP26, semble avoir une motivation bien précise : motiver les bailleurs à s’aligner sur la levée annoncée du moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières.  Le moratoire doit rester, et être renforcé. 

FIN

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Raphaël Mavambu,
Consultant Media et Communication pour Greenpeace Afrique,
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