Kinshasa, 08 Mars 2022 – Voilà que les fantômes du passé, qui jusque-là restaient impunis de leurs actes et pratiques illégales, ne cessent de refaire surface jusqu’à ce jour dans la gestion du secteur forestier en République Democratique du Congo. Selon une nouvelle enquête menée par El Pais / Planeta Futuro, une entreprise forestière portugaise, NorSudTimber, pourrait avoir illégalement converti plus d’une douzaine de ses concessions forestières en RDC en concessions de conservation attribuées sans contrôle public ni consultation des personnes qui seront affectées, et envisage maintenant des investissements européens dans des programmes de crédit carbone qu’elle compte exploiter à partir des anciens sites d’exploitations forestières.

En décembre 2020, le ministre de l’environnement sortant, Claude Nyamugabo, a signé des contrats transférant des millions d’hectares de concessions NorSudTimber de ses filiales forestières, Sodefor et Forabola, à Kongo Forest Based Solutions (KFBS), une autre filiale de NorSudTimber créée pour gérer ses opérations d’échange de carbone.

Plusieurs de ces concessions chevauchent une zone protégée et les terres ancestrales des peuples Bambuti, Bacwa et Batwa, et près d’un tiers de la superficie couvre des tourbières critiques pour le climat.  Contacté par l’équipe du reportage, la réponse de KFBS a été plus qu’ ironique : “Vos descriptions des faits, qui ne sont pas expressément contestées, doivent être comprises comme étant sans importance pour nous et ne méritent pas une réponse de notre part. » 

“ Tout cela était une affaire arrangée par le ministre Nyamugabo, qui savait qu’il perdait son poste lors d’un remaniement ministériel et voulait se remplir les poches autant que possible avant de devoir partir “ a déclaré un haut cadre du ministère de l’environnement en anonymat.

“Le bradage impuni des nos forêts par une succession de ministres qui se préoccupent que de la grosseur de leurs poches ne prendra fin que lorsque l’Etat de droit cessera d’être un slogan. Il est plus que temps que l’impunité cesse d’être la norme pour que les responsables de tous ces forfaits répondent de leurs actes devant la justice”, déclare Irène Wabiwa Betoko, Cheffe de Projet international du Bassin du Congo pour Greenpeace Afrique. Avec les élections nationales en vue, les mesures coercitives s’imposent quitte à voir le saga s’intensifier pour financer la campagne électorale et s’enrichir  avant de partir”, conclut Mme Betoko.  

Greenpeace Afrique dénonce toutes ces irrégularités contraires à la réglementation environnementale congolaise et demande au gouvernement de la RDC l’annulation immédiate de ces concessions dites de conservation attribuées de manière illégale, en traduisant les responsables devant la justice congolaise. 

FIN

Contact Medias:

Raphaël Mavambu, Consultant Media et Communication pour Greenpeace Afrique, [email protected]