Kinshasa, le 6 décembre 2019 Greenpeace Africa et une coalition de seize ONG de la République démocratique du Congo (RDC) et de la République du Congo appellent à la fin immédiate de toute activité industrielle dans les tourbières de la Cuvette centrale, dont l’exploration pétrolière, l’exploitation forestière et l’agriculture industrielle. L’appel des organisations environnementales sera lancé à Kinshasa au lieu de Madrid, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, après que l’ambassade d’Espagne à Kinshasa a refusé de délivrer des visas aux délégués du GTCRR, un réseau d’ONG de la RDC qui devaient participer à la COP 25 à Madrid. [1]

« Au lieu d’empêcher la société civile de s’exprimer, les leaders qui ont échoué à faire face à la crise climatique doivent écouter les communautés qui sont parmi les plus menacées de ce fléau», a déclaré Julien Mathe, coordinateur de l’ONG GASHE (Groupe d’Action pour Sauver l’Homme et son Environnement) et un des huit délégués qui se sont vus refuser un visa. « La science et les communautés locales et autochtones sont claires: les tourbières doivent être une zone interdite aux activités industrielles. Pour la communauté internationale et les gouvernements du bassin du Congo c’est le minimum pour faire face à la crise climatique », a conclu M. Mathe.

Une note de position sur les tourbières, qui allait être partagée lors de la COP 25, sera présentée lors d’une conférence de presse à Kinshasa le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme. Le document appelle à l’annulation immédiate de tous les blocs de pétrole situés dans la zone des tourbières en République démocratique du Congo et en République du Congo. En RDC, des blocs pétroliers attribués par le régime Kabila chevauchent également le parc national de la Salonga, site classé patrimoine mondial de l’UNESCO où des chefs traditionnels locaux ont exprimé des craintes quant aux impacts sur leurs communautés [3] [4].

« Les tourbières sont des zones humides millénaires qui stockent d’énormes quantités de carbone. Le plus grand complexe de tourbières du monde se situe des deux côtés de la frontière des deux Congo et 75% de sa superficie est couverte de permis de pétrole », a déclaré le Dr Raoul Monsembula, coordinateur régional de Greenpeace Afrique centrale. « Les leaders mondiaux discutent des émissions de CO2 à Madrid, tandis que l’avertissement du GTCRR sur l’activité industrielle dans les tourbières – une bombe à 30,6 milliards de tonnes de carbone – ne peut être émis qu’à 7 550 km de là », s’est exclamé le Dr Monsembula.

Références:

[1] Groupe de Travail Climat REDD Rénové (GTCRR), refus de visa:

https://drive.google.com/open?id=1d3RR9WHTpLLJlj-fnwn2jGCuYnATVxwn

[2] Peatlands position paper: https://www.greenpeace.org/static/planet4-africa-stateless/2019/12/22d13674-peatlands-position-p-fr-versiond.pdf

“COP25: l’Espagne refuse le visa à une délégation de la société civile congolaise”, http://www.environews-rdc.org/2019/12/02/cop25-lespagne-refuse-le-visa-a-une-delegation-de-la-societe-civile-congolaise/

[3] En République du Congo, quatre blocs de pétrole dans les tourbières sont actuellement ouverts à l’exploration; le statut d’un cinquième n’est pas clair. Trois autres sont actuellement l’objet d’un appel d’offres. En août dernier, le gouvernement a annoncé la découverte d’un gisement de pétrole dans la zone qui, selon lui, pourrait quadrupler la production nationale.

[4] “Congo Approves Oil Deal That May Encroach on World Heritage Site”,

https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-02-26/congo-approves-oil-deal-that-may-encroach-on-world-heritage-site

Contact:

  • Tal Harris, Greenpeace Afrique, coordinateur des communications internationales, +221-774643195, [email protected]
  • Julien Mathe, coordinateur du GASHE (Groupe d’Action pour Sauver l’Homme et son Environnement), +243858200913
  • Dr. Raoul Monsembula, Greenpeace Afrique coordinateur régional pour l’Afrique centrale, +243-999010900, [email protected]

Greenpeace Africa Newsdesk: [email protected]