Hier, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu un avis consultatif historique, qui restera comme un tournant décisif dans la lutte mondiale pour la justice climatique. La Cour a confirmé sans ambiguïté ce que des millions de personnes à travers l’Afrique et le Sud global dénoncent depuis des années : la crise climatique est une crise des droits humains, et la responsabilité d’agir incombe aussi bien aux États qu’aux entreprises.

Ce jugement dépasse le cadre du droit théorique. Il constitue une déclaration puissante de responsabilité. La Cour a affirmé que la protection de l’environnement n’est pas une option, mais bien une obligation contraignante au regard du droit international. Les gouvernements ne peuvent plus ignorer la souffrance croissante provoquée par la hausse des températures, la pollution de l’air, la disparition des forêts et les récoltes perdues. Les entreprises, quant à elles, ne peuvent plus tirer profit de la destruction sans en répondre.

Bien que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice ne soit pas juridiquement contraignant, il possède une forte portée juridique. Cet avis peut servir de fondement à des actions en justice au niveau national, influencer les négociations internationales, et constituer un outil puissant pour les communautés et les États en quête de justice climatique.

Pour les communautés à travers l’Afrique, ce moment est bien plus qu’un symbole juridique. C’est une reconnaissance de la vérité, des pertes, du courage et de l’exigence de justice. Des villes côtières menacées par la montée des eaux aux agriculteurs dont les terres s’assèchent, les peuples africains incarnent les conséquences de l’inaction climatique. Désormais, la plus haute juridiction mondiale a parlé d’une seule voix : les responsables doivent être tenus pour comptables.

L’avis de la CIJ met en lumière quatre principes clés :

  • Les États ont le devoir de prévenir les atteintes significatives à l’environnement, sur leur territoire comme au-delà de leurs frontières.
  • Les gouvernements doivent réguler les entreprises dont les émissions causent des dommages transfrontaliers.
  • Les obligations climatiques doivent être interprétées à travers le prisme des droits humains et de l’équité intergénérationnelle.
  • Les réparations ne sont pas facultatives : elles doivent inclure une compensation pour les pertes et dommages, ainsi que la cessation des activités nuisibles.

Cet avis insuffle un nouvel élan à la quête mondiale pour la justice climatique, en particulier sur le continent africain. Il renforce le pouvoir des communautés à entreprendre des actions en justice, à contester les atteintes à l’environnement et à remettre en question l’influence des industries fossiles sur notre avenir commun. Il a également des implications majeures pour la diplomatie climatique internationale. Trop longtemps, le financement climatique, notamment pour les pertes et dommages, a été présenté comme volontaire ou philanthropique. La CIJ a brisé ce paradigme : la responsabilité financière est désormais une obligation juridique. Les pays les plus riches et les plus pollueurs doivent contribuer à la reconstruction et à la résilience des plus touchés, non pas en tant que donateurs, mais en tant que débiteurs.

Greenpeace Afrique salue cette décision historique comme une opportunité majeure, une fondation juridique et morale sur laquelle les communautés, les mouvements et les gouvernements peuvent désormais s’appuyer avec plus de force et de confiance. 

Nous appelons solennellement les dirigeant·e·s africain·e·s à se hisser à la hauteur de ce moment historique en alignant les politiques nationales sur ce nouveau standard juridique, en mettant un terme à l’expansion des énergies fossiles, en rejetant tout nouveau projet d’extraction, et en plaçant la protection des droits des peuples autochtones, des communautés locales et des écosystèmes fragiles au cœur de l’action climatique. À l’approche de la COP30, nous les exhortons également à défendre des mécanismes de redevabilité forts, transparents et juridiquement contraignants. 

Aux entreprises, nous lançons un appel clair : il est temps de mettre fin à l’ère du déni. Désormais, aucun refuge juridique ne peut justifier la poursuite d’activités polluantes. La plus haute instance judiciaire mondiale s’est exprimée : on ne peut plus détruire impunément au nom du profit.

Aux peuples d’Afrique, cette décision vous appartient. Elle reconnaît vos luttes, elle prend acte de vos souffrances, et elle garantit votre droit à un avenir vivable, protégé par le droit international. La Cour siège peut-être à La Haye, mais son message résonne dans chaque village, chaque ville et chaque mouvement engagé pour un monde plus juste.

La justice s’est exprimée. Il est temps d’agir.