Notre organisation existe depuis un demi-siècle. Waw ! Rendez-vous le weekend prochain lors de l’événement Green Village pour célébrer ensemble notre anniversaire. Notre collègue Caroline Dossche a une longue histoire avec Greenpeace. C’est avec plaisir qu’elle a accepté de nous partager ses moments les plus beaux mais aussi les plus difficiles.

Comment as-tu commencé à travailler pour Greenpeace ? 

“J’ai une très longue histoire avec Greenpeace. En 1992, j’ai pris part à une grande action de protestation qui a duré plus de 9 mois : une marche partant du bâtiment de l’ONU à New York et se terminant sur le site d’essais nucléaires du Nevada, à 5000 km de là. Il s’agissait de la « Walk Across America for Mother Earth », organisée par l’asbl « For Mother Earth ». Cette marche de protestation visait, entre autres, à soutenir les Amérindien.ne.s dans leur lutte contre les essais de bombes et d’armes nucléaires sur leurs terres.”

“J’étais l’une des quatre militant.e.s belges qui ont mené une action non violente sur le site d’essais nucléaires du Nevada, pour tenter d’empêcher la détonation d’une bombe nucléaire. Au cours de cette action, nous avons marché 50 km dans un paysage détruit par les explosions nucléaires. J’ai été tellement émue par toutes ces destructions que, lorsque je suis rentrée en Belgique après un an, je suis devenue bénévole et militante pour Greenpeace. Je voulais et j’allais contribuer à rendre le monde un peu meilleur pour toutes et tous. Pendant des années, j’ai aidé en tant qu’activiste en Belgique et ailleurs. En 2001, Greenpeace Belgique m’a demandé si je voulais travailler pour eux en tant que coordinatrice des activistes. Et c’est ainsi que tout a commencé…”

Quelle est la première action que tu as faite avec Greenpeace ?

“Ça je m’en souviens très bien : c’était en 1994, une action contre l’utilisation du MOX (combustible à oxydes mixtes) dans la centrale nucléaire de Tihange. A l’époque, les déchets hautement radioactifs étaient encore recyclés en combustible MOX et réutilisés dans le réacteur Tihange 2. Nous avons confectionné une très grande bannière (20 m x 20 m, je crois) sur laquelle était peint « STOP MOX ». Les grimpeur.se.s de Greenpeace devaient accrocher cette bannière sur la paroi rocheuse en face de la centrale nucléaire de Tihange. Il y avait beaucoup de vent ce jour-là et la bannière était, du coup, très difficile à maintenir. On essayait de s’accrocher à la bannière pour qu’elle ne s’envole pas. Pendant quelques secondes, j’ai été soulevée à plusieurs centimètres du sol par le vent, qui entraînait  la bannière. Et tout cela sur la paroi rocheuse au-dessus de la Meuse lors de ma toute première action. C’était un baptême en quelque sorte…”

Tu es aussi passionnée de photographie. Quelle est ta photo préférée de Greenpeace ? 

“Question difficile… Je vais donc choisir 2 photos d’actions où j’étais présente.”

Il s’agit de l’action “Stop Nuclear Testing” au-dessus du Taj Mahal en Inde, en juin 1998.”

« Ici vous pouvez me voir en 2007 lors d’une action contre les contrefaçons de bois tropical dans le port d’Anvers.”

Quelle a été l’action la plus difficile à organiser ? 

“Pour moi, ce fut l’action « Stop aux essais nucléaires » en juin 1998 et la montgolfière au-dessus du Taj Mahal en Inde (voir la photo plus haut). Cette année-là, l’Inde avait décidé de procéder à quelques essais nucléaires. C’était surtout une démonstration de force par rapport au Pakistan. Greenpeace International m’avait demandé de travailler en tant que volontaire sur la préparation du ballon. Mon rôle consistait à mettre le slogan sur les deux côtés de la montgolfière. Comme tout était très urgent, je n’ai eu que 4 jours pour préparer mon voyage en Inde, demande de visa, vaccins obligatoires, etc.” 

“Cette histoire est une grande et longue aventure, mais la difficulté a surtout été le fait que la montgolfière est restée bloquée à la douane pour une durée indéterminée. J’ai donc dû recommencer tout le travail à zéro : rechercher de nouveaux tissus et fermoirs sur les marchés de Delhi, redessiner des lettres de 3 m sur 3 m dans une toute petite pièce, découper les lettres très soigneusement. Mon seul point de repère était une petite photo de la montgolfière que j’avais apportée de Belgique. Ajoutons à cela que c’était la fin du mois de juin, ce qui signifie en Inde la saison de la mousson et des températures de 50°C en moyenne. Et que je suis aussi tombée malade, sûrement à cause de l’eau contaminée.”

“Finalement, le ballon a été libéré par la douane ! Nous avons immédiatement conduit de nuit jusqu’à Agra, où se trouve le Taj Mahal. Nous avons épinglé les lettres sur la bâche autour du ballon dans une petite salle, lettre par lettre. Au lever du soleil, le ballon était dans les airs, au-dessus du Taj Mahal, alors que je n’avais même pas pu vérifier si toutes les lettres avaient été épinglées dans le bon ordre. C’était vraiment stressant ! Mais quel soulagement quand j’ai vu que les 2 slogans étaient parfaitement bien mis et que toutes les lettres étaient placées dans le bon ordre.”

“L’aventure pourrait s’arrêter ici mais non ! Lorsque le ballon s’est posé, des soldats indiens ont débarqué et pointé leurs armes sur nous. Nous avons dû les accompagner jusqu’au poste de police. Après quelques heures intenses, nous avons finalement été libéré.e.s. J’ai toujours beaucoup de fierté quand je repense à cette aventure indienne.”

Est-ce que tu as déjà eu peur durant une action ?

“Je ne pense pas que j’ai vraiment déjà eu peur pendant une action. J’ai déjà été nerveuse par rapport au déroulement d’une action ou lors de la réalisation d’une partie plus complexe d’une action. Je ressens aussi parfois une certaine appréhension quant à la façon dont les spectateur.rice.s, la police, etc. pourraient réagir à l’action et à notre présence. Je suis toujours un peu curieuse de voir si des confrontations ou des conflits vont survenir au cours d’une action, qui parfois peuvent être source de tensions. Mais nous nous efforçons toujours d’agir de manière sûre, professionnelle et non violente au cours des actions. Nous mettons vraiment l’accent sur notre message et nous agissons avec beaucoup de respect.”

Quel est le plus grand défi pour l’avenir selon toi ?

“J’espère que personne ne se sentira exclu.e et que chacun.e se sentira impliqué.e dans la création d’un monde meilleur, plus sain et plus durable. Je me sens obligée de continuer de me battre pour un climat durable, une agriculture durable et biologique, un monde sans poison, sans arme nucléaire, sans pauvreté… Mais je suis aussi réaliste. Je crains que ce ne soit une lutte sans fin. Mais je pense que beaucoup de gens devraient être impliqués, parce que la planète appartient à tout le monde !”

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