L’année 2026 marquera-t-elle la fin définitive des projets d’exploitation minière en eaux profondes ? Nous n’avons pas de boule de cristal, mais les quelques victoires engrangées fin 2025 nous permettent d’espérer que nous parviendrons à étouffer cette industrie dans l’œuf ! La Norvège et les îles Cook ont annoncé une pause de longue durée dans l’exploitation minière en eaux profondes. Dans ce billet, nous revenons sur la portée capitale de ces victoires pour la protection des océans.
L’exploitation minière en eaux profondes est une nouvelle industrie qui vise à extraire des métaux tels que le cobalt et le nickel du fond de l’océan, à des kilomètres de profondeur. Cette activité comporte de nombreux risques (à ce sujet, lire ce billet). Une nouvelle étude, l’une des plus importantes réalisée à ce jour, montre que les machines utilisées détruisent plus d’un tiers de la vie marine. Or, les grands fonds marins sont source de vie et de protection, par leurs nombreuses espèces étranges et leur capacité de stockage du carbone. C’est pourquoi plus de 900 scientifiques, 40 pays et de nombreuses entreprises demandent un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.
La Norvège
En Norvège, les responsables politiques ont compris que les risques étaient trop importants. Ces dernières années, la faisabilité de l’extraction de métaux dans l’Arctique a été étudiée. Ces projets sont désormais gelés au moins jusqu’à la fin de l’année 2029. Cet accord résulte des négociations budgétaires du nouveau gouvernement norvégien et met fin à toutes les activités d’exploration (recherche et prospection) et d’exploitation (extraction minière et production) des métaux dans les eaux profondes.
La Norvège va également suspendre tous les financements publics alloués à la recherche gouvernementale sur les minéraux. Il s’agit d’un changement de cap important. La Norvège était l’un des plus grands promoteurs de l’exploitation minière en eaux profondes. Aujourd’hui, elle a décidé de mettre un terme à toutes ses activités dans ce domaine. L’industrie elle-même a confirmé que cette décision sonnait le glas de l’exploitation minière en eaux profondes en Norvège. Il s’agit sans conteste d’une étape importante pour la protection des océans !
Les îles Cook
Les îles Cook ont également décidé postposer l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux nationales jusqu’en 2032 au moins. Bien que certaines entreprises aient déjà obtenu des permis de prospection, elles ne pourront pas entamer l’exploitation commerciale des gisements dans un avenir proche. Pour ce faire, elles devront d’abord obtenir une extension de leur permis.
Cette décision intervient peu de temps après une action menée par des militants locaux qui ont manifesté en kayak à proximité d’un navire d’exploitation minière en eaux profondes, avec le soutien de Greenpeace. Sous le slogan « Don’t mine the Moana », ils ont dénoncé le néocolonialisme maritime. Pour les communautés indigènes du Pacifique, l’océan n’est pas seulement une source de sécurité alimentaire. C’est également un élément culturel essentiel.
Les militants autochtones avertissent que l’exploitation minière en eaux profondes n’apportera pas une prospérité durable aux populations locales, mais profitera principalement aux grandes entreprises et aux puissances mondiales qui veulent piller les eaux profondes à des fins lucratives.

Et la Belgique?
L’industrie minière en eaux profondes est également sous pression en Belgique. La société belge DEME a annoncé la semaine dernière qu’elle vendait sa concession minière dans les eaux nationales des îles Cook, après des années d’investissements vains. Cette vente montre une fois de plus que l’exploitation minière en eaux profondes est un puits sans fond qui présente des risques énormes. DEME détient encore une concession pour l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux internationales, qui bénéficie du soutien officiel de la Belgique. La Belgique est donc en partie responsable du néocolonialisme maritime.
La Belgique tente de s’imposer comme chef de file en matière de protection des océans et d’accueillir à Bruxelles le secrétariat du nouveau traité des Nations Unies sur la haute mer. Mais sa position sur l’exploitation minière en eaux profondes nuit à sa crédibilité comme défenseur des océans. 40 pays et près de 1 000 scientifiques réclament d’ores et déjà un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. Il est grand temps que la Belgique se prononce clairement contre cette industrie polluante.


