Dans un contexte géopolitique plus tendu que jamais, l’Europe a tout à gagner à être plus indépendante. Elle semble pourtant prendre le chemin inverse en ce qui concerne son futur énergétique. Elle s’enfonce chaque jour un peu plus dans une dépendance à une énergie fossile aussi toxique pour la planète que redoutable pour nos factures : le gaz. Depuis le début de l’offensive de Poutine en Ukraine, nos importations de GNL (gaz ‘naturel’ liquéfié) russe ont ironiquement augmenté ! [1] Et nos responsables politiques appellent désormais à une augmentation des importations de GNL en provenance des États-Unis de Trump notamment. Nous devons nous y opposer, on vous explique pourquoi.

Le gaz fossile, au coeur de l’instabilité des prix de l’énergie
Les citoyen·nes du monde entier ont encore en mémoire la douloureuse et massive hausse des prix du gaz en 2022. Directement lié au contexte géopolitique mondial, le prix du gaz est extrêmement volatile, faisant peser une menace directe et continue sur les ménages belges qui dans leur grande majorité se chauffent aujourd’hui au gaz. Vectrice de pauvreté et de précarité énergétique, notre dépendance au gaz a surtout une gagnante : l’industrie des énergies fossiles, qui ne cesse d’engranger des bénéfices colossaux. Une indécence totale et inadmissible !
Le gaz fossile accélère la crise climatique
Même si les lobbys gaziers ont réussi à associer le mot “naturel” au mot gaz, cette énergie n’en est pas moins fossile, de celles que la science nous intime d’éliminer l’usage au plus vite si nous ne voulons limiter la crise climatique. Le gaz fossile se compose principalement de méthane, qui est un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 20 ans. Le méthane s’échappe dans l’atmosphère quand le gaz est extrait du sol, lors de la liquéfaction, ou encore pendant son transport par pipeline ou méthanier.
Le gaz est responsable de 29 % des émissions européennes de CO2 provenant de la combustion des énergies fossiles.
Nos achats de gaz fossile financent les guerres
Le gaz alimente et influence également les guerres et les conflits, en donnant des avantages géopolitiques aux pays riches en ressources (la Russie et les Etats-Unis en tête) au détriment des nations qui ont besoin d’importer du gaz (comme la Belgique!). Malgré les sanctions à l’égard de la Russie depuis le début de son offensive en Ukraine, les importations européennes de GNL russe n’ont pas cessé, au contraire. Nos achats de gaz russe alimentent quotidiennement les finances du Kremlin, et le trésor de guerre de Poutine.
Et le gaz de schiste américain ne peut en aucun cas être une porte de sortie au gaz russe. Nous ne pouvons décemment pas renforcer Trump dans ses folies extractivistes, au dépend de notre indépendance face aux Etats-Unis.

La nature, victime directe du gaz fossile
L’exploration gazière et les infrastructures gazières telles que les plateformes, les gazoducs, les terminaux GNL ou les raffineries sont particulièrement dommageables pour la nature : déforestation, rejet de polluants nocifs, pollution des sols, des zones humides ou des fonds marins … Ces impacts dévastateurs exacerbent l’effondrement de la biodiversité. Sans parler de la fracturation, une méthode controversée d’extraction du gaz particulièrement polluante et nocive, qui est principalement utilisée aux Etats-Unis.
Le gaz fossile viole les droits humains
Comme nous l’avons déjà documenté, le commerce du gaz est à l’origine de nombreuses violations des droits humains. Que ce soit près des gisements de gaz américains, ou dans l’Arctique russe, l’extraction, le traitement et le transport du gaz provoquent notamment de graves problèmes de santé, menacent les modes de vie traditionnels et causent des dégâts matériels aux habitations (un problème que les Pays-Bas aussi ne connaissent que trop bien).

L’Europe à l’heure des choix
Vous chauffez votre logement au gaz? Vous l’utilisez pour cuisiner ? La sortie du gaz vous paraît dès lors peut-être abstraite voire inquiétante. C’est légitime. Nous disposons pourtant collectivement de solutions pour tourner le dos à cette énergie fossile. La seule chose qui nous sépare de la fin du gaz, c’est la volonté politique. L’Europe doit se réveiller !
La sortie du gaz pourra se faire si nos responsables politiques accélèrent les énergies renouvelables d’un côté et soutiennent de l’autre une vague de rénovation massive des logements. Notre liberté, notre indépendance, et notre accès à une énergie abordable en dépendent.
Vous pensez aussi que nous avons un problème de gaz ?
Demandez une interdiction de toute nouvelle infrastructure gazière en Europe !

Note
[1] Les volumes de GNL russe vers la Belgique ont augmenté de 180 % (ou x2,8) entre 2021 et 2024. Les volumes de GNL russe à destination de l’Europe ont augmenté de 25,5 % entre 2021 et 2024.