Québec, le 26 octobre 2020 – La non-acceptabilité sociale du projet GNL/Gazoduq a été clairement exprimée lors de la première journée de séances du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) tenue aujourd’hui de façon entièrement virtuelle. Qu’il s’agisse des émissions de gaz à effet de serre (GES), des impacts psychosociaux, des coûts pour la société québécoise ou encore de l’impact sur les mammifères marins et l’industrie du tourisme, 22 des 28 intervenant-es ont présenté des arguments contre ce projet d’exportation de gaz fossile (issu de l’Alberta) vers les marchés internationaux.

De l’Abitibi-Témiscamingue à la Côte-Nord, en passant par la Mauricie et le Saguenay-Lac-Saint-Jean, plusieurs groupes citoyens ont exprimé leur opposition au projet GNL/Gazoduq. Les communautés impactées par le passage du gazoduc et des méthaniers ont fait front commun pour démontrer à la commission que le projet n’a pas d’acceptabilité sociale. « Nous transmettons aujourd’hui au BAPE les préoccupations des citoyen-nes rencontrés au cours des derniers mois lors des activités de sensibilisation et de mobilisation. En gros, les citoyen-nes sont consterné-es devant le manque de cohérence entre ce projet et les engagements du Québec dans la lutte aux changements climatiques et souhaitent l’abandon pur et simple du projet », explique Marie-Eve Sigouin, porte-parole de la Coalition anti-pipeline de Rouyn-Noranda.

Marc Durand, docteur ingénieur en géologie appliquée, a vivement critiqué le taux de fuites utilisé dans l’étude des émissions de GES du projet commandée par le promoteur, qui a été réalisée par le CIRAIG. Il a expliqué que l’alimentation de l’usine de liquéfaction nécessiterait le forage de plus de 16 000 puits dans l’Ouest canadien, majoritairement par fracturation hydraulique. Il a de plus rappelé que la grande majorité des puits de gaz continuent de produire des émissions fugitives bien après leur fermeture, comme au Québec où les ⅔ des puits gaziers ont des fuites. Ce spécialiste de l’industrie gazière a recommandé d’utiliser un taux de fuites de 4 à 9 % de la quantité de gaz qui serait exportée plutôt que 1,2 % comme celui utilisé par le CIRAIG qui ne tient pas compte des fuites après la fermeture des puits.

« En prenant en compte le réel taux de fuites de méthane, les émissions de GES engendrées par le projet seraient au moins deux fois plus élevées que les chiffres avancés par le promoteur. Ces émissions seraient telles qu’elles annuleraient complètement l’avantage théorique du gaz sur le charbon et qu’elles anéantiraient le seul argument utilisé par GNL/Gazoduq pour vendre son projet comme un projet “vert” », explique Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.

La Fondation David Suzuki a présenté les risques pour la société québécoise de se retrouver avec une facture salée en cas de faillite de GNL/Gazoduq. « Le retrait du fonds Berkshire Hathaway de Warren Buffet montre que le projet présente des risques financiers importants. Si les assurances et garanties financières exigées ne sont pas suffisantes advenant la faillite de la compagnie, l’État québécois se verrait contraint de payer les frais de désinstallation et de décontamination des terrains utilisés par GNL. C’est un flou légal. », résume Diego Creimer, co-directeur par intérim de la Fondation David Suzuki.

Jean Paradis, fondateur de Négawatts, a dressé dans son mémoire le portrait de l’utilisation d’hydroélectricité par le projet et ce que cela représente comme économies pour le promoteur. « GNL consommerait 4,7 milliards de Kwh à tarif préférentiel chaque année pendant 25 ans. Pendant les six premières années, la compagnie bénéficierait d’un rabais de 20 % sur le tarif préférentiel de 3,27 cents le kilowattheure. Ensuite, à plein tarif à 3,27 cents pendant 19 ans. En comparant avec le coût évité à 6 cents, à partir de la méthode de comparaison interne d’Hydro-Québec, ça représenterait un avantage financier de 3,5 milliards sur 25 ans en électricité propre pour exporter des énergies fossiles », explique le citoyen du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Les enjeux entourant la consommation d’eau potable et les milieux humides et hydriques ont aussi été soulevés par l’organisme Eau Secours. « Énergie Saguenay préfère compenser plutôt que minimiser ou éviter l’atteinte aux milieux humides. Malgré ses moyens financiers, GNL Québec propose de faire table rase de ces milieux riches et salutaires pour la planète pour les remplacer par une usine de liquéfaction d’énergies fossiles. En pleine crise climatique, c’est le comble de l’illogisme », rappelle Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.

Parmi les autres enjeux soulevés par les intervenant-es, ENvironnement JEUnesse a souligné que le projet serait un fardeau colossal pour les générations futures s’il voit le jour. Un citoyen du Lac-Saint-Jean a expliqué que tous ses efforts et ses petits gestes écoresponsables seraient tout simplement anéantis par ce projet de gaz méthane. De même, une citoyenne de la Mauricie s’est dite angoissée par cette proposition de projet sans avenir dont la réalisation lui ferait carrément honte. Quant au Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), il a rappelé qu’aucun contrat avec des acheteurs de gaz n’a été signé et que le scénario de substitution du charbon par du gaz fossile liquéfié présenté par le promoteur n’est basé sur aucune preuve concrète.

Les audiences se poursuivent toute la semaine et peuvent être suivies sur le site du BAPE. Tous les mémoires peuvent être fournis sur demande.

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Pour plus d’informations, veuillez contacter: Loujain Kurdi, Conseillère aux communications, Greenpeace Canada, +1 514-577-6657, [email protected]