(TORONTO) – Compte tenu de la récente guerre en Ukraine, les agriculteur·rices voient les prix des engrais monter en flèche alors que le coût des aliments s’envole. Dans sa réponse officielle à la consultation publique annoncée par Agriculture et Agroalimentaire Canada, Greenpeace Canada s’appuie sur de nouvelles recherches pour formuler des recommandations qui peuvent aider à briser notre dépendance aux engrais azotés synthétiques et à construire un avenir agricole socialement juste et à faibles émissions. 

Aujourd’hui, 10 % de toutes les émissions au Canada proviennent des cultures et de l’élevage. De ce nombre, environ un tiers provient de l’oxyde nitreux (N2O), un gaz à effet de serre 250 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) et libéré par les engrais azotés lors de leur application. La réduction des émissions d’engrais est donc essentielle pour atténuer l’impact croissant de l’agriculture industrielle sur le climat.

À l’échelle mondiale, les engrais azotés synthétiques sont un vecteur important de la crise climatique, puisqu’ils sont responsables de 2,4 % des émissions de gaz à effet de serre. La nécessité d’utiliser de grandes quantités de combustibles fossiles pour leur production, notamment du gaz naturel, a conduit plusieurs critiques à les qualifier d’« engrais fossiles ». Selon une nouvelle étude de Greenpeace Canada, environ 5,5 millions de tonnes de ces engrais sont produites ici annuellement [1]. Les processus industriels pour les fabriquer au Canada représentent 8 à 10 % de notre consommation annuelle de gaz naturel [2].

De plus, selon une nouvelle recherche commandée par Greenpeace Canada et Protection mondiale des animaux Canada (WAPC), les émissions liées à la production de nourriture pour le bétail représentent environ 28 % de toutes les émissions liées à la production agricole au Canada [3]. Cela signifie que plus de 8 millions de tonnes d’équivalent CO2 sont émises annuellement par la production d’aliments pour le bétail [4], dont environ 85 % proviennent de la production et de l’application d’engrais azotés [5].

Ces données s’appuient sur les recherches menées en 2021 par Greenpeace International et d’autres organismes, qui montrent que le taux d’émissions dues aux engrais azotés synthétiques au Canada figure parmi les plus élevés au monde par habitant·e. Entre-temps, selon les propres chiffres du gouvernement fédéral, les émissions agricoles continuent d’augmenter malgré les progrès réalisés dans d’autres secteurs.

Voilà pourquoi Greenpeace Canada demande au gouvernement fédéral et au ministre Bibeau de fixer des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions provenant des engrais azotés. De plus, nous recommandons dans notre mémoire de plafonner la production d’engrais artificiels, de réduire l’élevage industriel, de décourager l’utilisation de cultures pour la production de biocarburants à fortes émissions, d’appliquer davantage le savoir autochtone dans l’ensemble du système alimentaire et d’investir massivement dans le soutien aux nombreux agriculteurs et agricultrices qui adoptent des pratiques biologiques qui ne nécessitent pas l’utilisation d’engrais artificiels.

Salomé Sané, Chargée de la campagne Nature et Alimentation chez Greenpeace Canada, a déclaré :

« L’agriculture était la grande oubliée de la COP26 en novembre dernier. Pourtant, le système agricole contribue de manière significative au dérèglement climatique, surtout au Canada, de par notre sur-dépendance aux engrais fossiles.  De plus, le secteur se montre extrêmement vulnérable aux chocs externes comme le prouvent les conséquences de la guerre en Ukraine.  

Pour une agriculture résiliente, une transformation de nos modes de production et de consommation est essentielle, loin d’additifs de synthèse gourmands en énergie fossile. Nous devons donc faire la transition vers un modèle agricole juste, durable, et respectueux des droits et de la souveraineté des peuples autochtones. »

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Note aux éditeur·rices : 

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[1] Méthodologie disponible sur demande.

[2] Alors que l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) affirme que « nous utilisons environ 10 % de notre gaz naturel extrait pour créer de l’ammoniac pour les engrais », un rapport de 2009 de Ressources naturelles Canada concluait à l’inverse que « l’industrie des engrais représente environ 8 % de la consommation de gaz naturel au Canada ».

[3] Méthodologie disponible sur demande.

[4] Ibid. 

[5] La ventilation par source des émissions issues de la production d’aliments pour le bétail est basée sur nos estimations de la production d’aliments pour le bétail par région géographique et sur les facteurs d’émissions dérivés par la Table ronde canadienne sur les cultures durables dans son analyse des émissions de GES de 2017. La méthodologie complète est disponible sur demande.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Dina Ni, Conseillère aux communications, Greenpeace Canada, 

[email protected], +1 416 820-2148