(TORONTO) – Selon un nouveau rapport de Greenpeace Canada, les cinq grandes banques canadiennes seront exclues du club des banques « Net zéro » des Nations Unies, à moins de présenter un plan crédible visant à éliminer progressivement leur soutien aux combustibles fossiles et à augmenter considérablement leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre d’ici à 2030.

« Les Nations Unies ont vu clair dans leur jeu, et les grandes banques canadiennes font maintenant face à un choix. Soit elles prennent un engagement sérieux envers l’élimination progressive de leur soutien financier aux entreprises de combustibles fossiles, soit elles seront exclues de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero » a déclaré Keith Stewart, stratège senior en énergie chez Greenpeace Canada. « Les engagements actuels des banques sont loin, très loin de ce que l’ONU a fixé comme exigences minimales. »

Les banques RBC, Banque Scotia, TD, CIBC et BMO ont toutes adhéré à la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) en octobre 2021, s’engageant ainsi à aligner leurs portefeuilles de prêts et d’investissements sur une trajectoire zéro émission nette fondée sur la science à l’horizon 2050. Pourtant, en 2021, ces cinq banques ont augmenté leurs financements dédiés aux combustibles fossiles et se trouvent maintenant parmi les 20 plus importants bailleurs de fonds des combustibles fossiles au niveau mondial.

Après avoir exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant au risque d’écoblanchiment, l’ONU a publié en juin 2022 un guide clarifiant les critères d’adhésion à la GFANZ et à d’autres initiatives soutenues par les Nations Unies dans le cadre de la campagne Race to Zero [1]. Les nouveaux critères indiquent de façon claire que les banques canadiennes membres de la GFANZ doivent « réduire et éliminer progressivement » leur soutien aux combustibles fossiles ne pouvant faire l’objet de mesures de contrôle des émissions, et ce, conformément à une trajectoire zéro émission nette fondée sur la science telle que le scénario Net Zero de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) paru en 2021. Les banques doivent en outre s’engager à réduire d’au moins 50 % les émissions financées d’ici à 2030, et sont également tenues d’aligner leurs campagnes de lobbying et de relations publiques sur ces critères actualisés.

Le nouveau rapport, intitulé Alignés sur l’Objectif zéro? Les prétendus engagements net zéro des banques canadiennes, évalue les engagements actuels des banques et démontre que ceux-ci sont loin de remplir les critères de l’ONU [2].

L’ONU développe actuellement une procédure visant à expulser les membres qui ne satisfont pas aux critères [3]. Les membres ont ainsi jusqu’au 15 juin 2023 pour publier un plan détaillant comment les critères actualisés seront appliqués. Greenpeace Canada demande aux banques canadiennes de respecter les critères de Race to Zero [4] plutôt que de chercher à les affaiblir, et les appelle à respecter l’échéance fixée par les Nations Unies pour la publication d’un plan d’élimination progressive des combustibles fossiles, à hausser leur objectif de réduction pour 2030 à au moins 50 % et à cesser de plaider en faveur d’une augmentation de la production pétrolière. Parmi les éléments essentiels de ces plans climat doivent figurer le respect des droits des peuples autochtones et des stratégies de protection et de restauration de la biodiversité [5].

« Il est temps que les banques passent à la vitesse supérieure en matière de financement climatique et respectent au moins les normes minimales de l’ONU, plutôt que de prôner le nivellement par le bas », a déclaré M. Stewart.

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Note aux éditeurs·rices :

Le rapport est disponible ici

[1] Alignés sur l’Objectif zéro? Les prétendus engagements net zéro des banques canadiennes, p.6.

[2] Afin de garantir l’exactitude du rapport, Greenpeace Canada en a transmis une version préliminaire aux cinq banques avant sa publication. Seule la Banque Scotia a fourni des commentaires, qui ont été intégrés au rapport. Le rapport final sera remis au président de la GFANZ, Mark Carney, et à l’ancienne ministre canadienne de l’Environnement, Catherine McKenna, nommée par les Nations Unies à la tête du Groupe d’experts de haut niveau 

sur les engagements de zéro émission nette des entités non étatiques, sorte de « commission de lutte contre l’écoblanchiment ».

[3] « Finance groups risk being kicked out of Mark Carney-led climate coalition », Financial Times, 22 août 2022 https://www.ft.com/content/58575db9-5670-4b2d-a555-2c3aed0fdd6d
[4] Alignés sur l’Objectif zéro? Les prétendus engagements net zéro des banques canadiennes, p.21.

[5] Nos demandes aux banques sont détaillées dans les quatre points suivants :

  1. Intégrer les conclusions du scénario Net Zero de l’AIE dans les stratégies climatiques des banques, notamment en interdisant le financement de nouveaux projets d’exploitation de combustibles fossiles ainsi que le financement au niveau des entreprises qui développent la production et le transport de combustibles fossiles;
  2. Présenter des objectifs de réduction absolue des émissions, y compris des objectifs de réduction du financement des combustibles fossiles et des plans de mise en œuvre couvrant l’ensemble de leurs services financiers dans le but de réduire de moitié les émissions financées d’ici à 2030, en cohérence avec l’objectif de maintien du réchauffement à 1,5˚C;
  3. Soutenir, affirmer et respecter les droits des peuples autochtones, notamment en s’engageant à adhérer à des politiques et des pratiques qui garantissent leur consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) tel que défini à l’article 32 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA);
  4. S’engager à protéger et à restaurer la biodiversité dans toutes les activités de financement en créant des stratégies en partenariat étroit avec les peuples autochtones, dont les droits et les connaissances sont essentiels à la régénération et à la gestion responsable des terres volées. 

Pour plus d’informations, contactez : 

Laura Bergamo, Conseillère en communications, Greenpeace Canada

[email protected] ; +1 438 928-5237