Les changements climatiques ne touchent pas tout le monde de la même manière.
Lorsque des catastrophes climatiques surviennent, certaines personnes disposent des ressources nécessaires pour se mettre à l’abri, fuir ou reconstruire. D’autres n’ont pas les moyens de le faire.
Les vagues de chaleur, des inondations et des feux de forêt frappent plus durement les pays et les gens à faible revenu, les femmes, les personnes en situation de handicap, ainsi que les collectivités noires, autochtones et racisées. Au Canada, de nombreuses communautés autochtones isolées sont plus vulnérables aux incendies de forêt parce qu’elles sont plus difficiles à atteindre.
C’est là qu’intervient la justice climatique, qui vise à garantir que la voix des personnes les plus touchées par la crise climatique soit placée au premier plan lorsqu’il s’agit de trouver des solutions. L’action climatique ne se résume pas à la réduction de la pollution par les gaz à effet de serre. Elle implique également la construction d’un avenir équitable où tout le monde peut s’épanouir.
Le mouvement de restitution des terres (« Land Back »)

À l’été 2020, des défenseur·ses des terres des Six Nations de la rivière Grand ont installé un camp et bloqué des routes à Caledonia, dans l’Ontario. Les membres du groupe voulaient empêcher une entreprise de construire des maisons sur des terres qui leur ont été octroyées en 1784, après avoir combattu aux côtés des Britanniques lors de la Révolution américaine.
Le camp a été baptisé « 1492 Land-Back Lane ».
Au cours des centaines d’années qui se sont écoulées depuis 1492, date à laquelle les navires de Christophe Colomb ont jeté l’ancre en Amérique du Nord pour la première fois, les colonisateur·rices et les gouvernements coloniaux ont forcé les peuples autochtones à quitter leurs terres. Ces expulsions avaient souvent pour but de permettre aux colonies de s’approprier les ressources présentes sur ces terres, comme les arbres ou les minerais.
Le mouvement Land Back appelle à la restitution aux peuples autochtones de leurs territoires traditionnels. Il reconnaît que les peuples autochtones ont un droit foncier sur leurs terres et qu’ils entretiennent un lien profond avec elles. Il s’agit aussi d’un mécanisme important pour ralentir les changements climatiques et protéger la nature.
En effet, de nombreuses traditions autochtones encouragent la gestion et la préservation du territoire pour les générations futures. Les communautés autochtones protègent déjà au moins 21 % des terres de la planète. Dans de nombreux endroits, leurs efforts sont plus efficaces que la gestion de réserves fauniques et de parcs nationaux par le gouvernement.
Le peuple haïda : protéger leur culture, les forêts et le climat

L’archipel Haïda Gwaïi est un groupe d’îles situé dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique. Les membres de la nation Haïda y vivent depuis des milliers d’années. Depuis des décennies, leur communauté se bat pour protéger les forêts anciennes insulaires contre les méthodes d’exploitation forestière les plus nocives.
Ces forêts imposantes sont une composante essentielle des traditions culturelles haïda et abritent une faune et une flore d’une étonnante diversité. Elles constituent également un outil puissant pour ralentir les changements climatiques.
Les forêts anciennes stockent d’énormes quantités de dioxyde de carbone, l’un des gaz à effet de serre qui contribuent le plus au réchauffement de la planète. Lorsque nous les abattons, nous les empêchons d’absorber davantage de pollution par le carbone. Et ce n’est pas tout! Les arbres coupés libèrent également dans l’air le carbone qu’ils ont stocké pendant des siècles.
Les Haïdas ont bloqué des chemins forestiers, organisé des manifestations et même poursuivi le gouvernement de la Colombie-Britannique. Au fil des ans, ces actions leur ont permis de renforcer la protection de leurs terres et de leur droit à les gérer.
En 2025, quelque chose d’historique s’est produit : le gouvernement fédéral et les leaders haïda ont signé un accord reconnaissant le titre ancestral de la nation Haïda sur Haïda Gwaïi. Cet accord confirme leur droit sur les terres visées par ce titre et leur permet de protéger plus facilement leur territoire et leur culture.
Comme l’a déclaré un activiste haïda : « Ce que nous avons de plus précieux ici, c’est la nature… Cela ne sert à rien d’avoir des droits de pêche s’il n’y a pas de poisson ».
La justice climatique commence par les communautés
Ces histoires nous montrent à quoi ressemble la justice climatique lorsqu’elle est dirigée par les personnes les plus touchées par l’injustice. Leurs expériences, leurs traditions et leur connaissance intime des milieux où elles vivent doivent absolument être prises en compte pour trouver de vraies solutions, à savoir des mesures capables de restaurer la nature et de remédier aux systèmes injustes qui sont à l’origine des problèmes.
Vous voulez en savoir plus et sensibiliser les gens de votre entourage? Lisez et partagez ces pages :