Pourquoi la nouvelle Loi visant une sécurité rigoureuse à la frontière du Canada reflète les mesures anti-immigration des États-Unis, et ce que nous pouvons faire à ce sujet.
Ces dernières semaines, les raids à l’encontre des personnes immigrantes à Los Angeles ont entraîné une vague de manifestations. Les gens prennent la rue pour dénoncer les expulsions massives, les arrestations par l’ICE et la criminalisation croissante des personnes migrantes aux États-Unis. La contestation citoyenne s’intensifie alors que les États et le gouvernement fédéral adoptent de nouvelles mesures sévères, notamment la controversée loi SB4 au Texas et les propositions d’opérations d’expulsion à l’échelle du pays.
Et maintenant, le Canada s’engage dans la même voie.
Le nouveau gouvernement fédéral de Mark Carney a présenté le projet de loi C-2, Loi visant une sécurité rigoureuse à la frontière, un texte législatif ambitieux qui reprend les pires aspects de la politique d’immigration des États-Unis. Il étend les pouvoirs frontaliers, affaiblit les protections juridiques accordées aux personnes migrantes et réfugiées, et confère une autorité incontrôlée encore plus grande à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Si les droits de la personne, la justice pour les personnes migrantes ou la souveraineté autochtone vous tiennent à cœur, cela devrait vous préoccuper.
Le projet de loi C-2, Loi visant une sécurité rigoureuse à la frontière est un texte législatif omnibus visant à réformer l’approche du Canada en matière de sécurité frontalière et d’application des lois sur l’immigration. Mais derrière le discours sur la « protection des Canadien·nes » se cache une dangereuse réalité :
- Élargissement des pouvoirs de l’ASFC sans contrôle indépendant;
- Augmentation du nombre de détentions et d’expulsions sans procédure régulière;
- Réduction de l’accès à l’asile pour les personnes fuyant la guerre, la pauvreté ou les catastrophes climatiques;
- Renforcement du partage d’informations et de la coopération avec l’ICE et les services d’immigration américains.
Many of the provisions in Bill C-2 have been previously rejected by Parliament. De nombreuses dispositions du projet de loi C-2 ont déjà été rejetées par le Parlement. Aujourd’hui, elles sont regroupées dans un seul texte législatif et font l’objet d’une procédure accélérée au nom de la sécurité nationale.
Nous avons déjà vu ce scénario, surtout dans les États-Unis de Trump, où les raids contre les personnes immigrantes, les séparations de familles et les mesures répressives de l’ICE sont devenues chose courante. À Los Angeles, les gens qui ont manifesté contre les raids récents ont fait l’objet de violences policières, d’arrestations et de menaces d’expulsion, en particulier ceux qui n’ont pas de papiers.
Ces attaques ne sont pas des faits isolés. Elles s’inscrivent dans une stratégie transnationale plus large visant à criminaliser les mouvements et à faire taire la dissidence. Le projet de loi C-2 illustre parfaitement ce programme. Il présente la migration comme une menace, élargit les dispositifs de surveillance de l’État et traite les personnes en quête de sécurité comme des criminelles. Tout comme les États-Unis, le Canada utilise le langage de la « sécurité frontalière » pour justifier l’érosion des libertés civiles et l’expansion du contrôle de l’État. La situation est tristement ironique : Carney a remporté les élections fédérales en promettant de s’opposer au programme de Trump et de diriger autrement, et son gouvernement s’inspire désormais des mêmes politiques qu’il critiquait il n’y a pas si longtemps.
L’ASFC a déjà un bilan inquiétant, avec notamment :
- Décès multiples en établissement;
- Profilage racial persistant;
- Aucune surveillance civile indépendante.
Et pourtant, le projet de loi C-2 donnerait à cette agence encore plus de pouvoir, tout en rendant plus difficile pour les personnes de contester les décisions, d’accéder à une aide juridique ou de rester avec leur famille. Ces mesures ne visent pas à assurer la sécurité des communautés, mais bien à ériger des murs autour d’elles.
Par ailleurs, nous ne pouvons pas parler de politique frontalière sans reconnaître la nature coloniale des frontières du Canada. Elles ont été imposées sans le consentement des peuples autochtones et continuent de diviser leurs territoires et de bafouer leurs droits. Qu’il s’agisse de membres de la nation Haudenosaunee revendiquant leur droit de franchir la frontière canado-américaine ou de familles inuit vivant de part et d’autre des lignes coloniales dans l’Arctique, les peuples autochtones résistent depuis longtemps à l’idée que les frontières d’un État puissent primer sur leurs lois et leur relation au territoire. Le projet de loi C-2 aggrave ce préjudice. Il renforce un système dans lequel l’État colonial contrôle l’appartenance et l’exclusion.
Plutôt que de miser sur la répression et l’expulsion, le Canada devrait :
- Régulariser le statut de toutes les personnes vivant ici, car personne n’est illégal sur des terres volées;
- Créer des mécanismes migratoires sûrs, dignes et fondés sur la bienveillance plutôt que sur le contrôle;
- Investir dans des solutions climatiques qui s’attaquent aux causes profondes des déplacements forcés, dont bon nombre résultent de l’extraction coloniale et de la cupidité des entreprises;
- Respecter les lois, la gouvernance et les relations autochtones à la terre au-delà du cadre colonial des frontières;
- Reconnaître le droit à l’asile comme un droit fondamental, et non comme un privilège gouverné par la peur politique.
Nous avons besoin d’un système fondé sur la bienveillance et la justice, et non sur la peur et le contrôle.
Façons de faire obstacle au projet de loi C-2
📣 1. Dites au premier ministre Carney de renoncer au projet de loi C-2
Rejoignez le mouvement croissant en faveur d’une politique d’immigration fondée sur la justice. Faites savoir au premier ministre que nous rejetons les discours alarmistes anti-immigration et le contrôle autoritaire.
📬 2. Email your MP and key ministers
Utilisez l’outil créé par le Migrant Rights Network pour envoyer un message à votre député·e, au ministre de la Sécurité publique et au ministre de la Justice.
🫱🏿🫲🏾 3. Soutenez les organisations communautaires
Soutenez et amplifiez le travail d’organisations telles que le Conseil canadien pour les réfugiés, Migrant Workers Alliance for Change, Solidarity Across Borders, Action Dignity, Butterfly et Rainbow Railroad, qui s’opposent aux politiques injustes et renforcent le pouvoir d’action des communautés les plus touchées.
🔍 4. Approfondissez et partagez vos connaissances
Renseignez-vous sur le travail de groupes alliés, comme la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles, qui surveillent l’impact du projet de loi C-2 et d’autres textes législatifs similaires. Partagez leurs mises à jour et leurs ressources avec vos réseaux.
🎤 5. Parlez-en
Ce blogue est un outil – utilisez-le! Organisez un atelier d’éducation populaire, un dîner-conférence au travail ou un rassemblement en ligne pour discuter des impacts de la violence frontalière et de la manière dont nous y répondons par la solidarité.
Nous n’avons pas besoin de frontières plus strictes, nous avons besoin de communautés plus fortes. Ce n’est pas une surveillance accrue qu’il nous faut, mais de la solidarité. Et nous ne pouvons pas prétendre œuvrer pour un avenir vivable tout en criminalisant les personnes contraintes de quitter leur domicile à cause des systèmes que nous refusons de changer.
Les frontières ne nous protégeront pas. Pour assurer notre sécurité, nous devons commencer par prendre soin les un·es des autres.