Pour bien des personnes, les COP sont synonymes de discours interminables et de séances photo, et c’est parfois vrai. Cependant, elles constituent surtout l’un des principaux outils dont nous disposons pour lutter collectivement contre la crise climatique. À l’approche de la COP30, qui se tiendra à Belém, en bordure de la forêt amazonienne, voici cinq choses à savoir sur ces rencontres internationales.

1. Qu’est-ce qu’une COP?

L’acronyme COP signifie « Conference of the Parties », ou Conférence des Parties en français. Il s’agit du sommet annuel des pays membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un traité international établi en 1992.

La CCNUCC compte actuellement 198 États membres, ce qui en fait l’un des plus grands organes multilatéraux des Nations Unies. Les COP sont l’occasion pour ces pays de se concerter sur les moyens de limiter le réchauffement climatique, réduire les émissions de gaz à effet de serre et soutenir les communautés qui subissent les contrecoups des changements climatiques.

Jasper Inventor, Martin Kaiser, Fred Njehu et Camila Jardim prenant part à une conférence de presse lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, en novembre 2024. © Marie Jacquemin/Greenpeace

Chaque COP réunit une multitude de participantes et de participants, y compris des dirigeant·es du monde entier, des équipes de négociation gouvernementales, des scientifiques, des leaders autochtones, des jeunes activistes, des journalistes et, bien entendu, des lobbyistes. C’est un rassemblement complexe, chaotique et souvent frustrant. Cependant, il n’existe aucun autre forum mondial où les plus petites nations insulaires et les plus grandes économies mondiales se réunissent autour d’une même table pour tenter de conclure des accords.

Ces conférences s’apparentent un peu à un projet de groupe scolaire transposé à l’échelle internationale. Certaines personnes ne sont pas leurs devoirs et d’autres tentent activent de saboter le travail en cours, mais nous avons tout de même besoin que tout le monde participe pour réussir.

2. L’importance des COP dans l’élaboration de solutions mondiales

La crise climatique ne connaît pas de frontières. Les sécheresses dans une région peuvent faire grimper le prix des denrées alimentaires à l’échelle mondiale. La fonte des glaciers dans l’Himalaya menace des communautés situées à des milliers de kilomètres de là. Et en Asie du Sud, des canicules entraînent la mort de personnes qui ne sont pas responsables de ce chaos.

Voilà la raison d’être des COP : elles constituent le seul endroit où les gouvernements peuvent, du moins en théorie, coopérer pour résoudre un problème qu’aucun pays ne peut régler seul. Le terme « multilatéralisme » peut sembler complexe, mais il signifie simplement que les pays travaillent ensemble. Et en matière de climat, les problèmes mondiaux nécessitent des solutions mondiales.

Sans les COP, chaque pays serait contraint de faire face seul à une urgence planétaire. Et nous savons à quel point cela peut être dangereux.

3. Ce que les COP ont permis d’accomplir jusqu’à présent

Activité « Flood the COP » lors de la COP27, à Charm el-Cheikh, en Égypte, en novembre 2022. © Marie Jacquemin/Greenpeace

Il est facile de céder au cynisme, mais l’histoire montre que les COP peuvent produire des résultats concrets lorsque la pression s’intensifie :

Aucune de ces victoires n’est le fruit du hasard. Elles sont le résultat du pouvoir citoyen : le leadership des peuples autochtones, la résistance des pays vulnérables aux changements climatiques, la persévérance des activistes et les millions de personnes qui réclament des mesures concrètes.

4. COP : lobbyistes vs. mobilisation citoyenne

Parlons franchement : les COP sont souvent critiquées comme étant des forums de discussion où le nombre de lobbyistes éclipse celui des participant·es venant de pays vulnérables aux changements climatiques. Lors de la COP28, les groupes de lobbying du secteur des énergies fossiles étaient en réalité plus nombreux que presque toutes les délégations nationales. Les entreprises du secteur de la viande et des produits laitiers étaient également présentes pour défendre l’élevage industriel.

C’est pour cette raison que la société civile, les peuples autochtones, les jeunes et les activistes doivent avoir une présence dans les salles de réunion : afin de demander des comptes aux gouvernements, dénoncer les tactiques d’écoblanchiment et amplifier les voix trop souvent reléguées aux marges.

Une activiste lève le bras en signe de solidarité lors de la plénière des peuples pendant la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, en novembre 2024. © Marie Jacquemin/Greenpeace

Greenpeace participe aux COP non pas parce que nous pensons que les responsables politiques vont nous sauver, mais parce les progrès sont encore moins probables sans pression constante. C’est grâce au pouvoir citoyen que le changement devient possible.

5. Un fait qui témoigne de l’importance de la COP

Voilà un chiffre évocateur. Selon les Nations Unies, les engagements nationaux actuels en matière de climat nous placent toujours sur la voie d’un réchauffement climatique pouvant atteindre 3,1 °C avant la fin du siècle. Cependant, pour s’en tenir à la limite de 1,5 °C, les pays doivent mettre pleinement en œuvre et renforcer leurs engagements, en veillant à réduire leurs émissions d’environ 43 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019, et à aller encore plus loin d’ici 2035.

C’est ce qui fera la différence entre un effondrement généralisé des écosystèmes et une chance de stabiliser le climat. Cela montre pourquoi les COP sont toujours nécessaires. Les décisions qui y sont prises sont capables d’ajouter ou de retirer des gigatonnes de pollution carbone de l’atmosphère. Et cette différence est vitale pour des millions de personnes, pour les forêts, pour la biodiversité et pour les générations futures.

Pourquoi la COP30 sera déterminante

La 30édition de la COP se tiendra cette année à Belém, une ville située à l’orée de la forêt amazonienne au Brésil. Difficile d’imaginer un symbole plus fort. L’Amazonie abrite une biodiversité extraordinaire et des millions de personnes, dont de nombreuses communautés autochtones. Elle est également l’un des plus importants puits de carbone sur Terre, absorbant des milliards de tonnes de CO₂ chaque année. Les scientifiques avertissent cependant que l’Amazonie se rapproche d’un point de basculement, au-delà duquel elle pourrait commencer à rejeter plus de carbone qu’elle n’en stocke.

La COP30 se tiendra également dix ans après la conclusion de l’accord de Paris, ce qui en fait un moment idéal pour faire le bilan. Les gouvernements participants doivent proposer des engagements climatiques plus ambitieux et alignés sur l’objectif de 1,5 °C, seuil dangereux qui, selon la communauté scientifique, ne doit pas être dépassé. Autrement dit, c’est cette année que les leaders du monde doivent mettre tout en œuvre pour atteindre les objectifs fixés à Paris.

Des activistes de Greenpeace déploient une banderole à l’intérieur d’un bâtiment situé sur le campus des Nations Unies lors de la Conférence sur le climat de Bonn, appelant à des mesures plus fermes pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. © Marie Jacquemin/Greenpeace

Les enjeux ne pourraient être plus importants. La COP30 est l’occasion pour les gouvernements de faire preuve de courage et passer de la négociation à l’action.

Et si la méfiance est légitime, l’espoir demeure essentiel. Le changement ne vient pas seulement des personnes en position de pouvoir, mais aussi des citoyen·nes qui agissent en manifestant dans les rues, en votant, en poursuivant les pollueurs devant les tribunaux, en protégeant les forêts, en partageant leurs histoires et en exigeant la justice.