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Bruce Cox a été le directeur exécutif de Greenpeace Canada pendant dix ans, de 2003 à 2013.

Bruce était également un frère, un oncle et un ami pour beaucoup. Dire que son récent décès nous a laissé·es stupéfait·es et attristé·es serait un euphémisme. Nos pensées vont bien évidemment à sa partenaire de longue date, Una.

Bien que ce soit un moment triste pour celles et ceux d’entre nous qui ont connu Bruce, c’est aussi un moment pour célébrer la vie de cet homme qui a tant donné au mouvement pour la justice sociale et environnementale au Canada, et qui nous a guidé·es avec courage, passion et intégrité pendant de nombreuses années.

Bruce n’a jamais été intéressé par la gloire ou la célébrité, il voulait d’abord et avant tout faire une différence. Bruce était un homme simple qui s’habillait souvent en bermuda et en sandales, mais qui avait toujours un veston caché dans son bureau, prêt à réagir si des médias appelaient ou si Greenpeace était attaquée. Il passait alors en coup de vent, demandant si la veste lui allait, et la seconde d’après, il était en direct sur Radio-Canada, défendant notre droit de protester contre le gouvernement Harper. 

Il a inculqué à un grand nombre d’entre nous l’idée que chacun·e partie d’une longue tradition d’actions de désobéissance civile qui a su apporter des changements sociaux, des suffragettes à Gandhi en passant par Martin Luther King. Il est inspirant de voir aujourd’hui une nouvelle génération prendre le relais au Canada avec les mouvements Land Back et Black Lives Matter qui remettent en question le statu quo avec autorité morale et bravoure.

Bruce a toujours su que le changement social n’est pas facile à obtenir. C’est pourquoi il a défendu, tout au long de sa vie, le rôle des dissident·es dans notre société. Il était toujours présent pour défendre son entourage et notre droit de protester. Parce qu’il connaissait le poids que peut avoir l’activisme sur les épaules de quelqu’un·e, il savait que l’appui de nos pairs n’a pas de prix. Il a toujours répondu présent, Il a toujours été là pour nous.

Son attitude et son esprit nous ont donné la confiance nécessaire pour rêver et voir grand. Il encourageait la prise de risques et insufflait la conviction que nous pouvons changer le monde, perpétuant cet état d’esprit si particulier à Greenpeace, qui consiste à tenter l’impossible. Il n’a pas hésité à lui-même s’interposer et se faire arrêter pour protester contre des projets pétroliers.

Il était également intelligent, mêlant son analyse politique d’actions audacieuses, ayant ainsi un impact bien au-delà de ce que des ressources limitées auraient pu laisser entrevoir.

Passionné d’ornithologie, Bruce connaissait toutes les buses à queue rousse du quartier de Kensington/Chinatown, appelant les gens dans son bureau dès qu’elles se présentaient.

Militant jusqu’à la fin, Bruce a continué de se tenir debout devant les instances de pouvoir pendant ses derniers mois et à défendre les oiseaux de l’Ontario face à l’attaque de Doug Ford sur la faune sauvage. Il apprécierait probablement que nous partagions une ligne de sa dernière lettre ouverte, toujours aussi convaincante et pleine de passion et de sagesse :

« La chasse non gérée d’un oiseau indigène non comestible qui a été pratiquement anéanti en Ontario … est au mieux presque complètement dépourvue de fondement scientifique, et au pire, une pratique de cible vivante.« 

Il a infusé chez Greenpeace son amour profond de la nature et sa passion pour la justice sociale: l’intersectionnalité, dirait-on de nos jours.

Il était aussi farouchement engagé à défier les industries qui détruisent notre planète qu’à trouver des solutions pour les travailleurs, les travailleuses, et les communautés. Ancien pêcheur commercial et organisateur syndical de longue date, ces sujets étaient loin d’être abstraits pour Bruce. Cela faisait partie de son ADN, tout comme c’est devenu une partie de celui de Greenpeace à son époque. Cet héritage est toujours vivant.

Il a organisé les meilleures fêtes que Greenpeace ait connues et que dire des courtes nuits que nous avons passées, l’écoutant nous raconter ses histoires et anecdotes. Il avait un rire puissant et contagieux. Ces moments resteront certainement gravés de nos coeurs.

Il était un leader et nous lui sommes à jamais reconnaissant·es pour son dévouement, son humour et son grand cœur.

Merci pour tout Bruce.