L’huile de palme issue de la destruction de la forêt tropicale menace notre climat, nos communautés et la faune du monde entier.
Et elle est partout où nous allons, faisant son chemin dans les barres de chocolat, les croustilles, le shampoing et même le dentifrice. Elle est tellement répandue que les agriculteurs·trices canadien·nes l’utilisent même pour nourrir les vaches, comme nous l’avons appris lors du récent scandale «Buttergate».
Mais saviez-vous que le gouvernement fédéral du Canada a un rôle important à jouer dans l’augmentation de sa consommation? Lisez la suite pour en savoir plus et passer à l’action.
Importations d’huile de palme : le lien commercial
Alors que notre équipe investiguait l’histoire «Buttergate», Greenpeace a découvert et exposé le risque énorme d’avoir encore plus d’huile de palme sur nos étagères et dans nos cuisines si un accord commercial est conclu avec l’Indonésie, le plus grand producteur d’huile de palme au monde.
À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral envisage un «accord de partenariat économique global Canada-Indonésie». Un précédent accord impliquant la Malaisie et Singapour a rendu les importations d’huile de palme moins chères, notamment «pour la fabrication d’aliments pour animaux». Compte tenu de ce précédent, des mesures similaires sont probables dans tout accord avec l’Indonésie.
Nous avons également appris que les importations d’huile de palme au Canada ont augmenté de 400% depuis 2007. Donc, tout accord qui ouvrirait la porte à une huile de palme destructrice encore plus serait un désastre.
«L’empreinte de la déforestation» du Canada
Une nouvelle recherche publiée la semaine dernière a révélé combien de pays développés encouragent la déforestation dans des pays les plus pauvres grâce au commerce international. L ’« empreinte de la déforestation » du Canada est malheureusement énorme. Cela signifie qu’une grande partie des produits et des aliments que nous consommons au Canada provoquent la déforestation au-delà de nos frontières, en particulier dans les pays tropicaux.
Comme l’explique le Dr Daniel Moran:
«Il est facile de regarder les agriculteurs, les forestiers et les pays où la déforestation se produit et souhaiter qu’ils cessent. Mais ils répondent aux signaux du marché mondial. Nous achetons leur soja comme aliment pour nos hamburgers et leur huile de palme comme intrant de notre rouge à lèvres ».
En d’autres termes, si nous prenons au sérieux les changements climatiques, l’extinction des espèces et la construction d’un système alimentaire sain, nous devons alors examiner attentivement les accords commerciaux qui alimentent la destruction de la forêt tropicale dans le monde et leurs retombés au Canada.
Alimenter les incendies, les maladies et l’extinction
De vastes zones de la forêt indonésienne poussent dans une tourbe profonde et marécageuse qui stocke d’énormes quantités de carbone. Les plantations de palmiers à huile ont besoin de terres sèches, de sorte que les compagnies d’huile de palme drainent la tourbe, la rendant très inflammable. Les incendies peuvent devenir incontrôlables, libérant encore plus de dioxyde de carbone. Déjà, en 2019, ces feux ont provoqué de graves maladies respiratoires chez des centaines de milliers de personnes. Les scientifiques ont de plus identifié un lien avec une augmentation des virus tels que le COVID-19 et des maladies comme le paludisme (malaria).
La plupart des plantations indonésiennes se trouvent sur les îles de Sumatra et de Bornéo, où la destruction des forêts a poussé les trois espèces d’orangs-outans à un statut «en danger critique d’extinction». Bornéo a perdu près de 150 000 orangs-outans au cours des 16 dernières années. Et selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), «l’expansion du palmier à huile pourrait affecter 54% de tous les mammifères menacés et 64% de tous les oiseaux menacés dans le monde».
Une vision alternative
Le Premier ministre et son gouvernement parlent beaucoup de l’action contre le changement climatique et la perte de biodiversité, mais nos importations d’huile de palme destructrice ne cessent d’augmenter. Le gouvernement n’a pas offert d’aider les agriculteurs·trices canadien· nes à retirer l’huile de palme de la production laitière.
Cela ne suffit pas.
Au lieu de nouveaux accords sur la destruction des forêts tropicales, nous devrions protéger les forêts du monde, soutenir les communautés autochtones et accroître la résilience alimentaire locale.
Nos accords commerciaux devraient réduire notre dépendance à l’huile de palme et faire progresser nos engagements mondiaux, tels que l’Accord de Paris sur le climat, la Convention sur la diversité biologique et la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
Mettons fin à l’huile de palme destructrice
Le mandat de notre ministre du Commerce international, Mary Ng, décrit « la promotion d’un environnement plus propre» comme une priorité absolue du gouvernement.
Dites à la ministre Ng de prendre cela au sérieux et de mettre fin à l’huile de palme destructrice.
Discussion
Faut pas avoir la tête a papineau pour comprendre