La campagne électorale est suspendue dans au moins une demi-douzaine de circonscriptions de l’Alberta, où des incendies de forêt menacent des habitations et des vies. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plus de 29 000 Albertains sont soumis à un ordre d’évacuation forcée alors que 108 incendies de forêt brûlent dans la province, 31 d’entre eux étant considérés comme « hors de contrôle ».

La protection des vies, des ressources et des habitations doit être la priorité absolue dans des moments de crise comme celui-ci. Cela signifie qu’il faut éloigner les gens de la zone d’incendie et soutenir les premiers intervenants qui déploient des efforts extraordinaires pour maîtriser la situation.

Certain·es diront sans doute que la discussion devrait s’arrêter là. Ils et elles diront que ces moments de crise ne sont pas le moment idéal pour évoquer le fait que nos meilleur·es climatologues, ont déjà signalé que les catastrophes provoquées par des conditions météorologiques extrêmes deviendront de plus en plus fréquentes et destructrices, à mesure que nous tarderons à réagir à la crise climatique. Le silence ne rend aucunement service à ceux et celles qui fuient actuellement les incendies et qui risquent de devoir faire de même à l’avenir.  

La difficile vérité est que notre mode de production et notre utilisation des combustibles fossiles sont à l’origine du changement climatique et de la multiplication des feux de forêt. Selon Ressources naturelles Canada, les conditions propices aux incendies vont continuer à augmenter dans l’ensemble du pays en raison du changement climatique. Il pourrait en découler un doublement de la superficie brûlée d’ici la fin du siècle, par rapport aux superficies brûlées au cours des dernières décennies. Les forêts boréales, qui ont été fortement touchées par les incendies au cours de l’histoire, seront probablement particulièrement affectées par ce phénomène.

Il ne s’agit plus seulement d’un problème pour l’avenir. Une étude menée en 2017 en Colombie-Britannique sur les feux de forêt, qui ont battu tous les records, a révélé que le changement climatique a multiplié par 2 à 4 la probabilité des incendies et par 7 à 11 fois les superficies brûlées.

A still frame from the GNF animation.

Pourtant, à l’approche des élections en Alberta, les expert·es prévoyaient que les deux partis se garderaient bien d’aborder la question du changement climatique pendant la campagne électorale. Afin de neutraliser le sujet, le Parti conservateur unifié a présenté un « plan » sur le changement climatique qui ne prévoyait aucun nouvel objectif ni aucune nouvelle mesure et se contentait simplement de viser l’objectif « zéro émission nette » d’ici 2050. Jusqu’à présent, le NPD de l’Alberta a choisi de se reposer sur ses lauriers (des lauriers, il est vrai, bien plus solides que ceux du PCU), pensant peut-être que le vote en faveur de la lutte contre le changement climatique lui était acquis.

Le silence quant au lien entre les combustibles fossiles et la perturbation de la vie des individus et la destruction de leurs habitations ne sert que les compagnies pétrolières et minières qui bénéficient de la vente des combustibles fossiles. Il accentue également les inégalités, comme le fait que les communautés autochtones sont davantage exposées aux risques, car elles sont plus susceptibles de vivre dans des zones reculées où les incendies sont difficiles à combattre et à maîtriser.

Ces incendies devraient être un signal d’alarme pour une transition rapide vers les énergies propres, puisque continuer à utiliser des combustibles fossiles en période d’urgence climatique, revient littéralement à jouer avec le feu. Si les partis politiques ne veulent pas mettre cette problématique à l’ordre du jour des élections, il faut espérer que les électeurs le feront.

Les banques canadiennes doivent cesser de financer les combustibles fossiles

Les banques canadiennes doivent être tenues responsables de leur rôle dans la violation des droits des Autochtones et de leur contribution au changement climatique.

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