Les produits en plastique nous ont été présentés comme des articles inoffensifs et pratiques. Sacs en plastique, contenants alimentaires, paquets de bonbons et emballages de toutes sortes, tous destinés à nous faciliter la vie lors de nos déplacements ou à protéger notre précieuse marchandise des dommages. Un complément banal et peu coûteux à nos vies de plus en plus encombrées. Mais évidemment, ces dérivés pétrochimiques sont loin d’être inoffensifs et ont été produits en si grande quantité que chaque étape du cycle de vie du plastique engendre son lot de pollution.

Le prix de ce mode de vie soi-disant pratique, fondé sur l’excès et la mise au rebut, comprend une longue liste de coûts, et les effets néfastes de l’industrie du plastique ne sont pas ressentis de la même manière par toute la population. Les communautés autochtones, noires et autres groupes privés d’équité sont les plus touchées par la pollution plastique.

La Première nation Aamjiwnaang, Society of First Nations, et Keepers of the Water participent à une conférence de presse lors des négociations du traité mondial sur les plastiques de la CIN-4, soulignant les impacts disproportionnés de la pollution par les plastiques sur les communautés autochtones de première ligne de l’île de la Tortue. © Greenpeace / Matthew Kemp

La fabrication du plastique

On ne saurait parler de plastique sans évoquer son origine : 99 % des matières plastiques sont fabriquées à partir de combustibles fossiles. Il s’agit là des mêmes énergies fossiles qui réchauffent notre planète et provoquent des changements climatiques catastrophiques, alimentent des conditions météorologiques extrêmes et mettent en péril les écosystèmes et les communautés. Les déchets plastiques qui finissent dans nos quartiers, dans l’estomac des baleines ou dans les décharges pour l’éternité contribuent eux aussi à la crise climatique.

La production de plastique à partir de produits pétrochimiques nocifs n’est que la pointe de l’iceberg. La fabrication de produits en plastique nécessite l’utilisation de plus de 16 000 produits chimiques, dont le benzène (un agent cancérigène connu), ce qui expose le personnel de l’usine et les communautés avoisinantes à des risques sanitaires. Au début de l’année, la Première Nation Aamjiwnaang a déclaré l’état d’urgence après que les émissions d’une usine de plastique aient atteint un niveau si élevé qu’elles ont entraîné la fermeture temporaire des installations. Cette situation a provoqué des maladies au sein de la communauté sans que les exploitants de l’usine de plastique ou le gouvernement n’avertissent la population du danger auquel elle était exposée.

Utilisation du plastique

Les produits chimiques utilisés pour fabriquer les plastiques subsistent bien au-delà de la phase de production. Dès que nous utilisons des articles en plastique – tout particulièrement lorsque des aliments sont concernés – nous avons affaire à toute une série de produits chimiques identifiés comme étant à l’origine de cancers, de neurotoxicité, de perturbations endocriniennes, et bien plus encore. Aussi inquiétant que cela puisse paraître, la science n’a pas encore fini de mesurer les effets à long terme des plastiques sur notre santé, le Programme des Nations Unies pour l’environnement a dressé une liste de dix groupes de produits chimiques qu’il qualifie de « très préoccupants en raison de leur forte toxicité et de leur capacité à migrer ou à être libérés par les plastiques ».

Il est choquant de constater que les microplastiques se retrouvent dans l’air que nous respirons, les aliments que nous mangeons et même dans le sang et le lait humain. Les plastiques, qu’ils soient sous forme macro ou micro, polluent nos corps et nous amènent une fois de plus à nous demander si l’aspect de commodité vanté par l’industrie en vaut vraiment la peine.

La mise au rebut du plastique

L’élimination du plastique est une véritable source de confusion et de frustration. Les gouvernements et l’industrie nous font la promotion du recyclage, mais comme le rapport Plastic recycling: That’s not a thing, publié par Greenpeace Canada en 2020, le recyclage du plastique est un mythe qu’il faut déconstruire. Moins de 9 % du plastique fabriqué est effectivement recyclé, ce qui nous laisse littéralement des tonnes de déchets plastiques qui finissent à coup sûr dans nos communautés, dans les décharges, dans nos corps ou ailleurs où ils continuent à polluer. Le recyclage du plastique constitue en fait une escroquerie.

Même si cette solution donnait de meilleurs résultats, les programmes de recyclage, ou les programmes d’élimination des déchets en général, ne sont pas accessibles à tout le monde. Dans de nombreuses communautés rurales, isolées ou seulement accessibles par avion au Canada, les gens doivent apporter leurs déchets au dépotoir ou les incinérer. En Nouvelle-Écosse, les décharges et les dépotoirs sont plus susceptibles de se trouver à proximité des communautés mi’kmaq et noires, ce qui les expose à une plus grande quantité de polluants en provenance de ces sites. Que le plastique reste au dépotoir ou qu’il soit brûlé à l’abri des regards, les nombreux produits chimiques qu’il contient se répandent dans l’air, l’eau et la terre, permettant ainsi au cycle de la pollution de se poursuivre. La Première Nation Neskantaga est l’une des nombreuses communautés autochtones à avoir été confrontée à ce problème. Affectée par les conséquences multiples de l’imposition coloniale, la communauté a été sous avis d’ébullition de l’eau pendant des décennies et s’est retrouvée avec l’équivalent de plusieurs années de déchets plastiques dû à la nécessité de recourir à de l’eau embouteillée. En l’absence de services de recyclage ou d’installations d’élimination appropriées, la communauté se retrouve avec une quantité importante de déchets et peu de soutien.

Waghiyi Viola et Delbert Pungowiyi de Alaska Community Action on Toxics. La Première nation Aamjiwnaang, Society of First Nations, et Keepers of the Water participent à une conférence de presse lors des négociations du traité mondial sur les plastiques de la CIN-4, soulignant les impacts disproportionnés de la pollution par les plastiques sur les communautés autochtones de première ligne de l’île de la Tortue. © Greenpeace / Matthew Kemp

« Et si les humains concevaient des produits et des systèmes qui célèbrent l’abondance de la créativité, de la culture et de la productivité humaines? Des produits et des systèmes si intelligents et si sûrs que notre espèce laisse une empreinte écologique dont nous pouvons nous réjouir et non nous lamenter? »

Cette citation – tirée du livre Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things de l’architecte William McDonough – évoque ce à quoi pourrait ressembler un avenir exempt de déchets plastiques. Et si nous avions fait les choses autrement? Et si nous avions une économie basée sur la réutilisation de type « du bureau au berceau » plutôt que le modèle chaotique « du berceau à la tombe » dans lequel nous évoluons aujourd’hui? Comment pouvons-nous y échapper?

En ce moment même, des négociations en vue d’un traité mondial sur les plastiques ont lieu à Busan, en Corée du Sud, et il n’est pas exagéré de dire qu’il pourrait s’agir d’un tournant décisif dans la lutte contre les effets néfastes du plastique tout au long de son cycle de vie, de la production à l’élimination.

La Première nation Aamjiwnaang, Society of First Nations, et Keepers of the Water participent à une conférence de presse lors des négociations du traité mondial sur les plastiques de la CIN-4, soulignant les impacts disproportionnés de la pollution par les plastiques sur les communautés autochtones de première ligne de l’île de la Tortue. Les participants posent avec des membres de l’ONG Ecojustice, organisatrice de l’événement. © Greenpeace / Matthew Kemp

Des membres de communautés affectées, des décisionnaires politiques, des leaders de l’industrie, des organisations environnementales et des activistes du monde entier ont convergé sur Busan pour discuter et convenir d’un accord mondial. Le rôle de Greenpeace est de veiller à ce que nous nous attaquions à la pollution plastique à la source et à ce que les droits et les considérations des communautés touchées soient une priorité.

Greenpeace et ses alliés du mouvement mondial Break Free from Plastic travaillent sans relâche pour exiger un traité qui permette de : 

  • Mettre fin à la pollution par le plastique sur l’ensemble de son cycle de vie, de la production à l’élimination, afin de protéger l’environnement et la santé humaine;
  • Fixer un objectif juridiquement contraignant pour réduire la production de plastique d’au moins 75 % d’ici 2040 afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C;
  • Éliminer progressivement les plastiques à usage unique, en commençant par les articles les plus polluants tels que les sachets en plastique;
  • Soutenir une transition juste vers une économie sobre en carbone, zéro déchet et axée sur la réutilisation;
  • Être fermement ancré dans une approche fondée sur les droits de la personne qui donne la priorité aux savoirs et aux droits des peuples autochtones, à la santé humaine, à la justice pour toutes les communautés affectées et à la réduction de l’inégalité.

À titre individuel, ce n’est pas notre faute si les choses en sont venues à ce point, et nous ne devrions pas non plus nous sentir coupables si nous ne pouvons pas éviter le plastique dans notre quotidien. Nous évoluons au sein d’un système défaillant qui soutient les entreprises polluantes au détriment de la population. Cela complique la vie de bien des façons et rend encore plus difficile l’adoption d’un mode de vie durable. Mais si nous parvenons à mener à bien ces négociations cruciales, imaginez les possibilités que cela nous offrirait. Je sais que si mes futures épiceries me permettaient de ramener 75 % moins de plastique à la maison, je serais à la fois incrédule et comblée. J’arrive très bien à me l’imaginer, et j’espère que vous aussi.

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Dites au Canada de soutenir un traité mondial ambitieux sur les plastiques

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