#NoToPipelines Action at Desjardins General Assembly in Quebec

Lisez l’édifiante lettre d’Emilie Roy, Membre de Desjardins et de La Planète s’invite au Parlement.

Signez et partagez la pétition Desjardins de cesser tout financement de pipelines de sables bitumineux.

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Lettre à Guy Cormier [président et chef de la direction du Mouvement Desjardins]

Monsieur,

Le 18 février dernier, j’ai assisté à votre présentation aux étudiants du MBA des HEC. Vous y avez parlé de l’importance du mouvement coopératif, de l’aspect social du Mouvement Desjardins. Vous avez dit très sérieusement aux étudiants, futurs gestionnaires du Québec à qui on apprend que le profit est roi, que le profit en fait n’est pas tout. Qu’il faut garder en tête que l’on travaille avec et pour des humains. Que le capitalisme des 30 dernières années ne peut être celui des 30 prochaines, au risque de désengager des membres de la population mis de côté à mesure que le fossé se creuse entre les mieux et les moins nantis. Vous avez aussi rappelé l’importance pour vous d’être à l’écoute de vos membres. Vous voulez que votre Mouvement soit « simple, humain, moderne et performant ». « Enfin un haut dirigeant sensé », me suis-je dit, tout encouragée.

Puis on vous a questionné sur l’environnement, plus précisément pour savoir si Desjardins désinvestira* bientôt des énergies fossiles. Votre réponse m’a déçue, même choquée. Bien que 88 % des membres consultés en 2018 aient approuvé le désinvestissement, vous semblez avoir décidé de ne pas les écouter en ne proposant pas de vote à ce sujet lors de votre assemblée générale annuelle en mars. Vous décidez pour eux, vous qui veniez de nous répéter l’importance d’être à l’écoute de vos membres. Pour vous, désinvestir serait synonyme d’arrêter d’offrir des hypothèques aux Madelinots, car leur électricité est produite par une centrale thermique (aux énergies fossiles). Votre réponse dénaturait la question et prouvait que vous n’êtes pas aussi moderne et visionnaire que vous le chantiez. La façon progressiste, sociale et économique de voir la situation est plutôt de reconnaître là l’opportunité de transférer vos investissements en énergies fossiles vers l’énergie éolienne, présente en abondance aux Îles, pour aider cette communauté à prendre le virage vert, plutôt que de les garder dans le passé des énergies fossiles qui les rendent à la merci des intempéries de plus en plus fortes et fréquentes.

Comme si vous n’aviez pas suffisamment manqué de respect au jugement de la salle, vous avez ajouté : « Je dis souvent, très sérieusement, si l’environnement était si important pour les Québécois, expliquez-moi pourquoi la CAQ a été élue et pas Québec Solidaire? » Nul besoin d’être analyste politique pour savoir que votre affirmation est malhonnête et démontre une très mauvaise connaissance des Québécois, dont un sur deux est membre Desjardins. 1. La population voulait un changement du PLQ. La CAQ était un moins grand saut vers le changement que QS. 2. 37 % de votes pour la CAQ ne représentent pas la majorité des voix (même si ça donne la majorité du pouvoir). 3. Les emplois sont un sujet très concret pour la population alors que les changements climatiques le sont beaucoup moins, surtout pour la majorité des Québécois qui s’informent dans le Journal de Montréal ou de Québec et à TVA, des médias qui font peu état de la crise climatique. 4. Voter CAQ n’était pas une corrélation directe de vote contre l’environnement. Je doute fort que tout bon Québécois minimalement informé veuille volontairement polluer la rivière de sa communauté pour un nombre d’emplois X sachant que des solutions alternatives existent. Votre réponse était malhonnête.

À mon avis, vous avez démontré que vous n’êtes pas le leader moderne et à l’écoute de ses membres que vous souhaitez être. Mais il n’est pas trop tard pour vous raviser et laisser vos membres voter sur le désinvestissement en mars.

Emilie Roy, Membre de Desjardins et de La Planète s’invite au Parlement *Guy Cormier est président et chef de la direction du Mouvement Desjardins

*AXA a entamé son désinvestissement en 2015, l’Université Laval l’a fait en 2017, et la Banque Mondiale commence ses actions en ce sens cette année. Ce ne sont là que quelques exemples d’institutions d’envergure, parmi beaucoup d’autres, qui emboîtent le pas du désinvestissement des énergies fossiles pour le bien de tous. Crédit photo : site Web de Greenpeace Canada