
Sommaire

Edito

Ein Angriff auf Umweltschutz un Demokratie

Procédures-bâillons : rencontre avec l’experte légale de Greenpeace
Pour nos droits et notre planète : résistons !
Et si défendre notre planète devenait un crime ? Aux États-Unis, Greenpeace USA vient d’être condamnée à verser plus de 660 millions de dollars à une multinationale pour avoir dénoncé ses projets climaticides. Une procédure-bâillon. Son but : faire taire celles et ceux qui protègent le vivant et défendent nos droits.
Cette situation n’est malheureusement pas un cas isolé. Partout, les défenseurs et défenseuses de l’environnement et des libertés sont ciblé·es par des intimidations, des procès abusifs ou des lois liberticides. Avec le retour de Trump à la Maison Blanche et la montée des forces réactionnaires à l’international, milliardaires, industries polluantes et mouvances conservatrices radicales s’allient pour étouffer toute mobilisation citoyenne comme écologique, verrouiller le débat public et préserver leurs intérêts.
Face à ces dérives autoritaires, la résistance s’organise. Greenpeace lance un appel mondial à s’engager, afin de fédérer celles et ceux qui refusent de se résigner. Au Luxembourg également, la société civile se mobilise. La coalition Voĉo y a récemment vu le jour pour préserver, d’une voix légitime et unie, un espace civique ouvert ainsi que le respect de nos droits fondamentaux.
Car l’histoire nous l’a appris : céder n’a jamais été une option. Le 10 juillet 2025, nous commémorons les 40 ans de l’attentat contre le Rainbow Warrior. Hier les bombes. Aujourd’hui les procédures-bâillons. Mais hier comme aujourd’hui, rien ne nous fera taire.
Gauthier Hansel
SLAPP-Klagen – Ein Angriff auf Umweltschutz und Demokratie

SLAPP-Klagen („Strategic Lawsuits Against Public Participation“) sind juristische Einschüchterungsversuche, meist von Großkonzernen, insbesondere aus der fossilen Industrie, gegen Umweltaktivist:innen, Journalist:innen und zivilgesellschaftliche Organisationen. Ziel ist es, kritische Stimmen mit teuren, langwierigen und psychisch belastenden Verfahren zum Schweigen zu bringen. Diese Klagen sind oft unbegründet, aber wirkungsvoll: Allein die Androhung hoher Schadenersatzforderungen zwingt viele dazu, ihre Proteste einzustellen. Sie bedrohen so direkt die Meinungsfreiheit und das demokratische Recht auf zivilen Widerstand.
Greenpeace ist aktuell Ziel einer solchen SLAPP-Klage: Das US-Unternehmen Energy Transfer warf Greenpeace USA vor, Proteste gegen den Bau einer Pipeline in Standing Rock (2016–2017) organisiert zu haben – ein haltloser und rassistischer Vorwurf, der die legitime indigene Protestbewegung diskreditiert. So wurde Greenpeace USA nun zu einer Zahlung von 660 Millionen US-Dollar verurteilt. Dies droht nicht nur Greenpeace USA finanziell zu ruinieren, sondern könnte auch ein gefährlicher Präzedenzfall werden, der Umwelt- und Menschenrechtsbewegungen weltweit in ihrer Meinungsfreiheit massiv einschränkt.
Diese Angriffe bedeuten jedoch: Die Arbeit von Greenpeace wirkt – und sie wird gefürchtet. Trotz aller Versuche, uns zum Schweigen zu bringen, bleiben wir standhaft im Einsatz für Umwelt-, Klima- und soziale Gerechtigkeit.
Lara D’Antonio
Décryptage des procédures-bâillons : rencontre avec l’experte légale de Greenpeace
Comment peut-on imaginer qu’une entreprise nocive pour le climat, l’environnement et les droits humains puisse légalement attaquer une association qui porte la voix de la planète et de toutes celles et ceux qui défendent le vivant ? Quelques réponses avec Kristin Casper, avocate générale de Greenpeace International :

Quel est ton rôle à Greenpeace International ? Et au sein de l’affaire actuelle entre Energy Transfer et Greenpeace ?
J’ai le privilège d’être l’avocate générale de Greenpeace International. Je dirige une équipe qui fournit un conseil juridique indépendant sur les litiges stratégiques nous permettant d’être à la pointe de la défense de notre planète, avec la gestion des risques et la défense stratégique des campagnes, de l’organisation et de son personnel mais aussi les efforts de plaidoyer pour renforcer les droits humains et environnementaux.
Depuis le début, l’unité légale de Greenpeace International a prodigué ses conseils juridiques dans le procès intenté par Energy Transfer aux États-Unis, en lien avec des avocat·es internes et externes. Nous étions dans le Dakota du Nord pour participer au procès et plaider pour une liberté de parole et de contestation non violente tout au long du processus d’appel. Notre travail ne sera pas terminé tant que notre droit de faire campagne pour un environnement propre, sain et sûr pour toutes et tous n’aura pas été pleinement justifié.
Combien de procédures-bâillons existe-t-il à travers le monde ?
Le réseau des bureaux de Greenpeace n’est évidemment pas le seul à être visé par des procédures bâillons et il lutte contre ces tactiques d’intimidation de plus en plus nombreuses aux côtés de nombreux autres militant·es et organisations. Voici quelques exemples de publications qui donnent une idée de l’ampleur du problème…
- En 2024, un rapport de l’organisation CASE (Coalition Against SLAPPS in Europe – Coalition contre les procédures-bâillons en Europe) fait état de 1 049 procédures de ce type en Europe entre 2010 et 2023, avec 166 initiées en 2023.
- En 2022, l’association EarthRights a identifié aux Etats-Unis au cours de la dernière décennie 152 cas où l’industrie fossile a utilisé des procédures-bâillons ou d’autres tactiques de harcèlement juridique dans le but de réduire au silence ou de punir les voix dissidentes.
- En 2021, un rapport du Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’Homme a recensé 355 affaires présentant « les caractéristiques de poursuites-bâillons intentées ou initiées par des acteurs économiques depuis 2015 contre des individus et des groupes liés à la défense des droits de l’Homme et/ou de l’environnement ».
Quelles sont les protections légales actuelles contre ces procédures ?
Les protections contre les poursuites-bâillons varient beaucoup. Heureusement, il y a de bonnes nouvelles en Europe. L’adoption par l’Union européenne d’une directive contre les procédures-bâillons offrent aux victimes basées en Europe un mécanisme de réponse. Son chapitre 5, en particulier, protège les organisations basées au sein de l’UE contre des procédures émanant d’organisations hors de l’UE et leur donnent le droit de réclamer une indemnisation. La directive de l’UE anti procédures-bâillons a été adoptée à la suite d’une utilisation abusive et généralisée des systèmes légaux pour cibler les journalistes, les activistes, les lanceur·ses d’alerte et “watchdogs”.

Est-ce que Greenpeace International ou les bureaux de Greenpeace dans le monde ont déjà été confrontés à des procédures-bâillons dans le passé? Quelles en ont été les issues ?
Greenpeace International et d’autres bureaux nationaux ou régionaux ont déjà été confrontés à de nombreuses “poursuites-bâillons” ces dernières années. Celles-ci sont préjudiciables car elles ont un effet dissuasif sur les activistes et font en sorte que les actes répréhensibles ne soient pas contestés.
L’histoire de Greenpeace à travers le monde montre que le moyen le plus efficace de lutter contre les procédures abusives est de dénoncer les injustices en coalition avec nos sympathisant·es et allié·es.
- En avril 2023, une cour fédérale américaine a rejeté un procès intenté depuis 7 ans par l’entreprise Resolute Forest Products contre plusieurs salarié·es de Greenpeace et entités dont Greenpeace International et Greenpeace USA. Une victoire majeure pour la liberté d’expression et la protection de l’environnement.
L’entreprise forestière canadienne avait poursuivi Greenpeace en lui réclamant 100 millions de dollars canadiens. Le but : nous réduire au silence à la suite de nos dénonciations sur leurs pratiques forestières non durables. Le réseau Greenpeace a réagi en se concentrant sur les preuves de la dégradation de l’environnement causée par les activités de Resolute Forest Products et a mobilisé ses sympathisant·es dans plusieurs régions du monde pour dénoncer cette attaque injuste et disproportionnée.
- En décembre 2024, la major pétrolière Shell a intenté un procès-bâillon de plusieurs millions de dollars contre Greenpeace à la suite d’une mobilisation pacifique. Shell a tenté de faire taire Greenpeace UK et Greenpeace International en intentant un procès pour intimidation, mais plus d’un quart de million de personnes s’est mobilisé, jusqu’à ce qu’elle finisse par faire marche arrière.
Greenpeace aurait dû payer plus de 11 millions de dollars en dommages et intérêts et de frais de justice à la suite de ce procès. Dans le cadre du règlement final, elle ne sera finalement pas accusée et ne devra verser aucune somme d’argent à Shell, acceptant plutôt de faire un don de 300 000 livres sterling à la Royal National Lifeboat Institution (RNLI). Greenpeace poursuit donc sa campagne contre Shell. Areeba Hamid, codirectrice exécutive de Greenpeace UK, a déclaré : « Shell pensait que le fait de nous poursuivre en justice à la suite d’une manifestation pacifique nous intimiderait, mais cette affaire est devenue un boulet attaché à son cou. La réaction du public face à ses tactiques d’intimidation l’a obligée à faire marche arrière et à régler l’affaire à l’amiable ».
Les poursuites-bâillons ont pour but d’intimider Greenpeace et d’autres organisations pour les contraindre au silence et les priver de ressources, mais elles ont eu l’effet inverse. Lorsque le mouvement se défend, il gagne. Nous sommes plus fort·es ensemble.
Eva Waldmann
L’heure de résister a sonné
Selon un rapport d’Oxfam en 2023, les 1 % les plus riches de la planète polluent plus que les 66 % les plus pauvres de l’humanité. Cette poignée d’individus ne se contente cependant pas de détruire notre planète pour s’enrichir toujours plus : elle prend en outre peu à peu le contrôle de nos démocraties, de nos médias et de nos libertés, et prétend que ce serait à nous de payer pour les crises sociales et environnementales. C’en est trop : il est plus que temps d’entrer en résistance.
Les plus riches s’enrichissent à nos dépends

Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Elon Musk… Vous connaissez le nom de ces quelques personnes, dont les jets privés émettent, chacun et en quelques heures, plus de CO₂ que vous et moi sur une année complète. Avec un salaire d’environ 2000€ net, il faudrait près de 6 millions d’années pour gagner autant que Musk en 2020. La fortune individuelle de cette poignée d’hommes et de femmes suffirait à changer le monde, en mieux, pour le plus grand nombre : et pourtant, les milliardaires ferment non seulement les yeux sur les crises sociales, économiques et environnementales causées par leurs entreprises et leurs propres activités, mais pire, n’en ont jamais assez. Depuis quelques années, les ultra-riches s’achètent la presse et les médias pour façonner le monde à leur avantage, favoriser les candidats et candidates aux élections qui leur sont favorables, intégrer les gouvernements de la planète pour obtenir toujours plus de pouvoir et affaiblir toutes les lois qui pourraient porter préjudice à leur empire.
En à peine quelques mois aux États-Unis, Elon Musk et Donald Trump — un héritier milliardaire — ont ainsi travaillé main dans la main pour détricoter des décennies de luttes environnementales, miner les efforts internationaux de protection de la biodiversité et même effacer des textes officiels la simple mention du dérèglement climatique. Et cela sans parler de leur travail pour faire taire les voix dissidentes et nuire aux populations les plus fragiles.
Les plus riches truquent le jeu à leur avantage. Mais rien ne nous oblige à les laisser faire.
Des milliards de David contre quelques Goliath milliardaires
Nous pouvons nous unir collectivement, et arrêter de croire aux fables dont nous abreuvent les milliardaires depuis quelques années, dans leurs propres médias : non, personne ne mérite autant de richesses. Oui, les plus riches sont responsables en grande partie du réchauffement global de la Terre. Non, les grandes fortunes n’ont pas à influencer la vie politique et médiatique. Oui, nous pouvons reprendre le contrôle de nos démocraties.
Nous sommes bien plus nombreux et bien plus nombreuses. Notre conduite et nos vies ne peuvent être contrôlées par quelques individus au sommet. Leurs fortunes reposent sur des croyances et un système économique dépendant des énergies fossiles. Ce sont des géants au pied d’argile : il nous appartient de les faire s’écrouler.
Signez notre manifeste pour affirmer votre entrée en résistance. Ce n’est que le début. Résistons à l’emprise des milliardaires sur nos libertés et reprenons le contrôle !
Anaïs Hector
Gauthier, chargé de campagne
Gauthier a tout récemment rejoint l’équipe de Greenpeace Luxembourg en tant que chargé de campagne. Un nouveau visage que l’on vous invite à découvrir.
Présente-toi en quelques mots.
Je m’appelle Gauthier, j’ai 24 ans et je suis originaire du sud de la Belgique. Après plusieurs années d’études et de travail à Bruxelles, j’ai choisi de revenir dans ma région natale pour m’investir au sein de Greenpeace Luxembourg et porter des engagements qui me sont chers.
Quelles sont les campagnes qui te tiennent le plus à cœur ?
Toutes les initiatives qui défendent les principes de démocratie, de justice sociale et environnementale me mobilisent. Je suis de ce fait très sensible à la résistance citoyenne organisée en réaction à la procédure-bâillon intentée contre Greenpeace USA, visant à museler la société civile et à étouffer le débat public.
Raconte-nous tes espoirs.
À court terme, j’espère évidemment voir Greenpeace sortir renforcée de ce procès inique. À plus long terme, j’aspire à un système qui privilégierait enfin l’intérêt et le bien-être de la majorité de la population, plutôt que les avantages d’une élite restreinte. Une société où l’humain et le vivant passeraient avant la quête de profit.
Quelle est ta citation favorite ?
“Be the change that you wish to see in the world.” Cette phrase de Gandhi nous rappelle que si le changement commence par soi, il se construit surtout ensemble, en rejoignant des ONGs, des partis politiques ou des mouvements sociaux qui défendent les causes auxquelles nous croyons.
