Après des années de tergiversations politiques et quatre jours de vives négociations aux Nations unies, des gouvernements du monde entier ont convenu de rédiger un traité contraignant qui permettra de protéger la vie marine au-delà des frontières de leurs eaux territoriales.

Ceux qui ont lu notre blog précédent – 7 résolutions pour les #OceanLovers – savent de quoi je parle. « Exiger l’établissement de sanctuaires océaniques pour permettre le développement de la vie marine » est la première résolution à prendre pour les océans en 2015. Lors d’une réunion cruciale qui s’est tenue le week-end dernier à New York, nous attendions qu’une convention des Nations unies en la matière soit majoritairement soutenue par des états du monde entier. Ce qui s’est produit, grâce à tous les #OceanLovers, à leurs 6.000 tweets et à leurs milliers de messages Facebook qui incitaient à l’action !

Le processus mis en marche aux Etats-Unis doit dès lors aboutir à une réglementation favorisant la création de réserves marines et à la protection des eaux internationales, ces vastes zones d’océans qui nous appartiennent tous. L’accord conclu samedi dernier prévoit par ailleurs la réalisation obligatoire d’une étude d’impact sur l’environnement avant que toute activité humaine soit autorisée dans ces zones.

Une occasion en or

Une étape importante a été franchie. Une avancée significative qui ne se serait certainement pas matérialisée sans tous ces signaux envoyés partout dans le monde. L’ONU en a tenu compte, reconnaissant officiellement que la gestion des océans est avant tout une question de protection et pas seulement de « gestion de l’exploitation » des richesses marines. Une occasion en or se présente pour définir des normes internationales et mettre en place une coopération efficace entre les nombreuses organisations chargées de la régulation de la pêche, de l’extraction de minéraux, de la navigation et de la pollution.

Inutile de dire qu’il s’agit d’une entreprise de grande envergure. Établir des règles pour la protection de la biosphère la plus vaste de notre planète ne se fait pas de but en blanc. Ces règles devront qui plus est encore être appliquées en mer. Ce premier pas, sur la voie du changement, reste quoi qu’il en soit essentiel.

Rio+20

Dans notre Roadmap to Recovery, publié il y a presque dix ans, nous proposions déjà de créer un réseau international de réserves marines recouvrant 40% des océans. Nous disposions alors déjà d’informations scientifiques suffisantes pour y parvenir. Mais cela ne suffisait pas : nous devions encore évaluer la mise en pratique, car il n’existe aujourd’hui aucun mécanisme permettant de créer des réserves naturelles dans des eaux internationales.

Raison pour laquelle nous avons lancé une campagne pour obtenir un traité de l’ONU sur la protection de la biodiversité en haute mer (UN High Seas Biodiversity Agreement). Un mouvement qui rassemble des milliers de partisans dans le monde entier. En 2012, suite au Sommet de la Terre Rio+20, nous avions obtenu une garantie : la date butoir de septembre 2015, avant laquelle l’ONU devait préciser l’ouverture des négociations pour une nouvelle convention.
Cette date se rapprochant à grands pas, la majorité des pays a exprimé son soutien pour la protection des océans. Quelques pays (puissants), qui s’y étaient opposés des années durant, ont surmonté leurs réticences et fait marche arrière… dans le bon sens.

Effondrement des stocks de poissons

La prochaine phase de la campagne s’annonce toutefois délicate. Nous devrons tous faire front face aux industries qui exploitent les océans, telles que Regional Fisheries Management Organisations qui ont contribué à l’effondrement dramatique de la plupart des stocks de poissons.

Bien sûr, nous avons encore du chemin à parcourir avant d’atteindre notre but, soit la création d’un réseau de réserves marines recouvrant 40% des océans. Et l’accord conclu le week-end dernier ? Il doit encore être entériné par l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre 2015. Les négociations pour un traité océanique contraignant pourront ensuite débuter tandis que la convention, elle, pourrait être implémentée au cours des prochaines années.

Notre campagne pour la protection des océans est sans aucun doute sur la bonne voie. Et je suis persuadée que nous pourrons à nouveau compter sur vous, aux côtés d’autres #OceanLovers, pour nous soutenir dans les moments les plus importants.

Restez donc bien à nos côtés, nous décrocherons cette belle victoire pour les océans ensemble !

Pas encore rejoint le mouvement des #OceanLovers ?

Sofia Tsenikli est conseillère politique Océans chez Greenpeace International