La pollution plastique est en train d’échapper à tout contrôle et si rien n’est fait, il pourrait être trop tard lorsque le monde se décidera enfin à agir. La crise actuelle du plastique ne laisse pas de place au statu quo et nécessite une approche globale avec tous les acteurs concernés par l’ensemble du cycle de vie du plastique. Malgré les diverses approches adoptées par les gouvernements, les ONG et même les communautés pour tenter de résoudre la crise du plastique, le problème persiste et s’aggrave de manière très rapide. 

Les sociétés et les grandes entreprises ont prêché le nettoyage et le recyclage comme solutions à la crise du plastique, mais le recyclage est une fausse solution. Si c’était le cas, nous n’aurions pas de plastique partout dans nos communautés. Les recherches montrent que seulement 9 % du plastique produit est recyclé.  Le reste est brûlé, mis en décharge ou finit dans les océans.

Pour la première fois dans l’histoire, des discussions sont en cours pour repenser la façon dont nous fabriquons, utilisons, commercialisons, transportons et gérons le plastique. Les discussions en vue d’un traité mondial sur les produits plastiques, juridiquement contraignant et couvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique, visent à résoudre la crise du plastique à l’échelle mondiale.

Les gouvernements reconnaissent peu à peu la menace que représente le plastique pour la vie sur cette planète, pour nos écosystèmes et nos économies. Ils écoutent enfin les millions de voix qui, dans le monde entier, veulent mettre fin à la pollution plastique. C’est l’occasion pour les gouvernements africains de rejoindre ce traité holistique et ambitieux visant à réduire la pollution plastique.

En septembre 2021, le Rwanda et le Pérou ont présenté le premier projet qui permettra de négocier une approche internationale contraignante de la crise de la pollution plastique. Une autre résolution a également été présentée par le Japon en fin de l’année 2021, visant à mettre en place un instrument international juridiquement contraignant pour la pollution plastique marine. Les deux projets constitueront la base d’un accord de négociation global lors de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA 5.2) en février 2022.  

L’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA 5.2) sera un lieu d’ébullition où les États membres pourront délibérer sur un instrument international capable de relever ces défis. 

La résolution Rwanda-Pérou, qui bénéficie d’un large soutien et plus ambitieuse, contient des éléments qui permettent une approche réaliste de cette crise mondiale. La résolution Rwanda-Pérou consiste en :

·      Un comité de négociation intergouvernemental sera créé pour négocier un instrument juridiquement contraignant.

·      Une approche holistique du cycle de vie complet du plastique, de l’extraction à l’élimination. Cette approche tient compte de l’étendue de la pollution plastique et de la conclusion selon laquelle elle ne se limite pas aux déchets marins. 

·      Concentration sur les solutions utilisant la hiérarchie des déchets, en commençant par la réutilisation et la réduction. Le traité vise à écarter les fausses solutions telles que le recyclage et les bioplastiques, ce qui n’a pas contribué à une solution définitive. 


·      Placer les travailleurs et les communautés touchés par la crise du plastique à tous les niveaux du cycle de vie du plastique tout en facilitant une transition juste pour les communautés et les individus.  

L’AUE 5.2 offre une rare opportunité aux États membres de s’aligner et de faire face à la question du plastique comme un seul homme en soutenant un Traité mondial sur le plastique juridiquement contraignant. Le soutien des États membres à ce traité témoigne de leur cohérence, de leur volonté, de leur soutien politique et de leur soutien financier, autant d’éléments essentiels pour lutter contre la crise de plastique. Le traité est audacieux et sans précédent, ce qui est exactement ce dont nous avons besoin en ces temps où l’industrie fossile ne cesse de doubler sa production de plastique en raison de la vague persistante de popularité et d’adoption des énergies renouvelables. 

Beaucoup de choses sont en suspens alors que nous attendons l’adoption de la résolution ce mois-ci à Nairobi et nous espérons que l’Afrique ouvrira la voie. Ce traité mondial est la véritable solution tant attendue à la crise de la pollution plastique. Il permettra de réduire rapidement la production de plastique, de réintroduire la réutilisation et de recharger les emballages traditionnels dans le monde entier. La résolution Rwanda-Pérou nous offre une occasion en or pour faire face à la crise mondiale du plastique, une opportunité qui, si elle est manquée, mettra en lumière le mépris de nos dirigeants pour les gens et la planète.

Erastus Ooko